vendredi 1 août 2014

31 juillet 1991 : assassinats à Medininkai (Lituanie)


Le 11 mars 1990, la Lituanie proclamait son retour à l’indépendance, après 50 ans d’occupation soviétique. L’Union soviétique n’acceptant pas cette indépendance, elle va essayer de faire plier la jeune démocratie lituanienne en imposant, d’avril à juin 1990, un blocus économique. Puis elle envoie ses OMON (ОТРЯД МИЛИЦИИ ОСОБОГО НАЗНАЧЕНИЯ = Police des Forces Spéciales) attaquer, entre autres, les postes frontières qu’elle considère comme illégaux.

A la suite de l’attaque de la tour de télévision de Vilnius, du 11 au 13 janvier 1991, au cours de laquelle 14 civils sont tués, les troupes soviétiques attaquent et brûlent les postes frontières de Medininkai et Lavoriškės le 27 janvier 1991. Déjà, le 19 mai 1991, un Officier des gardes frontières, Gintaras Žagunis, est tué.

C’est le 31 juillet 1991, à 4 heures du matin, qu’a lieu le massacre du poste frontière de Medininkai. Un groupe d’OMON venu de Riga fait prisonnier les sept agents des douanes (non armés) et policiers et les exécute d’une balle à la base de la nuque alors qu’ils sont ligotés au sol.



Les victimes sont :

Mindaugas Balavakas
Algimantas Juozakas
Juozas Janonis
Algirdas Kazlauskas
Antanas Musteikis
Stanislovas Orlavičius
Ričardas Rabavičius



Un douanier, Tomas Šernas, survivra miraculeusement mais restera sévèrement handicapé, cloué à vie dans une chaise roulante. Depuis, il assiste à toutes les cérémonies commémoratives. A l’époque, il était biologiste au zoo de Kaunas et il s’était dit qu’il devait faire quelque chose pour son pays nouvellement indépendant. C’est ainsi qu’il s’était porté volontaire comme agent des douanes, ce qui était également le cas des autres victimes. Il est aujourd’hui pasteur de l’Eglise Réformée à Vilnius.

Tomas Šernas

Cette affaire empoisonne toujours les relations entre la Lituanie et la Russie. Un seul des auteurs de l’assassinat (ainsi qualifié car la préméditation a été retenue), Konstantin Mikhailov, a été arrêté en 2008 et pu être jugé et condamné à la prison à vie. Les autres, et notamment le chef du détachement OMON, Cheslav Mlynik, étant citoyens russes, la Russie refuse de les extrader, argumentant que ça violerait la Constitution russe.

L’ancien poste frontière de Medininkai est devenu un mémorial, à 100 mètres du poste de douane actuel avec le Bélarus. S’il n’est pas ouvert, la clé peut être empruntée au poste de douane. Les 7 victimes sont enterrées au cimetière d’Antakalnis à Vilnius. Les OMON existent toujours et se sont encore récemment « illustrés » en Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000) et en Géorgie (2008).




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