vendredi 11 janvier 2019

En mémoire de Renata Lesnik (1949 - 2013)




Avec un peu de retard …… Souvenons-nous de Renata Lesnik, dissidente moldave russophone qui avait décidé de vivre librement dans un régime totalitaire, décédée en France il y a cinq ans déjà, le 29 décembre 2013.

Née en 1949 en Moldavie soviétique, dans une famille d’enseignants russophones, Renata Lesnik était diplômée de l’université Lomonossov de Moscou en philologie et en français. Guide-interprète, puis journaliste à Radio Moscou Internationale, elle découvre que son mari est un agent du KGB ! Prise dans l’engrenage de l’espionnage et de la violence, la dissidente échappe de justesse à la mort avant de se réfugier en 1981 en France, qui lui  accorde l’asile politique. En 1982, elle signe un best-seller, « Ici Moscou » (chez Hachette), qui dévoile ses conditions de travail à la radio d’État, entre les écueils de la censure et l’obsédante surveillance du KGB. La riposte ne se fait pas attendre : en 1983, elle est condamnée à mort, sous Andropov, pour haute trahison d’État. 

Politologue et criminologue, Renata Lesnik mène également une carrière d’auteur, de documentaliste et de traductrice. Elle est notamment la première à traduire en français un numéro intégral de « La Pravda » soviétique en 1986, puis de « L’Étoile Rouge », le journal de l’Armée, en 1987. La première aussi à publier une revue de la presse soviétique, « L’Autre Pravda », formule reprise par Courrier International, élargie au monde entier. 

Reconnue comme l’un des meilleurs spécialistes du soviétisme et du post-soviétisme, Renata Lesnik était régulièrement invitée par les médias français et étrangers en tant qu’analyste politique. Elle va notamment se consacrer au travers de ses livres à dévoiler les liens occultes en Russie entre l’État, les services secrets et la criminalité organisée, un sujet toujours d'actualité. « L'Empire de toutes les mafias », coécrit en 1996 avec Hélène Blanc, dénonçait les parrains, issus des services secrets, qui contrôlent 80 % de l'économie russe. En détaillant le KGB et ses méthodes, elle s'attire les foudres de Vladimir Poutine qui voue un culte absolu à Andropov (les deux ont la même communauté de destin : patron du KGB/FSB puis Chef de l’État URSS/Russie), lequel avait condamné à mort Renata.

Sa consœur et amie la plus proche, la russologue Hélène Blanc, co-auteur avec Renata Lesnik de nombreux ouvrages – dont  « Les prédateurs du Kremlin »(Le Seuil, 2009) et « Russia blues » (Ginkgo, 2012) - avait rendu hommage, dans « Le roman de Renata » (Ginkgo, 2017) , à celle qui était devenue l’un des plus brillants experts de l’URSS et de la Russie post-soviétique, et qui n’avait jamais accepté de compromis avec la vérité. 

Aujourd'hui, que ce soit sur le scène internationale comme en France, la Vérité est mise à mal par les réseaux sociaux et par certains médias. Elle a plus que jamais besoin de défenseurs de la trempe de Renata Lesnik.




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