mardi 20 octobre 2015

19 octobre 1812 : Napoléon quitte Moscou



L’entrée de la Grande Armée en Russie, le 24 juin 1812, par la traversée du Niémen à côté de Kaunas, s’était faite sans pratiquement tirer un coup de feu. Napoléon 1er cherchait LA bataille décisive qui forcerait le Tsar Alexandre 1er à déposer les armes. Mais, selon une stratégie prônée par le Ministre de la guerre, Michel Barclay de Tolly, qui commandait la 1ère armée de l’ouest pendant la campagne, les Russes pratiquaient la tactique de la terre brûlée en se dérobant, attirant la Grande Armée dans les profondeurs de la Russie.

Le Maréchal Koutouzov à Borodino / la Moskova

Mais cette stratégie étant combattue par l’entourage du Tsar, notamment par le Prince Bagration, le Tsar est contraint de rappeler le 29 Août 1812 le « vieux » prince Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov, tombé en disgrâce après la défaite d’Austerlitz. Initialement, Koutouzov suivit la même stratégie que Barclay, avant d’accepter la bataille à Borodino, appelée bataille de la Moskova par les Français, 12 km à l’ouest de la ville de Mojaïsk.

La victoire est française et elle permet à Napoléon d’entrer dans Moscou une semaine plus tard, le 14 Septembre 1812 à 2 heures de l’après-midi. Le 12 Septembre, à la « conférence de Fili », Koutouzov avait décidé d’abandonner Moscou, en dépit de l’opposition de ses jeunes généraux.



Les premiers incendies éclatèrent le 14 Septembre vers 5 heures du soir. Au début, ils furent mis sur le compte de la négligence des soldats. Mais, plus tard dans la soirée, et surtout le lendemain, les trois quarts de la ville brûlaient et des mèches étaient retrouvées, attestant de mises à feu volontaires dans des dizaines d’endroits. Le feu se développait rapidement, dans la mesure où la plupart des maisons étaient en bois. L’incendie ravagera la ville pendant quatre jours.

Il ne fait aujourd’hui plus de doute que cet incendie avait été préparé et allumé selon les ordres du gouverneur de la ville, le comte Fiodor Rostopchine. Le fait que toutes les pompes à incendies aient été détruites ou emmenées, et les stocks de nourriture pillés ou détruits, était significatif. De même, Rostopchine avait ouvert les portes des prisons, libérant 2 à 3 000 criminels à qui il avait dit : « Vous avez commis quelques crimes ; mais vous n'en êtes pas moins de vrais Moscovites, et vous expierez vos fautes en servant dignement votre patrie ».  

Le comte Rostopchine

Napoléon dut même quitter le Kremlin menacé par les flammes le 16 septembre et se réinstaller en dehors de la ville, au château de Petrovsky. Il y reviendra le 18 Septembre, attendant toujours une demande de paix d’Alexandre, demande qui ne vint jamais.  

La Grande Armée commencera à quitter Moscou le 18 octobre, en direction de Kaluga (sud-ouest) où ils trouveraient de la nourriture et du fourrage, ces régions fertiles n’ayant pas été touchées par la guerre. Napoléon sort personnellement de la capitale russe le 19 octobre et donne l’ordre au Maréchal Mortier, qui avait été nommé gouverneur du Kremlin, de faire sauter celui-ci lors de son départ, le 23 octobre.

Le Maréchal Mortier

Le 24 Octobre, le détachement d’avant-garde du prince Eugène de Beauharnais se heurte au Général Doctorov à Maloïaroslavets. Le village est pris et repris 6 fois. N’arrivant pas à établir une tête de pont solide, Napoléon (qui avait failli être capturé par les Cosaques) décide de rebrousser chemin et de reprendre la route de Mojaïsk, déjà empruntée à l’aller. Mais celle-ci avait été saccagée et était dépourvu de possibilités de ravitaillement. La catastrophique retraite de Russie commençait, au cours de laquelle les débris de la Grande Armée seront continuellement harcelés.

La campagne de Russie, pour désastreuse qu’elle fut, aura toutefois montré deux principes qui restent encore valables aujourd’hui : la logistique est dimensionnante et l’ennemi ne joue pas toujours le rôle qu’on voudrait lui voir jouer. 

Débris de la Grande Armée devant l'hôtel de ville de Vilnius



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