lundi 21 avril 2014

La "Nouvelle Russie"

Vladimir Poutine

A l’occasion de son show « Questions et réponses » du 17 Avril, Vladimir Poutine a attiré l’attention des observateurs en utilisant le terme Новороссия, Novorossia pour désigner la partie est et sud de l’Ukraine. Il faisait ainsi référence à une entité administrative en vigueur dans l’empire russe de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle.

Entre le XVIe et le XIXe siècle, la Russie et l’Empire ottoman se sont opposés onze fois dans des conflits livrés à intervalles réguliers. La 6ème guerre russo – turque (1768 – 1774) s’était achevée par le Traité de Kütchück-Kajnardja qui donnait son indépendance théorique au Khanat de Crimée, de facto sous protectorat russe.

Catherine II

La 7ème guerre russo-turque (1787 – 1792) est déclenchée par Catherine II, sous l’influence de son ex-amant le Feld-maréchal Prince Grigori Potemkine. Elle veut continuer l’extension de son empire vers le sud en expulsant les Turcs d’Europe et en recréant l’Empire de Byzance. La Russie avait déjà annexé la Crimée le 19 Avril 1783 et fait de la Géorgie un protectorat (comme quoi l’histoire n’est qu’un éternel recommencement !).

Inquiet de l’expansion russe vers le sud, le sultan lança le 14 Août 1787 un ultimatum à la Tsarine, demandant l’évacuation de la Crimée et de la Géorgie. L’ambassadeur russe à Constantinople fut arrêté, ce qui entraîna la déclaration de guerre de la Russie à l’Empire ottoman le 15 Septembre 1787. L’Empire d’Autriche se joignit à la Russie le 9 Février 1788 qui lui avait promis la Bosnie, la Serbie et l’Albanie. Mais à la mort de l’Empereur Joseph II, son successeur Léopold II abandonne son allié russe.

Le 9 Janvier 1792 est signé le Traité d’Iaşi par lequel la Turquie ottomane reconnaît l’annexion par la Russie du Khanat de Crimée et de la province Turque du Yédisan (partie nord-est de l’actuel oblast d’Odessa, comprenant le littoral de la Mer Noire entre Boug et Dniestr). Une partie des Tatars de Crimée furent expulsés vers l’Empire ottoman et furent remplacés par des Russes, des Ukrainiens et des Grecs pontiques (populations hellénophones du pourtour de la Mer Noire) dans ce qui devint alors la « Nouvelle Russie ».


Un des premiers gouverneurs de la « Nouvelle Russie » (de 1803 à 1814) sera Armand Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu, dont la statue en Empereur romain ( !) domine l’escalier dit de Potemkine à Odessa. Sous son gouvernorat, la Bessarabie (peuplée de Moldaves) et la gouvernement de Rostov (peuplé de Circassiens) seront rattachés à la Nouvelle Russie et des colons russes et ruthènes (= ukrainiens) y seront installés. Son successeur, de 1815 à 1823, à la tête de la « Nouvelle Russie » sera Alexandre Louis Andrault, comte de Langeron (c’est lui qui prendra Montmartre le 30 Mars 1814 au nom de la Russie).

Statue du Duc de Richelieu à Odessa

On voit donc que le terme de « Nouvelle Russie » employé par Vladimir Poutine englobe historiquement des territoires axés plus vers le littoral de la Mer Noire que vers l’est de l’actuelle Ukraine. Une indication pour l’avenir ?  




  

  


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