En ce 28 juillet, jour
anniversaire de la mort du Prince de Kyiv Volodymyr le Grand, l’Ukraine célèbre
le baptême de la Rus’ de Kyiv. Cet anniversaire a cette année un relief
particulier puisque ça fait 1000 ans que Volodymyr est décédé (15 juillet 1015
suivant le calendrier julien, 28 juillet
1015 suivant le calendrier grégorien).
Volodymyr (gravure de 1889) |
Fils de
Sviatoslav I Ihorovych dit le Brave, Grand Prince de Kyiv, petit-fils de la
Princesse Olha (Olga) devenue Sainte, Volodymyr le Grand (Володимир en Ukrainien, vers 956 – 1015) est un
Riourikide, c’est-à-dire de cette dynastie d’origine Varègue (= viking), issue
de Riourik, premier Prince de Novgorod, dynastie qui régna sur la Rus’ de Kyiv
jusqu’en 1240. Bien que le Christianisme fût connu dans la région depuis le 1er
siècle après Jésus-Christ et que sa grand-mère Olga se soit convertie,
Volodymyr était lui-même encore païen. Il fut d’abord Prince de Novgorod avant
de devenir Grand-Prince de Kyiv, régnant de 980 à 1015.
En 987, l'empereur
byzantin Basile II « tueur de Bulgares » lui demande de l'aide pour mettre fin
à la révolte du général usurpateur Bardas Phocas. Volodymyr lui envoie 6 000
guerriers Varègues et obtient en échange la main de la princesse Anna
Porphyrogénète, sœur de l’Empereur. La princesse sera envoyée à Kyiv, malgré
ses réticences, avec une ambassade. Après son mariage, Volodymyr renonce au
paganisme et à ses nombreuses concubines. Il reçoit le baptême en 988 et impose à son peuple le christianisme de rite
byzantin.
Baptême de Volodymyr |
Volodymyr,
d'après la tradition, avait envoyé des ambassadeurs recueillir de plus amples
renseignements sur les principales religions connues à l’époque, le
christianisme latin, le christianisme orthodoxe, le judaïsme et l'islam.
L'islam des Bulgares respire la tristesse dirent les envoyés; les offices
latins des allemands sont dépourvus de beauté. A Constantinople, la splendeur
de la liturgie célébrée dans l'église Sainte Sophie, l'encens projeté vers le
ciel par le balancement des lourds encensoirs, l'or des icônes, les hymnes
célestes transportent d'enthousiasme les âmes slaves des envoyés du prince: «
Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre ! C'est là que Dieu
demeure avec les hommes ! ». Volodymyr se fait donc baptiser dans le christianisme
orthodoxe, apparemment à Cherchonèse en Crimée, puis dans le Dniepro pour sa
Droujina (les amis et les serviteurs du Prince) et ses sujets.
Une évangélisation plus profonde
du pays suivit rapidement cet acte fondateur du baptême de la Rus’. Car nous
parlons bien là d’une principauté médiévale slave orientale, la Rus’ ou
Ruthénie (rousskaya zemlia ou terre ruthène), qui exista entre environ 860 et
le milieu du XIIIe siècle, époque où elle se désagrégea en une multitude de
principautés avant de tomber formellement devant l'invasion mongole de 1240. Au
XIe siècle, la Rus’ de Kyiv était le plus grand État d’Europe en
superficie (cf. ci-dessous). Aujourd’hui, non seulement l’Ukraine mais aussi le
Bélarus et la Lituanie peuvent en revendiquer l’héritage.
Pour l’anecdote, la Russie
va aussi fêter le 1027ème anniversaire de son baptême. Le plus
cocasse, c’est qu’il y a 1027 ans, la Russie n’existait pas, ni même la
Moscovie qui l’a précédée. On se trouve en effet devant une remarquable
captation de l’histoire ! On retiendra que c’est le Tsar Pierre 1er, en voleur d’ethnonyme, qui en 1721, grâce à un tour de passe-passe linguistique, fera de la Moscovie le Rassìïskaïa Impèria, faisant croire à une continuité entre la Rus’ et la Russie, supercherie encore en vigueur aujourd’hui.
A ce
propos, on lira avec intérêt (et minutie) l’article
http://pan-doktor-exrudis-vseznayko.over-blog.com/article-empire-des-mots-mots-d-empire-45683889.html