mardi 12 août 2014

Nuit du 12 au 13 août 1961 : construction du mur de Berlin



Les 4 secteurs d'occupation de Berlin

« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître », mais qui, personnellement m’aura marqué.

Depuis sa création le 7 octobre 1949 dans la zone d’occupation soviétique, la République Démocratique Allemande (RDA, en allemand DDR) subit une forte émigration de ses habitants vers la République Fédérale d’Allemagne (RFA, en allemand BRD) constituée par les zones françaises, britannique et américaine. Entre 1949 et 1961, ce sont 2,6 à 3,6 millions d’Allemands qui fuient la RDA via Berlin, où il suffit de prendre le métro pour passer à l’ouest.

Comme l’émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur et menace l’existence même de la RDA. Avant même la construction du mur, la police de la RDA (notamment la Stasi, calquée sur le KGB mais améliorée par la Gestapo) surveille aux points d’accès vers Berlin-ouest ceux qu’elle désigne comme « contrebandiers » ou « déserteurs de la République ». En outre, en 1961, la RDA est au bord de l’effondrement économique et social.

Côté Berlin-Est, suivant une dialectique qui n’a pas perdu de son actualité, on expliquera que la construction de ce « mur de protection antifasciste » (sic) était rendue nécessaire pour s’opposer « au terrorisme occidental qui sévit en RDA » (re-sic).

Lors du sommet des pays membres du Pacte de Varsovie (3 – 5 août 1961), a lieu une rencontre entre Nikita Khrouchtchev (Premier secrétaire du comité central du PC de l’Union soviétique) et Walter Ulbricht (Secrétaire général du comité central du Parti socialiste unifié d’Allemagne – sous-entendu de l’Est). Le communiqué final du sommet propose de « contrecarrer à la frontière avec Berlin-Ouest les agissements nuisibles aux pays du camp socialiste et d’assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace ». 


    
Le 11 août 1961, la Chambre du Peuple (Volkskammer = Parlement de la RDA) donne les pleins pouvoirs au Conseil des Ministres. Le 12 août, ce dernier adopte un décret dénonçant la politique d’agression impérialiste des Occidentaux et instaurant un contrôle très strict des frontières séparant Berlin-Ouest et Berlin-Est. Il décide de l’emploi des forces armées pour occuper la frontière et y ériger un barrage.



Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat, en cas de réaction des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux parties de la ville sont interrompus.



Au début, le « mur » consiste en un rideau de fils de fer barbelés, qui restera franchissable jusqu’en septembre. Rien que dans les forces de surveillance, 85 hommes passent à l’ouest, le plus célèbre d’entre eux étant le jeune douanier (19 ans) Hans Conrad Schumann, immortalisé en train de sauter les barbelés le 15 août 1961.



Dans les semaines qui suivirent, le mur sera fait de béton et de briques, puis muni de divers dispositifs de sécurité, entourant complètement la partie ouest de Berlin qui devient une enclave au milieu des pays de l’Est.

Il faudra attendre le 9 novembre 1989, soit plus de 28 ans et des dizaines de morts plus tard (le nombre des victimes est incertain et fait l’objet de controverses), pour que cesse cette anomalie de l’histoire de l’Europe.  




J’ai personnellement passé le Check-point Charly en tenue militaire, un soir de mai 1984. Ce n’est pas un exploit, mais ça restera un grand souvenir de mon histoire personnelle. Je pensais à ce moment-là que, moi, je pouvais aller et venir sans aucun contrôle, mais que des familles étaient, elles, séparées depuis plus de vingt ans par un « mur de la honte ».










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