vendredi 25 novembre 2011

Kaliningrad: bruits de botte ou effets de manches ?


La sortie du Président russe, Dmitri Medvedev, mercredi dernier aura quelque peu surpris les observateurs !  Dans une déclaration télévisée effectuée dans un décor solennel, il a pris pour prétexte le projet (pas nouveau) de déploiement en Europe, par les Etats-Unis et l’OTAN, d’un système de défense (bouclier) anti-missiles (en Pologne, Roumanie, Bulgarie) pour annoncer des mesures de représailles quelque peu paranoïaques.  

On a surtout retenu la menace du déploiement de missiles Iskander dans l’exclave de Kaliningrad, mais c’est en fait tout un catalogue de mesures de rétorsions que le Président russe a annoncé :

Ø           # Mise en alerte immédiate de la station radar de défense avancée contre les missiles, à Kaliningrad.
Ø           # Renforcement de la défense des sites d’armes nucléaires stratégiques.
Ø           # Equipement des missiles balistiques stratégiques avec des têtes de guerre les plus modernes.
Ø           # Arrêt du démantèlement de certains systèmes de défense.
Ø           # Ultime étape : installation de missiles Iskander dans l’ouest et le sud du pays, et notamment à Kaliningrad.

L’Iskander (SS-26 Stone) est un système de missile balistique courte portée – de 280 km (Iskander-E) à 400 km (Iskander-M), voire 500 km (Iskander K) – sur véhicule, de nouvelle génération. Plusieurs types de charges conventionnelles ont été développées, mais il n’est pas à exclure qu’une charge nucléaire ait été également développée pour les besoins russes.


On se croirait revenu à la crise des missiles de Cuba de 1962 ! Bien sûr, la Russie feint de croire qu’elle est la cible de la défense anti-missile.  

Cette annonce tonitruante est-elle à remettre dans le cadre de la campagne électorale russe (les élections législatives auront lieu dimanche prochain, 4 Décembre) ? Il est notoire que l’un des ressorts favoris des autocrates russes est de faire croire au bon peuple que le pays est menacé par les méchants ennemis de l’OTAN, même si on en est parfois réduit  à choisir des ennemis aussi modestes que l’Estonie (2007) ou la Géorgie (2008). Les sondages ne donnant pas à Russie Unie, le parti de Poutine et Medvedev, les résultats dominateurs « habituels », un coup de pouce, grâce au réflexe sécuritaire, ajouté aux « ressources administratives » serait sans doute le bienvenu.

Le plus cocasse, c’est que d’après le site http://red-stars.org/spip.php?article272, un bataillon d’Iskander aurait été déclaré opérationnel depuis le 17 Juillet 2010 à ……Kaliningrad. L’installation d’Iskander à Kaliningrad n’est donc pas un scoop !

Ces rodomontades font suite à une série d’annonces toutes plus belliqueuses les unes que les autres, comme par exemple l’octroi de 26,4 milliards d’€ pour les dépenses militaires en 2012. L’augmentation drastique des dépenses militaires dans le budget 2012 – 2014, aux dépends notamment des budgets d’éducation et de santé, a fait dire que "Le budget 2012-2014 peut être considéré comme militairement orienté". Peut-être que l’apparition d’une menace artificielle serait de nature à faire passer la pilule ?   

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