mercredi 21 décembre 2011

Lettonie: vers un nouveau référendum (2)

La Commission Centrale Electorale lettone a vérifié les signatures qui avaient été récoltées du 1er au 30 Novembre 2011 dans le cadre de la procédure visant à faire du Russe la deuxième langue officielle de la Lettonie.

187 378 signatures ont été validées ce 19 Décembre, ce qui est donc plus que les 154 379 (10 % des inscrits aux dernières législatives) qui étaient nécessaires pour que l’initiative devienne un projet de loi soumis au Parlement.

Conformément à la loi, la Commission Centrale Electorale a transmis le projet d’amendements de la Constitution (concernant les articles 4, 18, 21, 101 et 104) au Président de la République, Andris Bērziņš. Celui-ci l’a soumis à son tour à la Saeima (Parlement) le 20 Décembre, précisant toutefois que l’adoption du projet de loi nuirait à l’unité de la société lettone.
Le Président Andris Bērziņš
Quelle que soit la décision de la Saeima (qui sera très vraisemblablement négative), le projet de loi devra être soumis à référendum dans la mesure où l’article 4 de la Constitution (« La langue lettone est la langue officielle de la République de Lettonie ») est concerné. Ce référendum aura très vraisemblablement lieu le 18 Février 2012.      

(Pour mémoire, texte en Français de la Constitution lettone de 1922, avec toutes les révisions jusqu'à 2009 : http://mjp.univ-perp.fr/constit/lv1922.htm#1)

Pour que le Russe ait le statut de seconde langue officielle, il faudrait que 50 % des Lettons ayant le droit de vote lors des dernières législatives (1 543 786, donc 50 % = 771 893 votes pour) se prononcent pour les amendements à la Constitution.  Quand on sait qu’il y a eu en tout 908 214 votants aux dernières législatives, autant dire que c’est mission impossible.

L’organisation du référendum coûtera 1,7 millions de Lats (2,4 millions d’€) à l’Etat letton, qui, en cette période de crise économique, auraient pu être indubitablement mieux utilisés ailleurs.

Au-delà des aspirations que l’on peut considérer comme légitimes du tiers de la population lettone de langue maternelle russe, on peut voir dans cette initiative la main de la Russie qui voudrait voir se réaliser le rêve du Russe devenant langue officielle de l’Union Européenne. Mais surtout, c’est le signe de l’influence grandissante de l’influence de la dite-Russie en Lettonie, déjà omniprésente dans la sphère économique, influence destinée à empêcher l’unité balte et à contrecarrer tout ce qui irait à l’encontre des intérêts russes. Enfin, on peut y voir une vengeance du Saskaņas Centrs (gauche russophone) qui, bien qu’étant le premier parti de la Saeima (31 députés sur 100), ne participe pas au gouvernement actuel.

Alors que les communautés vivaient en relative harmonie, le Russe pouvant être de facto utilisé quasiment en tous lieux et toutes circonstances, cette initiative risque de radicaliser les positions.



Ce 22 Décembre matin, les députés ont rejeté la proposition de loi par 60 voix contre, aucune pour. Les députés du Saskaņas Centrs n’ont pas pris part au vote.  




  

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