Le mouvement d’indépendance de la Lettonie sous occupation russo-soviétique débuta en 1987 avec la commémoration des déportations du 14 Juin 1941 par le Mouvement Helsinki-86 (Cilvēktiesību aizstāvības grupa, Groupe de Défense des Droits de l'Homme). Encouragé par la glasnost de Mikhaïl Gorbatchev, les partis prônant l’indépendance, regroupes dans le Front Populaire de Lettonie (Latvijas Tautas Fronte) gagnèrent les élections au Soviet Suprême de la RSS de Lettonie le 18 Mars 1990. Le Soviet Suprême, devenu le Conseil Suprême de la République de Lettonie proclama la restauration de l’indépendance de la Lettonie le 4 Mai 1990.
Comme ça ne faisait pas l’affaire de l’URSS, celle-ci, plutôt que d’employer la manière forte comme à Budapest en 1956 et à Prague en 1968, essaya de faire fomenter des troubles par les Lettons opposés à l’indépendance, l’Interfront (Latvijas PSR Internacionālā Darbaļaužu fronte, Interfronte) et le Parti communiste de Lettonie (Latvijas Komunistiskā partija, LKP), dont les leaders d’alors (respectivement Tatyana Zhdanok et Alfrēds Rubiks) sont aujourd’hui … députés européens !
Une série d’attentats eut lieu en Décembre 1990 afin de déstabiliser le Gouvernement letton, attentats attribués aux nationalistes, mais le Maréchal de l’Union soviétique Dmitry Yazov reconnut par la suite qu’au moins l’un d’entre eux avait été perpétré par l’armée sovietique. Parallèlement les troupes du KGB (service de renseignement à multiples fonctions) et les OMON (forces spéciales du Ministère de l’Intérieur soviétique), montraient leurs muscles, notamment le 23 Décembre 1990 à Jūrmala.
Le 2 Janvier 1991, les OMON s’emparèrent de la Maison de la presse (Preses Nams) puis, le 4 Janvier, du central téléphonique de Vecmīlgrāvis (faubourg au nord de Riga). Les officiers OMON déclarèrent que Boris Pugo (Ministre de l’Intérieur de l’URSS, ancien Premier secrétaire du PC letton) et Mikhaïl Gorbatchev avaient été mis au courant, ce que ceux-ci nièrent. Le 10 Janvier, plusieurs rassemblements, aussi bien pro qu’anti indépendance eurent lieu, les manifestants de l’Interfront essayant de pénétrer dans le bâtiment du Cabinet des Ministres.
Dans la nuit du 12 au 13 Janvier 1991, les forces soviétiques attaquèrent la tour de télévision de Vilnius, faisant 14 morts parmi la population sans armes. Apprenant cela, le Front Populaire de Lettonie appela, le 13 janvier à 4H45 du matin, la population à se rassembler sur la place de la cathédrale (Doma laukums). Dans l’après-midi, des barricades furent érigées (cf. ci-dessous) et les bâtiments gouvernementaux protégés par des dizaines de milliers de personnes.
A partir du 14 Janvier, les attaques des OMON se succédèrent, notamment sur les ponts de Brasa et Vecmīlgrāvis (un civil, Roberts Mūrnieks, y fut tué le 16 Janvier) et contre l’Académie Militaire.
Le 20 Janvier au soir, alors que 100 000 personnes avaient manifesté à Moscou en soutien des Etats Baltes, les OMON et d’autres groupes de combat non identifiés attaquèrent le Ministère de l’Intérieur (à côté de l’actuelle Ambassade des Etats-Unis), tuant dans le parc de Bastejkalns deux Officiers de la milice, un écolier et deux cameramen de télévision, ceux-ci, n’étant pas dans les tirs croisés des combats, ayant été délibérément abattus (ci-dessous, une des pierres commémoratives). Le 21 Janvier, un défenseur était encore tué sur une barricade.
Devant la réprobation internationale, y compris dans la RSS de Russie de Boris Eltsine (qui dès le 13 Janvier, avait condamné l’attaque de Vilnius et avait reconnu la souveraineté des Etats Baltes), les attaques s’arrêtèrent le 25 Janvier mais le gouvernement letton continua d’être harcelé jusqu'à l’échec du putsch de Moscou des 19-20 Août 1991.
Cette tentative de reprise en main en Lituanie (13 Janvier 1991) et en Lettonie (20 Janvier 1991) , après celle de l'Azerbaïdjan (20 Janvier 1990 – 187 morts), au moment où le monde entier avait les yeux tournés vers le déclenchement de la première guerre du Golfe (17 Janvier) ne pouvait être que coordonnée depuis Moscou. Le « bon » Monsieur Gorbatchev, Prix Nobel de la Paix 1990, chouchou des Occidentaux, concentrant à l’époque les pouvoirs de Secrétaire général du parti communiste d’Union soviétique et de Président de l’URSS, porte indubitablement une écrasante responsabilité dans ces massacres de civils.
petit rectificatif. A Bakou les évènements ont eu lieu en 1990.
RépondreSupprimerDamned ! Aurais-je votre blog trop vite ?! Mea culpa
RépondreSupprimerJ'ignorais totalement le coup de la manifestation monstre pro-Balte à Moscou le 20 janvier 91
RépondreSupprimerExtrait de l'histoire des barricades (http://www.barikades.lv/en/index/):
RépondreSupprimer"January 20
Some 100,000 people attend a demonstration in Moscow to support the Baltic Republics, calling on Mikhail Gorbachev, Dmitriy Yazov, Boris Pugo and Vladimir Kryuchkov to resign in the wake of the bloodshed in Vilnius.
At 9:07 PM, OMON forces and members of other, unknown military units launch an attack against the Interior Ministry of Latvia. During the battle, militia officers Vladimir Gomanovich and Sergeiy Kononyenko are killed. Near the ministry, filmmaker Andris Slapi�� and high school student Edijs Rieksti�� are shot and killed. Cameraman Gvido Zvaigzne dies of his wounds several days later. Injuries are suffered by four officers of the Bauska militia, five participants in the barricades, a Russian journalist and a Hungarian journalist. Casualties are also suffered by the attackers. After the battle, the OMON forces move to the building of the Central Committee of the Latvian Communist Party."