lundi 26 décembre 2011

Peut-il y avoir un hiver russe ?


Le 25 Décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev démissionnait de son poste de Président de l’URSS. Le lendemain, 26 Décembre 1991, le soviet suprême dissolvait l’URSS et s’auto-dissolvait. La République socialiste fédérative soviétique de Russie devenait la Fédération de Russie.

Exactement 20 ans après, la Fédération de Russie a-t-elle connu un tournant ce 24 Décembre 2011 ?


Certains voient le début de la fin de Poutine dans la manifestation monstre de samedi dernier sur l’avenue Akademika Sakharova (29 000 manifestants selon la police, 120 000 selon les organisateurs, vraisemblablement autour de 80 000 selon des comptages indépendants). Rien n’est moins sûr.

Certes, la situation est nouvelle dans la Russie postsoviétique (mais toujours autoritaire). Le mécontentement semble prendre de l’ampleur et les manifestants demandent, au-delà de l’annulation des élections législatives du 4 Décembre, ni plus ni moins que le départ de Poutine. Il faut dire que la propagande a été un peu trop omniprésente, les fraudes électorales un peu trop visibles et que le traitement par la dérision, voire le mépris, de la précédente manifestation (par exemple Poutine comparant les rubans blancs des manifestants à des préservatifs) a eu l’effet contraire.


Le problème est que le seul point commun entre tous les manifestants, nationalistes, communistes, libéraux, est « La Russie sans Poutine », slogan qui, où que ce soit, n’a jamais constitué un programme de gouvernement. Et les diverses composantes restent opposées entre elles. Même le leader emblématique, l’avocat-bloggeur Alexeï Navalnyï, ne fait pas l’unanimité en raison de prises de positions ultranationalistes.

En outre, on a vu parmi les leaders de l’opposition quelques individualités bien étranges. Ainsi l’ancien Ministre des finances, Alexeï Koudrine, notoirement proche de Poutine, qui a certes démissionné en raison de désaccords avec le président Dmitri Medvedev, mais qui a été un bureaucrate servile pendant 10 ans. Mais surtout le milliardaire candidat néolibéral à la Présidence de la République, Mikkhail Prokhorov, qui ne pourrait être qu’un sous-marin du Kremlin pour diluer et diviser le nouvel électorat protestataire.
  
Par ailleurs, le mouvement reste quasiment limité à Moscou, les manifestations dans les autres grandes villes rassemblant des effectifs beaucoup plus modestes. Il faut dire qu’on y voit surtout les classes moyennes et la génération Facebook, moins représentées dans les provinces.

Enfin, le pouvoir peut jouer sur la léthargie qui va s’emparer de la Russie avec Noël et le Nouvel An orthodoxes pour laisser pourrir la situation. .

Il n’en reste pas moins que quelque chose a changé en Russie. Il y a encore peu, les rares manifestants sur la Place du Manège des 31 du mois se faisaient systématiquement matraquer. Aujourd’hui, compte tenu de leur nombre, les protestataires n’ont plus peur, et c’est donc un important changement de mentalité.
Poutine sera vraisemblablement réélu Président de la Fédération de Russie le 4 Mars. Mais il n’est plus possible qu’il continue à mener la politique coercitive qui est la sienne depuis 2000 avec son régime "d'escrocs et de voleurs". Sinon, sa chute est-elle possible ? Pourquoi pas. Qui aurait parié un kopeck fin 2010 sur le fait que, un an plus tard, ben Ali, Moubarak et Kadhafi ne seraient plus au pouvoir ? 
          


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