mercredi 18 mai 2011

Mes villes de l’Europe médiane (4) : Minsk

Armoiries de la ville de Minsk
Minsk, capitale du Bélarus, sur les bords du fleuve Svislotch (affluent de la Bérézina), n’est pas une ville où je me précipiterais pour y finir mes jours. Mais elle a un petit côté, disons …… exotique qui ne peut que ravir ceux qui aiment voyager hors des sentiers battus.

Je suis allé à Minsk une seule fois, en voiture, en Avril 2006. Il s’est trouvé que c’est tombé sur le week-end de la 3ème investiture de Lukashenka (cf. ci-dessous - c’était réellement un hasard) et ça a donné du piment au séjour. L’aventure a commencé dès la frontière, passée en 1H¾ : il parait que j’ai été rapide (quelques semaines plus tard, deux Britanniques de mon cours de lituanien à Vilnius ont mis 3 heures pour passer !). De beaux écrans plats d’ordinateurs dans les guérites, mais tout se passe sur papier, à la main et à grands coups de tampons. Et si, comme ce fut mon cas, vous n’avez pas l’assurance voiture ad hoc, on vous envoie l’acheter à la guérite 7, avant de pouvoir revenir à la guérite 1 pour avoir le tampon qui vous permettra d’aller faire la queue à la guérite 2 ……

Minsk en elle-même est décevante. En effet, bien que 1067 soit considérée comme la date de sa fondation, il n’y a quasiment pas de centre ancien. Et pourtant, la Principauté de Minsk fut incluse dans le Grand-duché de Lituanie en 1242 et le resta jusqu’en 1793, lors du deuxième partage de la Pologne – Lituanie, lorsqu’elle fut annexée par la Russie. Mais la ville, qui comptait 300 000 habitants (dont 100 000 Juifs) avant la seconde guerre mondiale, fut détruite à 90 % lors de sa « libération » par l’armée rouge en 1944. Elle fut alors entièrement reconstruite en « style » architectural stalinien, dont la fantaisie n’était pas la vertu première.
Le palais des sports (le même qu'à Vilnius) devant l'hôtel Belarus, ancien hôtel Intourist, où je logeais. 

Minsk comptait en 2007 1 814 000 habitants, sur environ 10 millions de Bélarusses.

La Place d'Octobre est le noyau de la ville et regroupe l'Hôtel de Ville, la cathédrale Sainte-Marie, mais surtout le Palais de la République (Дворец Республики - ci-dessous), surnommé "le sarcophage". C’est sur cette place qu’avait lieu la cérémonie d’investiture de Lukashenka quand j’y étais. Tout le centre était bien sûr bouclé et la cérémonie réservée aux happy few. Le parcours qui devait être emprunté à l’issue par le Président était balisé de policiers, en tenue ou en civil, au ratio d’un tous les 5 mètres. J’ai d’ailleurs été très impressionné lorsque la stretched Mercédès de Luka est passée dans le silence le plus absolu, alors qu’on aurait pu s’attendre qu’un Président, élu (prétendument) par plus de 80 % des votants, soit acclamé. La raison de ce silence nous fut donnée par un ami bélarusse de mon accompagnateur lituanien ; toute manifestation, même de joie, pouvant être mal interprétée par la police, les spectateurs cherchaient à avoir une attitude la plus transparente possible, afin d’éviter les 15 jours de prison qui sont le tarif de base de tout « hooliganisme » !

A noter que, comme je discutais en anglais avec mon compagnon de voyage lituanien, j’ai remarqué que le policier en civil à 4-5 mètres devant nous, commençait à s’intéresser à nous plus que de coutume. Pensez ! Deux possibles hooligans étrangers, donc terroristes potentiels, sur le parcours de bats'ka (petit père)…… Nous avons donc rapidement décidé de changer de trottoir pour éviter les 15 jours etc.

Par ailleurs, pour en revenir à l’exotisme, entrer dans un magasin est un retour 20 ans en arrière dans un univers très soviétique. Je crois même que celui que je suis allé voir s’appelait « Goum », comme à Moscou. J’ai réussi à y acheter un drapeau car les noms étaient écrit en russe (ФЛАГ) et non pas en bélarusse (сцяг) ; or ФЛАГ = flag = drapeau en allemand ! Elémentaire ……

En résumé, Minsk est une ville contrastée, propre et sûre (jusqu’au récent attentat dans le métro) avec, tout au moins en 2006, un côté « Back to USSR » très marqué. Mais, comme tout ce qui est hors de la monotonie, j’adore !



2 commentaires:

  1. Rien de bien surprenant que acclamer Lukashenka soit considéré comme de l'hooliganisme! C'est un signe d'une société mature :D

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  2. ;)

    Mais je peux vous dire que cette ambiance particulière m'incitait moi-même, ce qui n'est pas mon genre, à être le plus neutre possible ......

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