mercredi 12 avril 2017

Pažaislis, « Monte Pacis » et Claire-Isabelle de Mailly-Lascaris


Lors de mon récent périple en Lettonie – Lituanie, après la conférence que j'ai donnée à Kaunas, j'ai été hébergé à l'hôtel-restaurant « Monte Pacis », installé dans une aile du monastère de Pažaislis. (http://montepacis.lt/?lang=en_us)

Bien que ma nuit ait été courte, je tiens à souligner le caractère hautement recommandable de cet hôtel, compte tenu de son environnement, du décor intérieur et de la serviabilité du personnel. A titre d'exemple, comme je partais avant l'heure normale du petit déjeuner, un petit-déjeuner m'a été apporté en chambre à l'heure pile souhaitée et le taxi (offert) pour m'emmener à la gare routière était largement en avance.



En plus, j'ai eu droit à un clin d'oeil personnalisé car j'ai été hébergé dans la chambre « Claire-Isabelle de Mailly-Lascaris » (Klara Izabelė de Maijly), la manager ayant été manifestement mise au courant que j'avais écrit sur les Français en Lituanie

Claire-Isabelle de Mailly-Lascaris (ci-dessous) était dame d'honneur de Louise-Marie de Gonzague-Nevers, laquelle avait été couronnée Reine de Pologne et Grande-duchesse de Lituanie le 10 mars 1646 à Cracovie. Claire-Isabelle épouse le 28 juin 1654 le comte Kristupas Zigmantas Pacas (1621 – 1684) qui sera Chancelier du Grand-duché de Lituanie de 1658 jusqu'à sa mort en 1684.



Kristupas Zigmantas Pacas était un homme instruit, ayant étudié à Cracovie, Liège et surtout 8 ans à Florence. C'est suite à ce séjour en Italie qu'il obtient la permission du Pape de construire un monastère pour l'ordre des Camaldules près de Kaunas. Ce sera Pažaislis. La construction débute le 20 octobre 1667 (pose de la première pierre), l'église est sanctifiée en 1674 et consacrée en 1712.

Pacas, qui admirait beaucoup le baroque italien, a fait appel pour la construction du monastère à des architectes italiens, et à des artistes également italiens pour sa décoration. Parmi les fresques, on peut remarquer près de la sacristie celle concernant Saint Brunon de Querfurt venu évangéliser les païens baltes. C'est dans le texte relatant sa décapitation, le 14 février 1009, qu'apparaîtra pour la première fois le nom de « Lituanie ».

On notera que le nom officiel du monastère, Eremus Montis Pacis (l'hermitage de la colline de la paix) est un jeu mots entre le nom latin de paix (pacis) et le nom de la famille Pacas ; jeu de mots que l'on retrouve au fronton de l'église Saint-Pierre-et-Paul de Vilnius, construite par son frère, Mykolas Kazimieras Pacas : « Regina Pacis, funda nos in pace ».



Le monastère sera pillé par l'armée napoléonienne en 1812. Occupé par des moines orthodoxes après l'insurrection de 1831, ceux-ci emporteront œuvre d'art et archives quand ils fuiront devant l'armée allemande en 1915. A partir de 1920, les sœurs de Saint-Casimir le remontèrent avant d'en être chassées par le pouvoir soviétique. Les sœurs revinrent en 1992 et sont aujourd'hui une cinquantaine.

Le comte Pacas, son épouse Isabelle et leur face décédé en très bas âge avaient été enterrés dans le cimetière de Pažaislis. Leurs tombent ayant été plusieurs fois profanées lors des tourments de l'histoire, ils ont été solennellement ré-enterrés en 2003.



L'Hôtel « Monte Pacis », installé dans une (confortable) dépendance où il ne dépare nullement le site, vaut bien la peine qu'on s'y arrête pour se pencher sur cette page d'histoire lituano-française.




Merci à la très francophile manager de l'hôtel « Monte Pacis », Madame Indra Ramanauskienė, de m'avoir permis de connaître ce lieu remarquable où je me promets de revenir pour apprécier ses talents de sommelière ……. 





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