samedi 31 mars 2018

Napoléon 1er à Fontainebleau le 31 mars 1814




Après la désastreuse retraite de Russie, les Coalisés (Grande-Bretagne, Russie, puis Prusse, suède et Autriche) imposèrent à Napoléon 1er la campagne d'Allemagne (janvier – octobre 1813), puis la campagne de France (octobre 1813 – mars 1814).




Paris est défendue par les Maréchaux Mortier, Marmont et Moncey, en tout 28 000 hommes, 5 500 cavaliers, 129 pièces d'artillerie de position et 30 pièces de campagne. En face l'armée coalisée, commandée par le Feldmarshall Karl zu Schwarzenberg compte 103 700 hommes et 27 000 cavaliers et attaque le 30 mars par le nord-est. Les combats les plus durs ont lieu à la barrière de Clichy, défendue par Moncey qui commande la Garde nationale.

La barrière de Clichy (Horace Vernet)

Dans la soirée, des négociations sont engagées et dans la nuit Marmont, avec la médiation de Talleyrand, doit se résigner à signer une convention avec les Coalisés. Ils entreront dans la ville le lendemain (31 mars 1814). Les restes de l'armée française se retireront librement derrière l'Essonne par la Porte d'Orléans.

Pour une relation détaillée de la bataille de Paris voir (en anglais) :
http://napoleonistyka.atspace.com/Paris_1814.htm#_fight_for_Montmatre_Heights

Ce 30 mars, Napoléon était à Troyes et laissa le commandement de l'armée à Berthier pour aller tenter d'organiser la défense de Paris. C'est à 23H, alors qu'il est dans un relais de poste à Juvisy, qu'il apprend la capitulation de la capitale.



Le 31 mars au matin il est à Fontainebleau. Le tableau ci-dessus de Paul Delaroche (datant de 1840) montre l'Empereur à peine descendu de cheval, sa redingote et ses bottes crottées, ayant jeté son chapeau sur le sol, assis sur une chaise le corps avachi, accablé par les événements récents. Défait et déjà trahi par la plupart des siens, il se retrouve seul , voyant la gloire lui tourner le dos et comprenant que sa chute est proche.

Le 1er avril, Napoléon réunit ses Maréchaux pour leur annoncer son intention d'attaquer Paris. Mais, tous princes ou ducs, possédant fortune et châteaux, sont las de la guerre. Le 2 avril au soir, Caulaincourt vient informer l'Empereur que le Sénat a voté sa déchéance. Le 4 avril, sous la pression de Ney, Lefebvre, Oudinot et Moncey, Napoléon abdique en faveur de son fils (ci-dessous).



Mais, alors que le Tsar Alexandre 1er paraît prêt à accepter l'idée d'une régence, il apprend que Marmont a décidé de livrer ses troupes à Schwarzenberg à Versailles. Pour le Tsar, il n'est donc plus question de régence. Napoléon, furieux, tente une nouvelle fois de convaincre les Maréchaux de poursuivre la guerre. En vain, car ils sont décidés à ne plus obéir à ses ordres.

C'est le 6 avril au matin que Napoléon signera un second acte d'abdication, cette fois sans condition. Les souverains alliés lui ayant concédé la souveraineté de l'ile d'Elbe, l'ex-Empereur, le 20 avril, fait ses adieux à sa Garde dans la cour du Cheval Blanc du Palais de Fontainebleau.

Les adieux de Fontainebleau


Mais, me direz-vous, la Lituanie dans tout ça ?



On dit que le dernier homme à qui l'Empereur a serré la main avant son exil fut son aide de camp le Général comte lituanien Juozapas Antanas Kosakovskis (1772 - 1842 - ci-dessus face à l'Empereur), qui s'était particulièrement distingué pendant la campagne de Russie. Napoléon lui aurait même donné une redingote, redingote qui a été conservée en Lituanie jusqu'à la Première Guerre mondiale au cours de laquelle elle a disparu. Juozapas Antanas Kosakovskis est enterré dans l'église Šv. apaštalo Jokūbas à Jonava (30 km au nord de Kaunas).

Juozapas Antanas Kosakovskis



lundi 26 mars 2018

25-28 mars 1949 : déportation de 90 000 Baltes = crime contre l'humanité



Le 8 mai 1945 n’a pas signifié la fin de la guerre pour une grande partie de l’Europe, occupée par l’Union soviétique. Des mouvements de résistance, principalement les Frères de la Forêt, menèrent des actions armées dans les trois États baltes, et principalement en Lituanie où ils étaient le mieux organisés.

C’est Alexsandr Mishutin, procureur de la RSS de Lettonie, qui alerta Moscou dans un rapport secret,  le 21 septembre 1948, indiquant que des groupes clandestins de résistance, incluant des Koulaks (« riches » paysans), et des éléments contre-révolutionnaires, « pourrissaient la société soviétique lettone ».  

Le Conseil des Ministres de l’URSS (dont le président était Joseph Staline) prit, le 29 janvier 1949 la décision n° 390-1388ss approuvant la déportation des « Koulaks », des nationalistes (sic) et des bandits (re-sic), mais aussi de leurs soutiens et de leurs familles, depuis l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.  L’objectif était double : forcer à la collectivisation des propriétés et éliminer les soutiens des insurgés.

Le 28 février 1949, Viktor Abakumov, le Ministre de la Sécurité d’Etat (MGB) signa l’ordre n° 0068 du MGB pour la préparation et l’exécution de la déportation par les Forces de l’Intérieur, aux ordres du Lieutenant-Général Burmak. Compte tenu de l’objectif de 30 000 familles à déporter, des troupes additionnelles sont venues en renfort de l’intérieur de l’URSS, 4 350 en Estonie, 4 500 en Lettonie. C’est au total 76 212 personnels, articulés en équipe de 9-10, y compris des activistes du parti communiste armés pour l’occasion, qui ont été impliqués dans la déportation.

Selon les chiffres officiels, mais qui parfois divergent, 19 827 personnes oint été déportées d’Estonie, 41 811 de Lettonie et 25 951 de Lituanie. Ils se répartissaient en 27 % d’hommes, 44 % de femmes et 29 % d’enfants de moins de 16 ans. Leur destination était la Sibérie, principalement les oblasts d’Irkoutsk (27 %), d’Omsk (23 %) et de Tomsk (16 %).

Compte tenu du fort taux de mortalité enregistré chez les déportés lors de leurs premières années en Sibérie, en raison de l’incapacité – que ce soit par négligence ou par préméditation – de fournir un hébergement et de l’habillement adapté, certaines sources considèrent ces déportations comme un génocide (intention d’éliminer systématiquement un groupe culturel, ethnique, linguistique, national, racial ou religieux). Se fondant sur la clause dite de Martens (1899) et sur les principes de la Charte de Nuremberg (1945), la Cour Européenne des Droits de l’Homme a statué que les déportations de mars 1949 constituaient un crime contre l’humanité.

et 

Je ne changerai pas une ligne à ma conclusion de 2011 sur le même sujet : « Les crimes nazis et les crimes soviétiques sont une réalité. En aucun cas les crimes des uns ne peuvent excuser les crimes des autres. En aucun cas le commanditaire du crime, qu'il soit vainqueur ou vaincu d'une guerre mondiale, n'est absout et ne doit échapper à la justice, pas plus que l'exécutant. »


En 1949, le commanditaire du crime (mais pas seulement de celui-là) est Staline, ce même Staline réhabilité par le pouvoir russe actuel.  

Tallinn



vendredi 16 mars 2018

Explications sur le 16 mars en Lettonie



A partir de juin 1940 et jusqu'en août 1991, la Lettonie a subi les occupations successives de deux régimes totalitaires, la Russie soviétique (1940 – 1941), l 'Allemagne nazie (1941 – 1944) et de nouveau la Russie soviétique (1944 – 1991). États qui, rappelons-le, furent alliés sur le terrain du 23 août 1939 (pacte Molotov – Ribbentrop) au 22 juin 1941 (début de l'opération « Barbarossa »).

En violation de la Convention de La Haye du 18 octobre 1907, interdisant l'incorporation de force de ressortissants d'un pays occupé, les Allemands ont mobilisé environ 115 000 jeunes gens (dont 25 à 30 000 furent tués) et l'Armée rouge 100 000 citoyens lettons dont 35 000 furent tués.

C'est donc illégalement que fut créée, suite à un ordre du 10 février 1943, la « Légion des Volontaires SS lettons », la grande majorité des incorporés (80 à 85%) n'étant en fait nullement volontaires. Les 15 à 20 % de volontaires avaient cru à une promesse de l'occupant nazi de redonner à terme son indépendance à la Lettonie, ce qui n'avait jaamsi été, en fait, dans ses intentions.



La 15e division SS de grenadiers « Lettland » (Lettische Nr 1) a été créée en février 1943, la 19e division SS de grenadiers « Lettland » (Lettische Nr 2) en mai 1944. D'emblée, on remarquera que, les massacres des Juifs en Lettonie ayant principalement eu lieu pendant l'année 1941, les Divisions SS lettones ne sauraient en être tenues pour responsables puisqu'elles n'existaient pas encore ! Et même si le trop fameux Komando Arājs et certains bataillons de police furent versés en 1943 dans la Légion lettone, ce fait n'est pas suffisant pour faire de la Légion lettone une structure criminelle. La 15e Division fut transférée en Allemagne à la fin de 1944 et y resta jusqu'à la fin de la guerre ; la 19e Division resta, elle, en Courlande jusqu'à la capitulation allemande du 8 mai 1945.





Le préambule de la Satversme (la Constitution lettone) précise que la Lettonie honore ceux de ses ressortissants qui ont combattu pour sa liberté, se souvient des victimes de puissances étrangères et condamne les régimes communiste et national-socialiste et leurs crimes. Le fait d'arborer publiquement les symboles des régimes totalitaires est un délit criminel selon la loi lettone. Mais, en tant qu’État démocratique, la Lettonie garantit tout les droits civiles et humains, et toutes les libertés dont la liberté d'assemblée, d'opinion et de parole (article 100).

La Lettonie commémore officiellement le 11 novembre, jour de Lāčplēsis. les soldats tombés pour sa liberté. Le 16 mars n'est pas un jour officiel de commémoration. Mais pourquoi le 16 mars ?

Du 16 au 18 mars 1944, les deux divisions SS lettones combattirent pour la dernière fois côte à côte contre l'armée rouge sur la rivière Velikaya en Russie, en avant de la frontière lettone. C'est en 1952 que naquit l'idée, à Londres, parmi les exilés lettons membres de l'association « Daugavas Vanagi », de commémorer cette bataille, mais surtout de rendre hommage à ceux qui étaient tombés ou qui avaient été blessés sur les champs de bataille de la deuxième guerre mondiale. Les survivants disent encore aujourd'hui : « Nous nous battions pour une Lettonie libre et donc contre le retour de l'Armée rouge »

Bien évidemment, à partir de la fin des années 1990, la Russie et les médias contrôlés par l’État russe interprétèrent les marches du 16 mars d'une façon biaisée, afin de tenter de discréditer la Lettonie. Les autorités russes fabriquèrent des « preuves » pour tenter de dépeindre les commémorations du 16 mars comme une glorification du nazisme et leurs participants comme des néo-nazis.

Depuis qu'elle a regagné son indépendance en 1991, la Lettonie a clairement condamné toutes les idéologies totalitaires, ainsi que les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis pendant la seconde guerre mondiale. La conscription illégale des citoyens lettons par les forces d'occupation était un crime et le 16 mars n'a pas été déclaré jour officiel de célébration. Aujourd'hui, plutôt que de chercher à creuser le fossé entre composantes de la société lettone, il vaudrait mieux chercher à tirer conjointement les leçons d'une histoire tragique. Manifestement, la Russie, toute à sa réécriture de l'histoire, n'est pas prête à une telle introspection.




dimanche 11 mars 2018

11 mars 1990 : la Lituanie rétablit son indépendance



En Lituanie, le 11 Mars est le « Lietuvos Nepriklausomybės Atkūrimo diena », le Jour de la restauration de l’Indépendance de la Lituanie. Il commémore ce soir du 11 Mars 1990 quand, à 22H44, le Soviet Suprême de la Lituanie a adopté l’Acte de rétablissement de l’État indépendant de Lituanie.  



Dans la salle des sessions plénières, le drapeau tricolore recouvre les armoiries soviétiques. Le Soviet, devenu Diète Reconstituante, proclame le retour en vigueur de la Constitution de 1938. Ce fait doit être interprété comme un moyen pour démontrer la continuité de la souveraineté de la Lituanie, interrompue par 50 ans d’occupation soviétique.



Le Grand-duché de Lituanie avait été un État souverain de 1253 à 1795, disparaissant dans les trois partages de la Pologne – Lituanie, au profit principalement de la Russie mais aussi de la Prusse. La notion de continuité est importante. Car le fait de dire que le 11 Mars 1990 serait une nouvelle indépendance, après celle de 1918 – 1940, accréditerait l’affabulation, encore en vigueur dans la Russie d’aujourd’hui, selon laquelle les États baltes auraient rejoint l’U.R.S.S. de leur plein gré et n’auraient pas été occupés.



On soulignera également que le rétablissement de l’indépendance date bien du 10 Mars 1990 et non pas d’un quelconque jour d’Août 1991 quand, après le bien étrange putsch de Moscou, la puissance occupante soviétique a daigné reconnaître cette indépendance. On rappellera d’ailleurs que l’Islande fut la première à reconnaître le retour à l’indépendance de la Lituanie dès le 11 Février 1991.



samedi 10 mars 2018

Retour sur un bref mais dense voyage en Lettonie et Lituanie



Birutė Strakšienė

J'ai effectué du 5 au 8 mars 2018 inclus un bref déplacement à Riga (Lettonie) et à Kaunas (Lituanie), avec un rapide aller-retour à Vilnius.

Je passerai rapidement sur l'arrivée via Riga dont le but essentiel était d'aller chez l'ophtalmologiste ! Car malheureusement on en est là : en France, il faut au moins six mois avant d'obtenir un rendez-vous alors que, par exemple à Riga, un coup de téléphone préliminaire suffit !!

Le but principal de mon déplacement était de célébrer à Kaunas, le 6 mars au soir, le 25ème anniversaire du Centre Culturel Français de la Kauno Technologijos Universitetas (KTU), ancien Centre Robert-Schuman. Le clou de cet anniversaire était une soirée théâtrale au Nacionalinis Dramos Teatras, avec une comédie originale « Aš Moljeras » (Moi Molière), basée sur « Le malade imaginaire » . Pièce remarquablement jouée, avec une mise en scène très réussie d'Inesa Paliulytė et dont la compréhension, pour les rares Français que nous étions, était facilitée par des surtitres.



Je disais « rares Français », mais de qualité, car avaient fait le déplacement de France trois anciens Ambassadeurs, M. Philippe de Suremain, M. François Laumonier et Mme Maryse Berniau, ainsi que deux Consuls honoraires de Lituanie en France, mes amis Anne-Marie Goussard et Pierre Minonzio . S'étaient joints à nous, entre autres, deux anciens Ambassadeurs de Lituanie en France, M. Ričardas Bačkis et Mme Jolanta Balčiūnienė. Cf. la photo ci-dessus. 

On notait également la présence de M. Michel Destot, ancien député-maire de Grenoble, initiateur du jumelage Grenoble - Kaunas en 1997 (époque à laquelle j'étais Chef du bureau logistique de la Division Alpine à Grenoble), ainsi que son épouse, Marie, secrétaire du comité de jumelage, d'ascendance lituanienne. 

Enfin, étaient également présents quelques Officiers français du détachement eFP (enhanced Forward Presence) de l'OTAN stationné à Rukla. 

Le cocktail qui a suivi a permis beaucoup de retrouvailles amicales autour de celle qui, pendant 25 ans, a été l'âme de ce centre culturel : Birutė Strakšienė, aidée par toute son équipe (cf. ci-dessous, avec les Ambassadeurs).



Le 7 mars au soir, j'ai fait ma conférence traditionnelle (c'était la 11ème fois !) dans le cadre du mois de la Francophonie à KTU. Le sujet portait cette fois sur « La famille de Choiseul-Gouffier et la Lituanie ». Bien évidemment, il m'a fallu promettre que je reviendrai l'année prochaine, mais personne, pas même un Ambassadeur, ne sait dire non à Birutė !



Auparavant, nous avions fait un rapide aller-retour au Ministère des Affaires Étrangères à Vilnius à l'invitation de notre amie Asta Skaisgirytė-Liauškienė, directrice politique au Ministère, ancienne vice-ministre et ancienne Ambassadeur de Lituanie à Paris.

Enfin j'ajouterai qu'en préliminaire à cet anniversaire les deux Consuls honoraires s'étaient rendu à Rukla pour visiter les unités françaises constituées principalement du 5ème Régiment de Dragons stationné au camp de Mailly (sur le territoire d'Anne-Marie Goussard) et du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins stationné à Grenoble-Varces, sur le territoire de Pierre Minonzio.



Ces quelques jours ont été indubitablement un grand moment d'amitié franco-lituanienne.



dimanche 4 mars 2018

3 Mars 1918 : Traité de Brest-Litovsk entre l'Allemagne et la Russie bolchevique



Signature du Traité


On sait que la révolution dite d’octobre en Russie commence le 25 octobre du calendrier julien, donc le 7 novembre 1917 du calendrier grégorien, par un coup d’état mené par Lénine, Trotsky et les bolcheviks contre le gouvernement provisoire d’Aleksandr Kerenski, issu de la révolution de février. Mais immédiatement après cette prise du pouvoir se déclenche une guerre civile qui, au-delà de l’affrontement entre révolutionnaires bolcheviks et « Blancs », est un chaos indescriptible et violent.

Conscient que l’avenir de la révolution dépend de la paix militaire, Lénine signe dès le 8 Novembre, lendemain de la prise de Petrograd (Saint-Pétersbourg), un décret demandant une « paix sans annexion ». Mais, venant d’un agitateur au pouvoir précaire, le décret reste lettre morte.

Lénine

Lénine se résout donc à demander l’armistice aux Empires centraux (Empire allemand, Empire austro-hongrois, Empire ottoman et Royaume de Bulgarie) et aux Alliés. Seule les Empires centraux répondent, l’Allemagne étant notamment intéressée par une paix séparée à l’est qui lui permettrait de ramener des troupes à l’ouest. L’armistice est signé le 15 décembre 1917.

Trotsky, Commissaire du Peuple aux Affaires Étrangères, fut chargé de conduire les négociations de paix. Mais il les fait traîner en longueur car il espère que les Allemands vont rapidement suivre les Russes dans la voie de la « révolution prolétarienne ».

Trotsky

Les pourparlers débutent à Brest-Litovsk (Brest-la-Lituanienne, aujourd’hui Brest au Bélarus) le 22 décembre 1917 mais s’arrêtent dès le 28 Décembre, les Russes retournant à Petrograd pour consultations, après l’exposé des exigences allemandes. Il y aura d’ailleurs plusieurs suspensions, les exigences allemandes augmentant à chaque fois. Les négociations étant au point mort en février, les Allemands reprennent l’offensive militaire le 21 février 1918, occupant les Pays baltes et l’Ukraine, dont les ressources agricoles vont pouvoir en outre compenser le blocus allié.

Les bolcheviks sont alors contraints de signer le traité de paix le 3 mars 1918, toujours à Brest-Litovsk, à des conditions considérées cette fois comme humiliantes par les bolcheviks. La Biélorussie est directement administrée par l’Allemagne, l’Ukraine (en proie à la guerre civile), les États baltes, récemment indépendants, et la Pologne sont contrôlés par l’Allemagne. L’Empire Ottoman obtient quelques régions.



Suite à l’armistice du 11 novembre 1918, le Traité de Brest-Litovsk est dénoncé par le pouvoir soviétique dès le 13 novembre, et l’armée rouge suivra sans l’attaquer la retraite de l’armée allemande, s’attachant toutefois à  reconquérir les territoires perdus.

Le Traité de Versailles (28 juin 1919) et les traités annexe (Saint-Germain-en-Laye et Trianon avec l’Autriche – Hongrie, Neuilly-sur-Seine avec la Bulgarie et Sèvres avec l’Empire ottoman), rendront caduc le Traité de Brest-Litovsk.  


jeudi 1 mars 2018

Saint Casimir et la foire du Petit Casimir


Le week-end prochain à Vilnius, et désormais dans d'autres villes de Lituanie, c'est la saint Casimir et surtout la Kaziuko mugė, un événement qui a lieu depuis plus de 400 ans. De quoi s'agit-il ?

Casimir (en Lituanien Kazimieras) était un prince royal du Royaume de Pologne et du Grand-duché de Lituanie, descendant de Gediminas (le « fondateur » de Vilnius) par son père, Casimir IV (Kazimieras IV Jogailaitis), et de l’Empereur (du Saint Empire Romain Germanique) Sigismond de Luxembourg par sa mère, Elisabeth d’Autriche. Il est né au château royal du Wawel à Cracovie, le 3 Octobre 1458.

A partir de l’âge de 9 ans, il est éduqué par le prêtre Jan Długosz, futur archevêque de L'viv, célèbre par ses chroniques (Annales seu cronicae incliti Regni Poloniae) portant sur les événements survenus en Pologne de 965 à 1480, un homme très pieux mais également un diplomate à l’expertise politique reconnue. Très influencé par son précepteur, Casimir choisit une vie d’ascèse et de dévotion plutôt qu’une vie luxueuse à la Cour.

Alors qu’il n’était âgé que de 13 ans, il est demandé par une faction hongroise pour devenir Roi de Hongrie. Mais le couronnement ne se fit pas. Par contre, quand son père partit pour 5 ans en Lituanie en 1479, le jeune Casimir (21 ans) administra la Pologne avec prudence et justice, faisant preuve d’intelligence et de générosité. C’est à cette époque que son père essaya de le marier avec la fille de l’Empereur Frédéric III, mais Casimir, ayant fait vœu de chasteté, et préférant se consacrer au service de Dieu et au bien de son peuple, repoussa l’offre et décida de rester célibataire.

Peu de temps après, il est atteint de tuberculose pulmonaire, en raison de son affaiblissement sans doute dû à des jeûnes successifs. Sur la route de la Lituanie, il meurt à Grodno (Gardinas), le 4 Mars 1484, à l’âge de 26 ans. Ses restes furent inhumés à Vilnius et reposent aujourd’hui dans un cercueil d’argent, dans la chapelle Saint Casimir de la cathédrale, construite au XVIIe siècle.  

Très tôt, la tombe de Casimir fut l’objet de vénération, car on prêtait au jeune homme plusieurs miracles. C’est le Roi Sigismond 1er le Vieux, cinquième fils de Casimir IV, donc frère du disparu, qui initia la demande de canonisation auprès du Pape Léon X et c’est le Pape Adrien VI qui déclara la sainteté de Casimir en 1522. Il fut déclaré Saint patron de la Lituanie en 1613 et celui de la Pologne en 1636. Le 11 Juin 1948, le Pape Pie XII le déclara patron de la jeunesse.

Comme de nombreux pèlerins venaient se recueillir sur la tombe du Saint, notamment au jour anniversaire de sa mort, il fallait bien les soutenir. C’est ainsi que naquit au début du XVIIe siècle la Kaziuko mugė (la foire du petit Casimir), dont ce sera le week-end prochain (approximativement) la 414 ème édition ! La foire occupe tout le centre ville de Vilnius et attire des dizaines de milliers de visiteurs non seulement de Lituanie mais de tous les pays voisins.