samedi 22 février 2014

Ukraine : l’accord qui ne résout peut-être pas tout



L’information va très vite en ce samedi 22 Février. Entre le moment où j’ai commencé à écrire cet article et sa publication, Ioulia Tymochenko a été libérée et des bruits ont couru selon lesquels Viktor Ianoukovytch (dont on ne sait toujours pas vraiment où il est) aurait démissionné.  

Il aura fallu plusieurs dizaines de morts ces trois derniers jours (officiellement 77 morts) pour que l’Union Européenne prenne les choses en main et qu’un accord soit signé.



Les points principaux de cet accord sont les suivants :
      # Restauration de la Constitution de 2004, qui donne moins de pouvoir au Président ;
      # Constitution d’un gouvernement d’unité nationale ;
      # Engagement d’une réforme de la Constitution, afin d’équilibrer les pouvoirs du Président, du gouvernement et du Parlement ;
      # Organisation d’une élection présidentielle anticipée (un projet de loi a été déposé ce matin pour qu’elle se tienne le 27 Avril 2014)
      # Une série de mesure sur la violence, l’occupation des rues et les responsabilités des violences.  

Sentant le vent tourner, une trentaine de députés du Parti des Régions qui soutenait Ianoukovytch ont retourné leur veste et votent désormais avec l’opposition.

Il a notamment été voté, dans la foulée de l’accord, une loi abolissant l’article du code pénal au titre duquel a été condamnée l’opposante emblématique, Ioulia Tymochenko (condamnée en 2011 à 7 ans de prison pour abus de pouvoir), et ouvrant théoriquement la voie à sa libération. Cette libération reste toutefois tributaire d’une décision judiciaire.



Mais l’accord ne satisfait pas une partie des insurgés de Maidan qui exige que le président Ianoukovytch démissionne immédiatement. Ils ont fixé un ultimatum à ce samedi 22 Février, 10H00 locales, pour que Ianoukovytch démissionne. Une procédure de mise en accusation du Président (impeachment) pourrait être engagée si elle récolte 300 voix des députés.

Mais on ne sait pas exactement où est le Président Viktor Ianoukovytch. Il aurait pris un avion avec le Président de la Verkhovna Rada (Parlement) Volodymyr Rybak et le Chef de l’Administration présidentielle, Andriy Kluyev. Mais Volodymyr Rybak était ce matin à l’ouverture de la session du Parlement et a annoncé sa démission « pour raison de santé » ! L’avion avait été annoncé cette nuit à Kharkiv (est de l’Ukraine), ce que l’aéroport a d’abord démenti, avant de se reprendre. La route déposée était Kyiv – Kharkiv – Marioupol (sur la Mer d’Azov) – la Russie. Sur les réseaux sociaux, on annonce que l’avion se serait en fait posé ce matin à Fujaïrah (Emirats Arabes Unis), sans que l’on sache si Ianoukovytch est à son bord ou pas.

Il n’est par ailleurs pas inutile de préciser que le représentant russe, contrairement aux Ministres des Affaires Etrangères occidentaux, n’a pas signé l’accord. Il est en cela en phase avec la presse russe dont le ton n’est pas vraiment à l’apaisement puisqu’elle parle de « terroristes » pour qualifier les opposants au gouvernement ukrainien, l’hebdomadaire « Argumentii » allant jusqu’à écrire que l’opposition ukrainienne était en train de préparer « une invasion européenne de l’Ukraine » similaire à celle conduite par Hitler en 1941 contre l’URSS ! Excusez du peu !!     

"Terroriste"

Il y avait par ailleurs un risque de Sécession de la Crimée. Ce risque semble s’être éloigné, du moins provisoirement. Mais certaines sources font état de déclarations de responsables russes disant que la Russie serait prête à intervenir pour « protéger ses ressortissants ». Comme en Géorgie en 2008.

Si l’avenir politique de l’Ukraine reste flou, l’avenir économique s’annonce, lui, dramatique. L’Ukraine est en effet actuellement au bord de la faillite. La Russie avait octroyé un prêt de 15 milliards de US$, dont elle a versé une première tranche, et une réduction sur le prix du gaz. Mais elle risque d’arrêter là ses « largesses » si le futur régime ne correspond pas à ses vues. Il sera alors indispensable que l’UE et le FMI prennent le relais.

Hier vendredi, l’agence de notation Standard & Poor’s a d’ailleurs de nouveau abaissé la note de l’Ukraine (pour la deuxième fois en trois semaines) à CCC, assortie d’une perspective négative.  


Une victime collatérale de l’accord est …… Lénine, dont les statues tombent les unes après les autres à travers l’Ukraine. Mais là, on ne s’en plaindra pas ! 


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