mercredi 11 avril 2012

Des missiles S-400 à Kaliningrad


C’est un euphémisme de dire que l’actualité internationale de l’est de l’Europe est peu présente dans les médias français. Actuellement, on peut même dire qu’elle est quasiment absente du débat électoral pré-élections présidentielles. Il y a donc un événement que les médias n’ont pas traité : l’installation de missiles S-400 dans l’exclave russe de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie.


De quoi s’agit-il ?

Selon le journal russe Izvestia, qui tiendrait l’information d’officiels militaires russes non identifiés, la Russie aurait déployé des missiles sol-air mobiles S-400, vendredi dernier 6 Avril dans l’oblast de Kaliningrad, exclave russe entre la Pologne et la Lituanie. Cf. http://izvestia.ru/news/520320 (en Russe). Le Ministère russe de la Défense n’a pas confirmé l’information. Mais le Vice Amiral Viktor Chirkov, de la Flotte de la Baltique, avait déclaré en Février qu’il espérait le déploiement de ces missiles en Avril. 

Le S-400 «Триумф» (code OTAN SA-21 Growler) est une modernisation du système S-300, fabriqué par Almaz-Antey. Il en existe trois versions : 40N6 (portée 400 km), 48N6 (250 km) et 9M96 (120 km). Défensif, il est destiné à détruire des cibles aériennes de tous types (avions, missiles de croisières, drones) dans un rayon maximum de 400 km et jusqu’à 30 km d’altitude. C’est un système, c’est-à-dire que l’ensemble comprend un poste de commandement mobile, jusqu’à 8 véhicules de lancement, un système de maintenance des missiles et un autre de l’installation de tir.
S-400

La Russie possède actuellement deux régiments de S-400, déployés dans la région de Moscou (Elektrostal et Dmitrov). A l’échéance 2013, il était apparemment prévu d’installer un autre Régiment près de Moscou (Zvenigorod), un dans l’Extrême-Orient russe (Nakhodka) et un troisième à Voronej (sud-est de la Russie). La planification aurait donc sensiblement évolué pour équiper Kaliningrad.  

Cette installation répond a priori au projet de l’OTAN d’installer un bouclier antimissile (ou Missile defense), dont le centre de commandement devrait être à Ramstein (Allemagne) et les structures notamment en Turquie, en Espagne, en Roumanie et en Pologne. Ce bouclier devrait être totalement opérationnel qu’en 2018.

Pour la Russie, cette défense antimissile de l’Otan mettrait en péril sa sécurité. A plusieurs reprises, le gentil président Medvedev a tapé du poing sur la table, comme par exemple en évoquant, en mai dernier, une reprise de la guerre froide. Ou encore comme le 23 Novembre, en menaçant d’installer des missiles balistiques offensifs à Kaliningrad. Il avait en effet déclaré que « la Fédération de Russie déploiera dans l’ouest et le sud du pays des systèmes offensifs modernes, qui garantiront la destruction des installations européennes de la défense antimissile des Etats-Unis. {…} Une de ces mesures sera le déploiement d’une batterie de missiles Iskander dans la région de Kaliningrad », avait-t-il précisé.
Iskander-K

L’Iskander (code OTAN SS-26 Stone) est un missile balistique sol-sol, offensif, d’une portée maximum de 500 km pour l’Iskander-K. Le S-400 est, lui, défensif, un bouclier pour protéger contre un autre bouclier qui protège, etc.…… Il reste donc encore de la marge pour l’escalade.

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