dimanche 25 septembre 2016

Mérimée et la Lituanie : « Lokis »

Prosper Mérimée

Prosper Mérimée est né le 28 Septembre 1803 à Paris et est décédé le 23 septembre 1870 à Cannes. Aujourd'hui, 25 septembre, est donc un bon prétexte pour évoquer les rapports avec la Lituanie de celui qui fut certes écrivain, mais aussi Inspecteur général des monuments historiques, Académicien Français, Sénateur et Grand Officier de la Légion d'Honneur,

De lui, on connaît la dictée destinée, en 1857, à distraire la cour de Napoléon III au château de Compiègne. On sait également qu’il fut un écrivain prolixe à qui on doit, entre autre, « Carmen » dont s’est inspiré Georges Bizet pour écrire son œuvre, un des opéras les plus joués au monde.

On sait peut-être moins qu’à partir de 1834, il devient inspecteur des monuments historiques et qu’à ce titre il parcourra la France pour en inspecter les monuments et confier certaines restaurations à Viollet-le-Duc. A partir de 1842, il initie d’ailleurs un classement des monuments historiques auquel la « Base Mérimée » actuelle rend hommage. 

Parallèlement, il mène, à partir de 1825 (parution de « Les Espagnols au Danemark ») une vie d’auteur. Les histoires qu’il raconte se passent souvent à l’étranger et sont souvent pleines de mystère. Parlant en outre anglais, arabe, russe et grec, il sera un des premiers traducteurs du russe vers le français.



C’est a priori au printemps 1867 que « Lokis » a été conçu, mais il ne parut que le 15 Septembre 1869 dans la « Revue des Deux Mondes » sous le titre « Le Manuscrit du professeur Wittembach ». Cette nouvelle raconte l’histoire d’un philologue prussien qui effectue un séjour dans le château d’un mystérieux comte en Lituanie (ou, plus exactement, en Samogitie), afin de consulter des manuscrits baltes très anciens.  Au fur et à mesure du récit, le lecteur doit comprendre que le comte est le fruit du viol de sa mère par un ours, mais ce n’est jamais explicitement affirmé. In fine, on retrouve la jeune épouse du comte, lacérée par des mâchoires animales le soir de sa nuit de noce, alors que le comte, lui, a disparu.



Prosper Mérimée s’est probablement amusé à écrire cette nouvelle pour faire peur aux dames de la cour de l’impératrice Eugénie qu’il fréquentait à Saint-Cloud et à Compiègne. Pour certains historiens, « Lokis » est toutefois la plus belle nouvelle de la littérature française du XIXe siècle.

Raymond Schmittlein

Raymond Schmittlein (1904 – 1974), qui enseigna à Kaunas et à Riga avant d’être parlementaire et même éphémère ministre, publia en 1949 une étude très fouillée « Lokis, la dernière nouvelle de Prosper Mérimée », alors qu’il était directeur général des affaires culturelles de la zone d’occupation française en Allemagne.

Dans son étude, Raymond Schmittlein, afin d’expliquer le choix de la Lituanie pour cadre de la nouvelle de Mérimée, évoque l’afflux d’émigrés lituaniens et polonais en France après l’insurrection de 1863. Mais, ce qui est encore plus intéressant, c’est de voir les parallèles qu’il fait entre certains passages de « Lokis » et certains passages de « Pan Tadeusz » d’Adam Mickiewicz, écrit en 1834. Une autre source, citée par Mérimée lui-même, est « La Pologne captive et ses trois poètes » écrite par Charles Edmond (pseudonyme d’un écrivain polonais) en 1868. On sait par ailleurs qu’à partir de 1867, Mérimée s’est intéressé à la Lituanie et à la langue lituanienne.



Au résultat, Mérimée, qui n’est jamais allé en Lituanie (contrairement à ce qu'ont pu écrire certains auteurs), réussit à en faire une peinture très exacte, peinture d’ « un pays sain et vigoureux, primitif et mystérieux, au charme un peu voilé et aux fortes passions. »


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