Ce
mardi 19 mars 2019, Madame l'ambassadrice de France Claire
Lignières-Counathe et Monsieur le Maire de Kaunas Visvaldas
Matijošaitis ont inauguré sur la Colline Napoléon (Napoleono
kalnas)
une plaque pour rappeler les étapes du franchissement du Niémen par
la Grande Armée le 24 juin 1812, prélude à la campagne de Russie.
A été également construit un escalier en bois pour faciliter
l'accès au sommet, d'où l'Empereur surveillait le franchissement.
C’est
une bonne occasion pour revenir brièvement sur le passage, à deux
reprises, de l'Empereur Napoléon 1er dans ce qui était,
quelques années auparavant, le Grand duché de Lituanie.
Napoléon
1er est venu dans la région dès 1807 à l’occasion
de la signature des traités de Tilsit. Après
l’écrasante défaite des troupes russes du Général Bennigsen le
14 juin 1807 à Friedland (aujourd’hui Pravdinsk), les
Français atteignirent le Niémen le 19 juin 1807. Ce
sont les généraux russes qui supplièrent
le Tsar de solliciter un armistice.
Le 25
juin 1807, entre 13H et
14H30, le Tsar de toutes les Russies et l’Empereur des Français
vont se rencontrer au milieu du Niémen sur un radeau de luxe
construit par le Général comte Lariboisière. Alexandre 1er aurait
dit à Napoléon « Je
hais autant les Anglais que vous »,
ce à quoi l’Empereur aurait répondu « En
ce cas, la paix est faite » !
Le premier
traité de
Tilsit est signé en
secret le 7
juillet 1807 entre les
deux empereurs. Il associe la Russie au blocus continental, mais lui
laisse les mains libres pour s’emparer de la Finlande et démembrer
l’Empire ottoman. Le second
traité,
celui-ci public,
est signé le 9 juillet
1807 avec la Prusse et
consacre le démembrement de celle-ci. Il est notamment créé
le Duché de
Varsovie à partir
de terres polonaises et lituaniennes (Užnemunė). Les traités de
Tilsit ressemblent à un partage de l’Europe. Mais l’accord est
mal accueilli à Saint-Pétersbourg, car on subodore que
l’application du blocus continental va ruiner l’économie russe.
Napoléon
1er va revenir dans la région en 1812. Accusant le
Tsar Alexandre 1er de ne pas respecter l’accord de
Tilsit, il décide d’attaquer la Russie. Il faut dire qu’au début
1812, Napoléon est au faîte de sa gloire, gouvernant directement un
tiers de l’Europe, de Hambourg à Barcelone, d’Amsterdam à
Dubrovnik.
La
Grande Armée commence à franchir le Niémen dans la nuit
du 23 au 24 juin 1812. Le 24 Juin, Napoléon s’installe
dans Kaunas au couvent de la Sainte-Croix, qu’il
quittera le 27 juin à 4 heures du matin par une rue qui est encore
aujourd’hui la Prancūzų gatvė, la rue des Français ;
il passe la nuit dans un château 4 km à l’ouest de Vievis et
arrive le 28 juin midi
devant Vilnius, prise le matin par Murat et entre
dans la ville par la Porte de l’Aurore.
Napoléon
1er a personnellement séjourné du 28 Juin au 16
Juillet 1812 dans le palais épiscopal de Vilnius, devenu en 1795 le
palais du gouverneur russe et qui, après transformations au cours du
XIXe siècle, deviendra l’actuel palais présidentiel. Au cours de
ce séjour de 19 jours, que certains trouveront trop long (mais
facile à dire après……), l’Empereur a mis en place la
structure administrative du Grand-duché de Lituanie, mais surtout a
fait de Vilnius un point essentiel de ses opérations futures.
Napoléon avait notamment besoin de temps pour se réapprovisionner
et pour réorganiser les territoires occupés.
Pendant
cette période dite française, la vie publique fut intense. Il y eut
des spectacles, des soirées dansantes, des loteries, mais aussi des
fêtes pour célébrer des événements divers. Le 14 Juillet, le
général comte Liudvikas Mykolas Pacas donna un bal dans son palais
du 7 rue Didžioji (où il hébergeait le Prince Murat), devenu
l'Hôtel Pacai, bal au cours
duquel Napoléon fit une apparition. Le 15
Août 1812, date anniversaire de la naissance de l’Empereur
(en 1769), le Maire de Vilnius, Mykolas Römeris (1778 – 1853) fait
rebaptiser la place devant le palais épiscopal en Place Napoléon.
Le
retour sera plus rapide. L’Empereur quitte l’armée le 5
décembre à Smorgoni, avant de rejoindre Paris au plus vite car
le Général Mallet y conspire. Le 6 décembre au petit
matin, il rencontre Maret, Ministre des Affaires Étrangères, à
Medininkai, atteint Vilnius à 10H15 sans y entrer, puis Kaunas le 7
décembre à 5H du matin, talonné par les cosaques. Il sera à Paris
le 18 décembre à 23H45.
Pendant
ce temps-là, jusqu’au 10 décembre, ce ne sera que panique et
chaos à Vilnius, et le dernier à « fermer la porte » à
Kaunas, le 14 décembre soir, sera le Maréchal
Ney (ci-dessous) avec 30 soldats !