jeudi 14 avril 2011

Bélarus : retour sur l’explosion du métro de Minsk


Le 11 Avril, à 17H56 locale, une explosion a eu lieu dans la station de métro Kastrychnitskaya (Oktyabrskaya) du métro de Minsk, capitale du Bélarus. Suivant les déclarations officielles, l’explosion a fait à ce jour 12 morts et plus de 200 blessés, dont 22 seraient dans un état critique.

Avant de se poser quelque question que ce soit, nos pensées doivent tout d’abord aller aux victimes.

L’explosion a immédiatement été qualifiée d’attentat. Une charge de 5 à 7 kg de TNT, avec des clous et des billes, placée dans un sac abandonné sous un banc sur le quai, aurait été actionnée à distance. Il y a deux lignes de métro à Minsk et une seule station de correspondance, celle où a eu lieu l’explosion, à l’heure de pointe du soir. Très rapidement, le KGB (nom gardé par les services de renseignements bélarusses) affirmait que « l’auteur de l’attentat est un jeune homme, au faciès non-slave ».

Moins de deux jours plus tard, hier 13 Avril après-midi, le Président Alyaksandr Lukashenka lui-même annonçait à la télévision que deux suspects (correspondant aux portraits robots ci-dessus ?), un tourneur et un électricien, citoyens bélarusses originaires de province, étaient passés aux aveux le matin même. En prime, ils auraient avoué être les auteurs des attentats de la fête de l’Indépendance de Juillet 2008 à Minsk (50 blessés) et dans une discothèque de Vitebsk en Septembre 2005 (48 blessés). Selon certaines sources, il y aurait un troisième suspect. Dans son allocution, Lukashenka s’en est pris aux figures de l’opposition, qu’il a soupçonnées d‘être de mèche avec les commanditaires de l’attentat. Il a aussi accusé l’Europe de ne pas se soucier de la “tragédie”.

Trop beau pour être vrai ? A qui profite le crime ?

Certes, ce type d’attentat pourrait rappeler la méthode utilisée par les islamistes, y compris nord caucasiens. Mais on ne voit pas en quoi le Bélarus serait impliqué, n’étant même pas, en outre, présent sur les théâtres d’opération irakien ou afghan.

Les responsables seraient-ils à chercher dans l’opposition intérieure bélarusse alors, comme l’a déjà laissé entendre Lukashenka dans un réflexe pavlovien ? Mais, outre qu’elle est dans un piètre état, ses leaders étant en prison ou assignés à résidence, après les manifestations qui ont suivi le scrutin présidentiel contesté du 19 Décembre 2010, on ne voit pas quel serait son intérêt puisque, en tout état de cause, l’attentat va fournir au pouvoir un prétexte pour serrer la vis encore plus fort.

Le pouvoir lui-même ? Certes ce serait assez cynique, mais c’est une méthode déjà vraisemblablement employée dans la Russie voisine. A court terme, cet attentat a effectivement l’intérêt de détourner l’attention des problèmes économiques grandissants, sur fond de dévaluation du rouble bélarusse. Mais, outre que ça ne va pas remplir les étalages, ça a l’inconvénient d’entacher sérieusement l’image du dit-pouvoir, qui aime se vanter et présenter la Biélorussie comme un îlot de stabilité.

Toutefois, la blogosphère bélarusse est quasiment unanime pour estimer que le grand bénéficiaire de l’attentat sera Lukashenka, car il va certainement en profiter pour sévir un peu plus contre l’opposition (comme ce fut le cas après les précédentes explosions de 2005 et 2008. Il a d’ailleurs déjà ordonné de faire interroger ses opposants politiques) et pour justifier des mesures d’austérité. Ce peut être également l’occasion pour Lukashenka de réorganiser, sur fond de lutte d’influence, son entourage et notamment les structures de force. Il a en outre proclamé que cet attentat était « un cadeau de l’étranger », syndrome du pays attaqué de toutes parts bien connu en Russie, justifiant par avance des restrictions de liberté potentielles.

Saura-t-on jamais la vérité ?

7 commentaires:

  1. On peut aussi envisager l'action d'un groupuscule terroriste favorable à l'opposition. L'éclatement de l'opposition biélorusse ne favorise pas la surveillance par leurs leaders de ses membres les plus extrémistes. Par contre l’absence(il me semble) de tout communiqué revendiquant l'attentat n'accrédite pas cette thèse.

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  2. J'essaye de suivre l'affaire d'assez près, et je n'ai effectivement pas vu passer de revendication.

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  3. Pour un faciès non-slave, on a des portraits robots avec les visages les plus slaves qu'il soit possible de rencontrer.

    M'enfin au lieu de s'occuper de Khadafi, on devrait s'intéresser à ce Belarus qu'il arrange tout le monde d'oublier...

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  4. Il y a eu, je dirais, de nombreuses déclarations hâtives dès le début, avant que la version officielle ne soit prononcée ex cathedra.....
    Mais trouver ces suspects moins de 48 heures après l'attentat et qui, par miracle, avaient perpétré aussi ceux de 2005 et 2008, tient du divin !!

    Je souscris tout à fait à votre dernière phrase0. Mais le Belarus n'a pas de pétrole .....

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  5. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les photos extraites des cameras de surveillance, et présentées par le procureur général adjoint, ne sont guère convainquantes ....
    http://telegraf.by/2011/04/terror-act-in-subway-video-of-suspect-at-kastrychnitskaya-updating.html

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  6. Sur ces mêmes photos, voir aussi les doutes du New York Times:
    http://www.nytimes.com/2011/04/15/world/europe/15belarus.html?_r=1

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  7. The number of killed in the metro blast has reached 13 people.

    BelTA news agency learned this from the Healthcare Ministry.

    As of 6:00 am April 15, 161 people stay in hospitals, one patient died. Among the hospitalized, 21 are in grave condition, 28 and 112 had serious and light injuries respectively.

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