En préambule,
il n’est pas inutile de rappeler que, le 23
août 1939, l’Allemagne nazie et la Russie soviétique avaient signé le pacte
dit Molotov – Ribbentrop par lequel elles se partageaient les Etats souverains
qui se trouvaient entre elles. C’est en vertu de ce pacte que, les 15 et 16 juin 1940, l’URSS procède à l’occupation
puis à l’annexion les Etats baltes, avec leur cortège d’exécutions, d’emprisonnements
et de déportations.
Le 11 mars
1990, à 22H44, le Soviet Suprême de Lituanie, devenu Diète Reconstituante,
adoptait l’Acte de rétablissement de l’Etat indépendant de Lituanie. La Diète
déclarait également le retour en vigueur de la Constitution de 1938, afin de
bien monter la continuité de la souveraineté de la Lituanie, occupée depuis 50
ans par l’Union soviétique.
Janvier 1991 : la foule devant le Seimas (Parlement lituanien) |
Pour cause de
Perestroïka, les autorités soviétiques ne réagirent pas tout de suite, jusqu’au
début de 1991.
Le 2 janvier
1991, à Riga, capitale de la Lettonie, ce sont les
troupes spéciales du Ministère de l’Intérieur d’URSS qui investissent
l’imprimerie d’où sortent presque tous les journaux du pays. Le 7 Janvier, ce
sont les parachutistes du Ministère de la Défense d’URSS qui sont dépêchés dans
les trois Etats baltes pour contraindre les conscrits à rejoindre l’armée
soviétique. A Vilnius, où les blindés soviétiques patrouillent dans les rues,
le Président Vytautas Landsbergis, issu des élections démocratiques de
1990, appelle la population lituanienne à se rassembler pour exiger liberté et
indépendance.
Le 10 janvier, Mikhaïl
Gorbatchev, président non élu d’URSS, exige du « soviet suprême de
Lituanie » la restauration de la Constitution soviétique. Les dirigeants
lituaniens se tournent vers les gouvernements occidentaux à qui ils demandent
d’être garants de l’indépendance de leur pays. Ceux-ci pensent généralement que
Gorbatchev ne bougera pas.
Vytautas Landsbergis passant les sacs de sable protégeant le Seimas |
Les 12
et 13 janvier à Vilnius, alors que le monde entier a les yeux tournés
vers l’Irak où la guerre va bientôt se déclencher (premières frappes aériennes
le 16 Janvier), les parachutistes de l’Armée rouge tentent de prendre le
contrôle de la tour de télévision lituanienne, défendue par des civils sans
arme. On y relèvera 14 morts et plus de 600 blessés. Le 13, Gorbatchev
s’entretient au téléphone avec Vytautas Landsbergis à qui il assure n’avoir
appris les faits qu’après coup. Qui peut croire ça une seule seconde, dans
l’URSS hyper centralisée ?! Une partie du monde a enfin ouvert les yeux et
découvert le vrai visage du « gentil Gorby », lauréat du Prix Nobel
de la paix, tellement adulé à l’ouest.
Des civils lituaniens face aux OMON soviétiques |
Pendant ces
journées, des milliers de Lituaniens formeront un rempart humain pour défendre
le Parlement et empêcheront ainsi sa prise d’assaut.
A Riga, c’est
le 17 janvier que les militaires soviétiques se heurtent aux
civils qui avaient mis en place des barrages pour bloquer les accès de la
ville. Un manifestant est tué. Le 20 janvier, quatre personnes sont
tuées lorsque les forces spéciales du Ministère de l’intérieur d’URSS donnent
l’assaut au Ministère de l’Intérieur letton à Riga.
Vytautas Landsbergis et Boris Eltsine à Moscou en 1991 |
Dès le 13 janvier,
Boris Eltsine, Président élu de la Fédération de Russie, avait condamné
l’attaque et avait reconnu la souveraineté des Etats baltes, tout en organisant
celle de la Russie. A Moscou, 100 000 personnes étaient descendues dans la
rue pour protester contre la répression qui sévissait dans les républiques
baltes. Gorbatchev recula, les
Lituaniens avaient fait reculer l’Union soviétique. Mais celle-ci
continuera à tuer : 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens sans armes
seront assassinés à Medininkai le 31
Juillet 1991.
On me dira que
tout ça c’est le passé. Outre que 25 ans, ce n’est pas si vieux que
ça, alors qu’on juge toujours des criminels nazis, la Russie d’aujourd’hui
refuse toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des Etats baltes. Et
son autocrate, Vladimir Poutine, a toujours considéré le démantèlement de
l’URSS comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ! D’autres,
comme Vladimir Jirinovski, demandent ouvertement le « retour » des
Etats baltes au sein de la Russie ! Aujourd’hui, on réhabilite même
Staline !
Oui, il faut écouter les Lituaniens
quand ils disent que la Russie est toujours un danger pour l’équilibre de la paix en
Europe !
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