jeudi 15 décembre 2011

L’organisation administrative de la Lituanie “française” en 1812


Le 15 Décembre 1840, les cendres de l’Empereur Napoléon 1er, rapatriées de l’île de Sainte-Hélène par le Prince de Joinville, font leur entrée à Paris par le pont de Neuilly et sont inhumées aux Invalides. Une occasion pour moi de publier un petit texte ayant un lointain rapport : l’organisation administrative de la Lituanie pendant la présence française de Juin à Décembre 1812.

Rappelons que la Grande Armée, et avec elle Napoléon, avait commencé à franchir le Niémen dans la nuit du 23 au 24 Juin 1812, sans rencontrer de résistance. L’Empereur arrive devant Vilnius le 28 Juin 1812 à midi et pénètre dans la ville par la porte de l’aurore (Aušros vartai).
La colline de Gediminas que Napoléon a escaladée à cheval le jour de son entrée à Vilnius

Dès le 1er Juillet est créé le Gouvernement provisoire de Lituanie. Une commission de Gouvernement, composée de 5 membres (nombre porté à 7 le 7 Juillet) et d’un secrétaire général,  est chargée de l’administration du pays, du ravitaillement des troupes françaises et de la formation d’une armée lituanienne. Stanislas Soltan, ancien Maréchal de la Cour de Lituanie est nommé Président de la Commission par ses collègues. La commission de Gouvernement est installée au 8 Bernardinų.

Un Commissaire Impérial est institué auprès de la Commission de gouvernement et représente l’Empereur. C’est le baron Louis Pierre Edouard Bignon, ancien résident de France à Varsovie qui est nommé à ce poste. Il a à côté de lui un Gouverneur général de la Lituanie qui représente le pouvoir militaire. C’est le général comte hollandais Dirk van Hogendorp, ancien Ministre de la guerre de Louis Bonaparte, Roi de Hollande, qui est nommé à ce poste. Il réside au 26 Vokiečių.

La Lituanie est divisée en quatre départements placés sous l’autorité de la Commission de Gouvernement : Vilna (Vilnius), Grodno, Minsk et Bialystok. Chaque département est dirigé par une Commission administrative de 3 membres nommés par l’Empereur. Ces Commissions sont dirigées par un Intendant français, placé, lui, sous les ordres du Commissaire Impérial, le baron Bignon.

Il y a également dans chaque département un gouverneur militaire « français », aux ordres du Gouverneur général de Lituanie, le général van Hogendorp. Par exemple, le gouverneur militaire de Vilna est le général baron suisse Antoine-Henri Jomini, grand tacticien et stratège. Dans chaque département, il y avait encore un directeur de l’artillerie et un autre du génie, un ordonnateur, des commissaires des guerres, ainsi que des fonctionnaires français charges des vivres, des hopitaux, etc.……
  
Les départements furent eux-mêmes subdivisés en districts, administrés par des sous-préfets. A côté de chaque sous-préfet il y avait deux conseillers de districts, des inspecteurs de cantons, des délégués de communes et un commandant de place (dépendant, lui, du gouverneur militaire du département). Les villes reçurent également une administration municipale.
Hugues-Bernard Maret

Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano, Ministre des relations extérieures, resta à Vilna pendant toute la campagne. Il réside au 36 Didžioji. Non seulement il conduisait les affaires diplomatiques, mais il avait la haute main sur toute l’administration lituanienne et les autorités tant lituaniennes que françaises.  Il se concertait avec la Commission de Gouvernement, avec le Commissaire Impérial Bignon et le gouverneur général van Hogendorp. Il est l’intermédiaire entre l’Empereur et le reste de l’Europe, mais il est aussi officieusement chargé de surveiller le pouvoir local.

Napoléon 1er est resté peu de temps à Vilnius (encore qu’on lui ait reproché par la suite d’être resté trop longtemps), du 28 Juin au 16 Juillet 1812. Mais on constate qu’il ne s’est pas contenté d’essayer de faire la guerre contre un ennemi fuyant. Il avait commencé à jeter les bases d’une Lituanie ayant retrouvé son indépendance, se réservant de statuer après la victoire sur son statut définitif. Or, on le sait, de victoire il n’y eut point ! 

D’après « Napoléon et la Lituanie en 1812 », de Bronius Dundulis, 1940 et « Les Français dans l’histoire de la Lituanie », de Gilles Dutertre, 2009


   

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