dimanche 26 décembre 2010

La Russie achète des « Mistral »


Coincée entre les intempéries et les achats de Noël, la nouvelle est passée quasiment inaperçue en France, sauf en Loire-Atlantique. Le 24 Décembre, le président russe Dmitri Medvedev a annoncé à son homologue français Nicolas Sarkozy que la Russie avait retenu le consortium formé par le groupe français DCNS (dont l’État français est actionnaire à hauteur de 75 %.) et les chantiers navals russes OSK pour construire deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral, projet qui devrait être prolongée par la fabrication de deux unités supplémentaires.

C’est un beau cadeau de Noël pour les chantiers STX France SA de Saint-Nazaire, le montant des travaux pour la partie russe ne s’élevant au départ qu’à 20% de la facture totale de deux milliards d’Euros. Par la suite, la part des travaux réalisés par la Russie devrait augmenter.

Contrairement à ce qui avait été annoncé primitivement, il semblerait que cette vente ne soit pas celle d’un « vulgaire » transporteur de type RoRo. Car le premier ministre français François Fillon, en visite à Moscou, a déclaré le 9 Décembre que la France ne voyait pas d'inconvénients à un transfert à la Russie des technologies. Il semble d’ailleurs que l’appel d’offre surprise annoncé à l’été 2010 ait eu pour objet de faire pression sur la France, déjà engagée dans des « discussions exclusives », pour qu’elle réponde favorablement à cette exigence russe.

C’est donc une première qu’un Etat membre de l’OTAN, qui plus est qui a rejoint récemment (Avril 2009) le commandement militaire intégré de l’Alliance, vende un navire de combat clés en main à la Russie. Car, même si le bâtiment n'est pas armé, il contient des systèmes électroniques sensibles, parfois américains, liés à ses fonctions de commandement, d'information et de renseignements. Le 1er mars dernier, le président français Nicolas Sarkozy avait pourtant déclaré que les porte-hélicoptères destinés à la Russie seraient livrés sans équipements militaires … Mais la Russie reconnait qu’elle ne serait pas capable de construire elle-même aussi rapidement un bâtiment d’une telle qualité.

Cette vente est loin de faire l’unanimité. Les Géorgiens, qui rappellent que la Russie ne respecte pas les engagements pris lors du cessez-le-feu qui a suivi la brève guerre d'Août 2008, et les Etats Baltes, qui se sentent toujours menacés par leur puissant voisin, la dénoncent sans relâche depuis plusieurs mois. En effet, le BPC permet de longs séjours d'un groupement d'infanterie de marine avec un soutien aéronaval sur les théâtres d'opérations éloignés et le débarquement de troupes de marine, y compris sur un littoral non équipé, au moyen de vedettes de débarquement et d'hélicoptères.

« Les capitalistes nous vendront eux-mêmes la corde avec laquelle nous les pendrons ». La phrase de Lénine reste d’une actualité aigüe.

1 commentaire:

  1. Le problème de la France, c'est qu'elle a un mal fou à vendre son propre armement qui est pourtant de grandes qualités ( même si le Leclerc manque d'aguerrissement pour faire ses preuves...), et le peu de clients que l'on a sont souvent des menaces, des ennemis ou de futurs ennemis. Cela ne fait pas une bonne pub...

    A titre de comparatif même si je ne vais rien vous apprendre là :

    L'armée française a un budget annuel de 39 milliards d'euros pour 5 milliards d'exportations environ.

    L'armée russe a un budget de 44 milliards d'euros pour 35 milliards d'euros d'exportations.

    Je ne parle pas du budget américain parce que c'est indécent, mais on voit bien en comparant ces chiffres les gros problemes d'exportations de l'armement français.

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