lundi 20 mai 2013

Honoré de Balzac et les Pays baltes



Honoré de Balzac (1799 – 1850), né à Tours le 20 Mai 1799, est reconnu comme étant un des écrivains français les plus prolixes. Mais c’était aussi un grand voyageur. Ses voyages en Russie (Saint-Pétersbourg et Ukraine) avaient toutefois un but bien particulier : rencontrer sa « bonne amie » la comtesse Hańska (1801 – 1882).

Née Ewelina Rzewuska, la comtesse Hańska était portée sur le mysticisme et lisait beaucoup de romans français. Devenue une fervente admiratrice de Balzac, elle engagea en 1832 une correspondance avec lui et le rencontra pour la première fois au bord du lac de Neuchâtel. Balzac en tombe amoureux et va la courtiser pendant 17 ans. Ils se rencontrent à plusieurs reprises jusqu’en 1835, mais ce n’est qu’après le décès de son mari, Venceslav Hanski, que la comtesse accepte que Balzac vienne la retrouver à Saint-Pétersbourg, où elle s’était rendue pour régler la succession du comte.

La comtesse Hanska

Le 14 juillet 1843, Balzac fait viser son passeport à l’Ambassade de Russie à Paris et quitte la capitale le 19 juillet 1843 pour s’embarquer à Dunkerque le 21 juillet sur le paquebot à vapeur Le Devonshire. Pendant les 8 jours que va durer le voyage, il va rêver sur un plan de Saint-Pétersbourg. Il arrive à Saint-Pétersbourg le 29 juillet et va y vivre une vie discrète, apparemment suivant le désir de Mme Hańska, soucieuse « de ne pas trop montrer son célèbre et exubérant ami ». Il reçoit toutefois plusieurs invitations et voit même le Tsar « à la distance de cinq mètres » à l’occasion d’une revue de troupes à Krasnoïe Selo, mais ne lui est pas présenté. Durant ces semaines passées à Saint-Pétersbourg, il travaille peu.

C’est le 7 octobre que Balzac quittera Saint-Pétersbourg par la malle-poste, en direction de Berlin. On connaît le comportement de l’écrivain grâce aux lettres qu’un de ses compagnons de voyage, le jeune sculpteur russe Ramazanoff, qui se rendait à Rome, envoie à sa famille.

La forteresse de Narva et, derrière, celle d'Ivangorod

Leur itinéraire passe par Narva, où les lamproies qu’on lui sert au petit déjeuner inspirent a priori du dégoût à Balzac. Ce n’était que le début des déconvenues gastronomiques de l’écrivain. A Dorpat (aujourd’hui Tartu), on lui sert « un bifteck récalcitrant aussi dur que les chemins caillouteux des provinces parcourues », ce qui lui fit dire : « Il faut avoir bien faim pour manger ça; c’est un tour de force » ! A Walki (Valka), c’est une pâtisserie qui n’est pas à hauteur de ses espérances puisqu’il ne subsiste que l’enseigne, représentant des gâteaux. Le passage à Mitau (Jelgava) fut marqué par une altercation entre l’écrivain affamé et les serveuses d’une auberge, pas assez promptes à servir leur hôte. Le met tant attendu se révéla être une mauvaise soupe « Chez nous on donne ça aux cochons » fulmina-t-il. Il se consola avec une omelette qui fut le seul et maigre réconfort de ce triste repas. Heureusement que, pour compenser des qualités gastronomiques perfectibles, Balzac avait emporté un panier rempli de bouteilles de vin de Sauternes, dont la dernière sera ouverte à Tauroggen (Tauragė), à l’occasion du … petit déjeuner.

Le 10 octobre, ils sont effectivement à Tauroggen /Tauragė, aujourd’hui en Lituanie mais alors à la frontière russo-prussienne. Les passagers ne virent pas de sentinelle, la guérite étant cachée par la verdure. Sur la route, il n’y avait que deux poules qui se promenaient. « Voyez, un grand empire comme la Russie est gardé par des poules » s’exclama Balzac !   

Le samedi 14 octobre matin, Balzac arrive à Berlin où il trouve « le premier lit qui ressemble à un lit depuis qu{‘il a} quitté Dunkerque » ! Il sera de retour chez lui, à Passy, le 3 novembre au soir.

On notera que, tout au long du voyage, Balzac irritera régulièrement ses compagnons de voyage, en proclamant « qu’il n’y ait de bien que ce qui est en France ». Le jeune Ramazanoff écrira : « Il était agréable de voir son  attachement à la terre natale s’exprimer dans ses propos impétueux {…}.Mais il n’était pas agréable d’entendre ses comparaisons et ses opinions sur les autres pays ». Un défaut qui reste souvent reproché aux touristes français d’aujourd’hui……  

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