dimanche 30 octobre 2011

Les volontaires ukrainiens de la Légion Etrangère (été 1940)


Pour comprendre ce qui va suivre, il faut revenir sur l’histoire de l’Ukraine depuis la Première Guerre mondiale.

A partir des trois partages de la Pologne-Lituanie (1772, 1793 et 1795), l’Ukraine sera scindée entre les empires autrichien et russe jusqu'à la révolution russe de Février 1917. Une Verkhovna Rada Oukraïny (Parlement) est créée le 17 Mars 1917, laquelle proclamera l’indépendance de l’Ukraine le 22 Janvier 1918. Mais une période de troubles s’ensuit: corps francs allemands, troupes russes débandées, anarchistes de Nestor Makhno, différentes factions ukrainiennes (pro-alliées, pro-allemandes ou pro-bolcheviques) s’affrontent.

Vers la fin de 1919 et la première moitié de 1920, les Bolcheviques finissent par l’emporter sur les autres belligérants, et la partie ex-russe de l’Ukraine, avec Kiev (Kyiv) pour capitale, est intégrée à l’URSS créée en 1922, tandis que la partie ex-autrichienne, avec Lviv pour ville principale, est intégrée à la Pologne en 1921. L’Ukraine transcarpatique vote son rattachement à la Tchécoslovaquie et la Bucovine à la Roumanie. Par le traité de Versailles, la Pologne avait obligation de donner une large autonomie à la Galicie, peuplée d’Ukrainiens, ce qu’elle ne fit jamais. Sous la dictature stalinienne, l’Ukraine soviétique connaîtra un calvaire, notamment à cause de l’Holodomor (1932 – 1933) dont je reparlerai bientôt. 

Après l’invasion de la Pologne en Septembre 1939, conformément à l’accord Molotov – Ribbentrop, l’URSS annexe la Galicie polonaise, puis, en Juin 1940, la Bucovine roumaine. Une République Socialiste Soviétique d’Ukraine est créée en Août 1940. 
     
Le 15 septembre 1939, l’ambassadeur de Pologne en France lance un appel à la mobilisation de tous  les ressortissants polonais en France, donc y compris les Ukrainiens en possession d’un passeport polonais. Un accord est signé le 4 Janvier 1940 entre le Président du Conseil français, Edouard Daladier, et le général Władysław Sikorski, Premier Ministre et chef des armées de la République polonaise exilée en France, pour la constitution d’une armée polonaise (84 000 hommes) sous commandement en chef de l’armée française.

Bon nombre d’Ukrainiens de Pologne se retrouvent devant un dilemme : soit refuser leur incorporation dans l’armée polonaise qui occupait leur nation et les traitait en citoyens de seconde zone, soit accepter de la rejoindre, malgré leurs idéaux d’indépendance. Par ailleurs, en vertu de l’accord Daladier – Sikorski, les centres mobilisateurs français rejettent les engagements des Ukrainiens dans la Légion Etrangère. La situation était d’ailleurs la même pour les ressortissants tchécoslovaques d’origine ukrainienne.
     
Pourtant, la ténacité des Ukrainiens, et notamment du Bureau de l’Union Nationale Ukrainienne,  finira par payer. Ils auront le choix soit d’être incorporés dans l’armée polonaise, soit dans la Légion étrangère française. En outre, ceux déjà incorporés dans l’armée polonaise pourront demander leur transfert à la Légion. Selon Myroslav Nébéliuk, ce sont 5 000 Ukrainiens qui ont été ainsi reconnus aptes au service armé et qui ont pour la plupart rejoint les 21e, 22e et 23e Régiments de Marche de Volontaires Etrangers.

Les Légionnaires ukrainiens ont participé à la Campagne de France, dans les Flandres, sous Sedan, sur la Somme (Mai 1940), et jusque sur la Saône (Juin 1940), laissant sur les champs de bataille des centaines de tués. Un bataillon de marche, constitué à partir du dépôt de la Légion de Sathonay-le-Camp, défend Lyon. La dernière résistance « pour l’honneur de l’Armée française » dans cette région de France, après même que l’armistice ait été signée, sera l’œuvre des Légionnaires du Bataillon de marche de Sathonay et des tirailleurs du 25e Régiment de Tirailleurs Sénégalais.

La convention d’armistice franco-allemande est signée le 22 Juin à 18H30 en forêt de Compiègne et surprend les Légionnaires ukrainiens à Brié-et-Angonnes, près de Grenoble. Le 24 Juin, ils sont dirigés en train vers Aix-en-Provence, puis à pied vers Fuveau (aujourd’hui près de l’A 52 en direction d’Aubagne). C’est de là qu’ils seront démobilisés à la fin Juillet 1940.

Certains continueront le combat en rejoignant la Résistance française, voire en intégrant de nouveau la Légion à la Libération, de façon à ne pas être rapatriés de force dans une Ukraine devenue soviétique. 
       
Une cérémonie en hommage aux légionnaires ukrainiens de Peynier aura lieu le Mercredi 2 Novembre 2011 à 9H30 au Rocher de la Garenne / Sentier des Volontaires ukrainiens – 13790 Peynier. Plus de renseignements auprès de l’ADVULE (Association des descendants des Volontaires Ukrainiens de la Légion Etrangère) annick.bilobran.advule@gmail.com. S’adresser à la même adresse email pour acquérir le livret « Légionnaires ukrainiens à Peynier » de Jacques Chevtchenko.

Voir également : http://pan-doktor-exrudis-vseznayko.over-blog.com/article-sur-les-sentiers-de-leur-gloire-hommages-aux-volontaires-ukrainiens-de-1939-1940-58301479.html dont sont extraites les photos ci-dessous, montrant notamment le Tryzoub, le Trident des patriotes ukrainiens. Celui-ci a été gravé au couteau dans la pierre, près de Peynier, lieu récurrent de marches à 8 km de Fuveau, en souvenir du séjour en ces lieux de 900 Légionnaires ukrainiens. 




1 commentaire:

  1. Merci pour ces informations. Mon père appartenait au 2" RMVE (régiment de marche des volontaires étrangers), il était Ukrainien, de l'Ouest, avec un passeport "Polonais".

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