jeudi 26 décembre 2013

26 Décembre 1825 : l’insurrection décabriste à Saint-Pétersbourg


(NB : les dates sont données dans notre calendrier grégorien)

Paradoxalement, alors qu’il avait vaincu Napoléon en 1814 et 1815 et conduit les troupes russes jusqu’à Paris, c’est le Tsar Alexandre 1er qui introduisit le ver dans le fruit. En effet, de retour d’Europe occidentale, de nombreux jeunes officiers, aristocrates russes, se mirent à rêver de la réforme du régime tsariste, inspirée des institutions démocratiques d’Europe occidentale, où le servage était aboli depuis longtemps et où les régimes étaient parlementaires.

Le Tsar Alexandre 1er - Les Grand-ducs Constantin et Nicolas sont ses frères

Or, Alexandre 1er meurt, relativement mystérieusement, le 1er Décembre 1825 à Taganrog, dans le sud de la Russie. Il s’ensuit une période de flou de trois semaines. En effet, le premier dans l’ordre de succession, le Grand-duc Constantin Pavlovitch, frère du feu Tsar, avait renoncé depuis 1823 au trône en raison de son mariage morganatique, mais cette disposition avait été tenue secrète. Le suivant, le Grand-duc Nicolas Pavlovitch, ignorait qu’il avait été désigné héritier présomptif !

Il s’ensuivit un sketch de plusieurs jours où les deux frères s’échangèrent des lettres (Constantin résidait en Pologne), l’un (Nicolas) prêtant serment à l’autre, l’autre (Constantin) réaffirmant sa renonciation au trône de Russie.   

Le 26 Décembre 1825, alors que le Grand-duc Nicolas hésite encore à succéder à son défunt frère, l’un des chefs des insurgés, le Prince Serge Troubetzkoï réunit les Officiers réformateurs sur la place du sénat à Saint-Pétersbourg et tente de soulever la garnison. Le but du coup d’Etat est d’imposer un train de réformes abolissant le servage et garantissant la liberté d’opinion et d’expression.

Sur la place du Sénat, à Saint-Pétersbourg

Le gouverneur de la capitale, le Général comte Mikhaïl Miloradovitch, venu parlementer, est malencontreusement tué. Le Grand-duc Nicolas donne alors l’ordre de tirer au canon contre les insurgés. A la fin de la journée l’insurrection était écrasée dans le sang (70 morts).

Cinq des conjurés furent condamnés à mort par pendaison, des dizaines (121) furent condamnés à l’exil en Sibérie, deux se suicidèrent avant d’être condamnés. Pendant tout son règne, Nicolas 1er s’inscrira dans le conservatisme le plus absolu. La crise décabriste lui sert de prétexte pour installer un régime particulièrement répressif fondé sur l’ordre et la discipline militaire. Mais c’est sous son règne qu’aura lieu la guerre de Crimée qui révélera les faiblesses structurelles de l’Empire russe.

Le Tsar Nicolas 1er 

Ce n’est qu’à la mort de Nicolas 1er et à l’avènement de son fils Alexandre II (couronné le 7 septembre 1856), dit « le Libérateur », que les quelques survivants (une vingtaine) seront autorisés à rentrer chez eux.  

Cette page révolutionnaire de la Russie ne pouvait qu’être commémorée par le pouvoir soviétique, comme le montrent par exemple ces timbres émis en 1950.


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