mardi 7 octobre 2014

7 octobre 1920 : traité de Suvalkai

Délégués polonais (à gauche) et lituaniens à la conférence de Suvalkai

Ça commence à se savoir : au XVème siècle, le Grand-duché de Lituanie était le plus grand Etat européen, s’étendant de la Mer Baltique à la Mer Noire. Amputé d’une partie de son territoire au profit du Royaume de Pologne au traité de Lublin (1er Juillet 1569), il disparaîtra en tant qu’Etat souverain lors du troisième partage de la Pologne – Lituanie (1795).

A l’issue de la Première Guerre Mondiale, la Lituanie retrouvera son indépendance, mais elle partage le territoire de l’ancien Grand-duché avec la République de Pologne et une éphémère République Démocratique de la Ruthénie Blanche (appelée aussi République Nationale Bélarusse). En outre, les frontières sont seulement vaguement définies par le Traité de Versailles (28 Juin 1919). Le Chef d’Etat polonais, le Maréchal Józef Piłsudski, estima alors que c’était le bon moment pour étendre les frontières de la Pologne et imagina de créer une fédération d’Etats centre et est européens, la Międzymorze (entre les mers), dirigée par la Pologne, fédération qui ferait tampon entre les impérialismes allemand et russe. 

Le Maréchal Józef Piłsudski en 1920


Il s’ensuivit à partir de 1919 une série de conflits frontaliers qui dégénérèrent, d’une part à partir de Février 1919, en une véritable guerre entre la Pologne et la Russie soviétique, et d’autre part à partir d’août 1920, en une guerre entre la Pologne et la Lituanie.

La guerre entre la Pologne et la Lituanie éclata lorsque les deux Etats s’affrontèrent à propos des  régions de Suvalkai et de Vilnius, à partir du 26 août 1920. Les premiers combats eurent lieu le 22 Septembre 1920. La Société des Nations (SDN) s’impliqua pour qu’il y ait des négociations et un cessez-le-feu, appelé Traité de Suvalkai (Suvalkų sutartis), fut signé le 7 octobre 1920 à minuit. Il devait prendre effet le 10 Octobre à midi. Le cas de Vilnius n’était pas explicitement abordé dans le Traité, mais la capitale lituanienne était derrière les lignes lituaniennes et abritait une garnison lituanienne. Ce n’était donc pas censé poser problème.

Le général Lucjan Żeligowski

Mais, dès le 8 octobre 1920, le général polonais Lucjan Żeligowski, à la tête de la 1ère Division Lituano-biélorusse, lança une attaque contre les unités lituaniennes de la région. La Pologne déclara qu’elle n’y était pour rien et que le général Żeligowski s’était rebellé. Cette version fut contredite ultérieurement par Piłsudski lui-même, quand il déclara, en août 1923, au théâtre de Vilnius, qu’il avait donné personnellement les ordres pour l’attaque.

Le 12 octobre 1920, le général Żeligowski proclama la République de Lituanie Centrale  et annonça la formation d’un gouvernement et la tenue d’élections le 9 janvier 1921, mais qui furent finalement reportées d’un an, au 8 janvier 1922. Les Lituaniens, la plupart des Juifs et de nombreux Biélorusses boycottèrent le scrutin.

En vert, la "République de Lituanie centrale"


Les factions polonaises qui avaient gagné les élections (il faut dire qu’elles étaient seules en lice) demandèrent le 20 février 1922 que la « République de Lituanie centrale » soit incorporé à la Pologne, ce qui fut accordé par le Parlement Polonais (le Sejm) le 22 mars 1922.  

(NB : Toute ressemblance avec des événements récents en Ukraine, notamment en Crimée, ne serait pas fortuite)

Le contentieux entre la Lituanie et la Pologne perdura pendant toute la période entre les deux guerres mondiales et cette occupation est encore bien présente dans les mémoires – notamment lituaniennes - aujourd’hui. La Lituanie ne récupérera sa capitale Vilnius que le 10 octobre 1939, après que l’Union soviétique et l’Allemagne nazie, eurent envahi et occupé la Pologne.



1 commentaire:

  1. Bonjour.
    Je fais des recherches actuellement sur le rôle de mon grand-oncle Paul Mantoux à la SDN. Je viens de découvrir votre blog.
    Ce matin j'ai pu photocopier un document qui peut vous intéresser. Je vous l'adresse.
    Cordiales salutations.
    Ariel Conte
    ariel.conte@orange.fr

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