Le 28 juin 1914,
l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg-Este, héritier du trône
de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse morganatique, Sophie Chotek de Chotkowa et Wognin, duchesse de
Hohenberg, est considéré comme l’élément déclencheur de la Première Guerre
mondiale.
Quel était le
contexte de l’époque ? Que s’est-il passé à Sarajevo ce 28 juin
1914 ? Comment en est-on arrivé au déclenchement de la Première Guerre
mondiale un mois plus tard ? Telles sont les questions que l’on peut
légitimement se poser.
C’est dans la
deuxième partie du XVe siècle que les Turcs s’emparent du territoire actuel de
la Bosnie-Herzégovine. Les gouverneurs ottomans appliquent une politique très
dure, ce qui entraîne un soulèvement massif des populations, secondées par des
volontaires venus de Serbie et du Monténégro, entre 1875 et 1878. Le Congrès
de Berlin (13 juin - 13 juillet 1878) restaure la paix. La Serbie et le
Monténégro se voient conférer leur pleine indépendance, alors que la
Bosnie-Herzégovine est administrée par l’Empire austro-hongrois.
En 1903, un coup
d’Etat en Serbie, dirigé contre le roi autoritaire Alexandre 1er de
Serbie, porte sur le trône Petar
Karađorđević (Saint-Cyrien, engagé comme Sous-lieutenant à la Légion Etrangère
en 1870), roi sous le nom de Pierre 1er.
Il est partisan de l’expansionnisme serbe et d’une politique pro-russe.
En 1908,
l’Autriche-Hongrie, soutenue par l’empire allemand, annexe la
Bosnie-Herzégovine malgré l’opposition de la Russie et de la France.
L'arrivée de François-Ferdinand à Sarajevo |
Depuis le 25 Juin
1914, l’archiduc François-Ferdinand et son épouse sont en Bosnie-Herzégovine
pour assister à des manœuvres militaires. Ils passent la nuit du 27 au 28 juin
à Ilidza et prennent à 9H25 le train pour Sarajevo, où ils sont attendus pour
plusieurs réceptions.
Vers 10H10, l’archiduc
et son épouse montent dans une voiture décapotable pour se rendre à l’hôtel de
ville de Sarajevo (devenu depuis la bibliothèque nationale / Vijećnica,
bombardée par les Serbes en 1992). En dépit de menaces d’attentats,
le cortège roule sans protection renforcée. Car Sophie Chotek, duchesse de
Hohenberg, n’étant pas membre de la famille impériale, elle ne pouvait pas
recevoir les honneurs militaires. Aussi, le grand-maître de la Cour avait
ordonné le retrait des troupes (40 000 hommes) de Sarajevo.
Nedeljko Čabrinović |
Vers 10H15, sur le
quai Appel, près du pont Cumurija, Nedeljko Čabrinović, un des sept
membres du groupe révolutionnaire Jeune Bosnie (Млада Босна / Mlada Bosna), organisation
révolutionnaire formée de jeunes nationalistes « yougoslaves »
(militant pour l’unification des Slaves du sud), jette une bombe en direction
en direction du véhicule de l’archiduc. Selon la légende, ce dernier repousse l’engin
de la main avant qu’il n’explose sous la voiture suivante.
Malgré cette première tentative d’attentat, le cortège poursuit sa
route. Arrivés à l’Hôtel de Ville, François-Ferdinand et Sophie sont reçus par
le maire de Sarajevo (Vijecnica). Vers 10h45, le couple quitte les lieux. François-Ferdinand
et Sophie devaient se séparer à ce moment-là, mais ils décident finalement de
se rendre ensemble au chevet des victimes de l’explosion survenue plus tôt.
Sortie du couple princier de la Vijecnica |
Contrairement au trajet initialement prévu, le cortège de voitures
n’est pas censé traverser le centre-ville et doit filer le long du quai Appel.
Mais le chauffeur n’a pas été mis au courant et tourne à droite. Le général
Potiorek, gouverneur de la région, également dans la voiture, se rend compte de
l’erreur du chauffeur et lui demande de faire marche arrière.
Gavrilo Princip |
À quelques mètres
de là, près du pont Latin (Latinska ćuprija), Gavrilo Princip, un jeune étudiant
serbe de Bosnie, profite de cette confusion pour sortir son revolver. En poste
depuis le début de la journée, il a eu tout le temps de réfléchir à son acte.
En quelques secondes, il tire deux balles en direction de la voiture. La
première touche la duchesse à l’abdomen et la seconde son mari au cou. Tous deux furent conduits à la résidence du gouverneur, où
ils moururent de leurs blessures quinze
minutes plus tard.
(A
suivre : les conséquences et la montée vers la guerre)