vendredi 29 juillet 2011

Saint Volodymyr et le baptême de la Rus’

Fils de Sviatoslav I Ihorovych dit le Brave, Grand Prince de Kyiv, petit-fils de la Princesse Olha (Olga) devenue Sainte, Volodymyr le Grand (Володимир en Ukrainien, 956 – 1015, en Russe … Vladimir) est un Riourikide, c’est-à-dire de cette dynastie d’origine Varègue (= viking), issue de Riourik, premier Prince de Novgorod, dynastie qui régna sur la Rus’ de Kyiv jusqu’en 1240. Bien que le Christianisme fût connu dans la région depuis le 1er siècle après Jésus-Christ et que sa grand-mère Olga se soit convertie, Volodymyr était lui-même encore païen. Il fut d’abord Prince de Novgorod avant de devenir Grand-Prince de Kyiv, régnant de 980 à 1015.
Le monument de Volodymyr à Kyiv
En 987, l'empereur byzantin Basile II « tueur de Bulgares » lui demande de l'aide pour mettre fin à la révolte du général usurpateur Bardas Phocas. Volodymyr lui envoie 6 000 guerriers Varègues et obtient en échange la main de la princesse Anna Porphyrogénète, sœur de l’Empereur. La princesse sera envoyée à Kyiv, malgré ses réticences, avec une ambassade. Après son mariage, Volodymyr renonce au paganisme et à ses nombreuses concubines. Il reçoit le baptême en 988 et impose à son peuple le christianisme de rite byzantin.

Volodymyr, d'après la tradition, avait envoyé des ambassadeurs recueillir de plus amples renseignements sur les principales religions connues à l’époque, le christianisme latin, le christianisme orthodoxe, le judaïsme et l'islam. L'islam des Bulgares respire la tristesse dirent les envoyés; les offices latins des allemands sont dépourvus de beauté. A Constantinople, la splendeur de la liturgie célébrée dans l'église Sainte Sophie, l'encens projeté vers le ciel par le balancement des lourds encensoirs, l'or des icônes, les hymnes célestes transportent d'enthousiasme les âmes slaves des envoyés du prince: « Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre ! C'est là que Dieu demeure avec les hommes ! ». Volodymyr se fait donc baptiser dans le christianisme orthodoxe, apparemment à Cherchonèse en Crimée, puis dans le Dniepr pour sa Droujina (les amis et les serviteurs du Prince) et ses sujets, le 28 Juillet 988.
Le baptême du peuple Rus' dans le Dniepr (tableau du XIXe siècle)

Une évangélisation plus profonde du pays suivit rapidement cet acte fondateur du baptême de la Rus’. Car nous parlons bien là d’une principauté médiévale slave orientale, la Rus’ ou Ruthénie (rousskaya zemlia ou terre ruthène), qui exista entre environ 860 et le milieu du XIIIe siècle, époque où elle se désagrégea en une multitude de principautés avant de tomber formellement devant l'invasion mongole de 1240. Au XIe siècle, la Rus’ de Kyiv était le plus grand État d’Europe en superficie (cf. ci-dessous). Aujourd’hui, non seulement l’Ukraine mais aussi le Bélarus et la Lituanie peuvent en revendiquer l’héritage.

On lira avec intérêt (et minutie) l’article http://pan-doktor-exrudis-vseznayko.over-blog.com/article-empire-des-mots-mots-d-empire-45683889.html et on retiendra que c’est le Tsar Pierre 1er, en voleur d’ethnonyme, qui en 1721, grâce à un tour de passe-passe linguistique, fera de la Moscovie le Rassìïskaïa Impèria, faisant croire à une continuité entre la Rus’ et la Russie, supercherie encore en vigueur aujourd’hui (cf. Medvedev parlant du 1150ème anniversaire de l’Etat russe http://fr.rian.ru/politique/20110722/190229026.html alors que la Principauté de Moscou n’a commencé à constituer un Etat qu’au XIVe siècle !). Un peu comme si on faisait remonter l’Etat français à la fondation de Rome par Romulus et Remus…….

Le patriarche Kirill « de Moscou et de toutes les Russies » a effectué une visite à Kyiv du 26 au 28 Juillet 2011. Officiellement, il venait fêter la christianisation de la Russie (sic). Mais c’était aussi une occasion, pour celui que l’on sait très proche du Kremlin et dont le discours pastoral est souvent politique, de rappeler l’influence de Moscou dans les affaires religieuses ukrainiennes.

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