mercredi 26 décembre 2018

25 décembre 1991 : décès de l'URSS

Mikhaïl Gorbatchev


L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) avait été créée le 30 décembre 1922. Lénine avait voulu transformer la Russie unitaire en une union de républiques qui bénéficiaient d'une certaine autonomie culturelle. L'URSS est un état fédéral qui regroupe une quinzaine de républiques pour former le plus grand État du monde par la surface.

Le 13 mars 1985, un réformateur, Mikhaïl Gorbatchev (54 ans), est élu par le Soviet Suprême à la présidence du Praesidium, en fait à la direction du pays. Lucide, il engage aussitôt une vaste modernisation de l'économie et des institutions. Les mots «perestroika» (réforme ou restructuration) et «glasnost» (transparence) résonnent dans le monde entier. 

Mais il est trop tard et le régime, à bout de souffle, craque de toutes parts. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl (26 avril 1986) et l'insolence d'un jeune pilote allemand, Mathias Rust, qui se pose sur la Place Rouge, à Moscou (28 mai 1987), en font la démonstration. Et, en fait, au lieu d'enrayer le délitement, ce programme eut l'effet d'un catalyseur pour toutes les forces centrifuges, car la majorité des citoyens, et même des dirigeants, ne croyait déjà plus en la capacité de régénération du régime.

En mai 1989, la Hongrie ouvre sa frontière avec l'Autriche, première brèche dans le rideau de fer. En juin, en Pologne, après des élections semi-libres, le syndicat anti-communiste Solidarnosc met fin à l'hégémonie du PC. Gorbatchev laisse faire. A l'automne, les régimes communistes d'Europe orientale tombent un à un, et Moscou n'intervient toujours pas. Le 9 novembre, le Mur de Berlin s'effondre, puis la Tchécoslovaquie fait sa Révolution de velours et la Roumanie exécute son dirigeant stalinien, Nicolae Ceausescu. Le bloc socialiste n'est plus.

Lituanie

En 1990, c'est au tour des républiques de l'URSS de manifester leurs velléités d'autonomie. En juin, la Russie, la plus grande d'entre elles, proclame sa souveraineté sous l'impulsion de Boris Eltsine, grand adversaire politique de Gorbatchev. Mais, dès le 11 mars 1990, la Lituanie avait proclamé son retour à l'indépendance. En janvier 1991, les troupes soviétiques étaient intervenues à Vilnius, faisant 14 morts, mais elles finirent par se retirer. Moscou avait perdu.


Au Kremlin, le 19 août 1991, les conservateurs tentent de renverser Gorbatchev par la force au cours d'un étrange putsch. Ils sont eux-mêmes battus grâce à un leader encore inconnu, Boris Eltsine, élu deux mois plus tôt au suffrage universel président de la Fédération de Russie, principale entité de l'URSS.

Accords de Belovej

Le 8 décembre 1991, les présidents des trois principales républiques de l'Union soviétique, le russe Boris Eltsine, l'ukrainien Leonid Kravtchouk et le biélorusse Stanislaw Chouchkievitch, se réunissent dans la forêt de Belovej (70 km au nord de Brest-Litovsk) pour entériner la dislocation de l'Union soviétique et donner naissance à la Communauté des Etats Indépendants (CEI). Le 21 décembre 1991, huit autres anciennes républiques soviétiques  rejoignent la CEI lors de la signature du traité d'Alma-Ata (Kazakhstan). Les trois républiques baltes ainsi que la Géorgie refusent d’adhérer à la CEI.

Traité d'Alma Ata
Le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission dans une allocution à la télévision: l'empire communiste aura duré quelque 70 ans et sa disparition marque la fin d'un ordre mondial basé sur la rivalité avec les Etats-Unis. "Au vu de la situation (...), je cesse d'exercer mes fonctions au poste de président de l'URSS", dit alors Gorbatchev dans une déclaration qui met un point final à plusieurs mois d'agonie du régime soviétique.

Gorbatchev signe sa démission






vendredi 7 décembre 2018

7 décembre 1815 : exécution du Maréchal Ney




Michel Ney (1769 – 1815) était fils d'un tonnelier de Sarrelouis. Engagé volontaire en 1788, il gagne le surnom de « brave des braves » et devient général en 1796, à 27 ans. Il s'illustre à la bataille d'Hohenlinden (3 décembre 1800), avant de devenir Maréchal d'Empire lors de la grande promotion du 19 mai 1804.

Il est fait Duc d'Elchingen après la campagne d'Allemagne de 1805 et Prince de la Moskowa après celle de Russie (1812) où son courage et sa détermination font merveille. Pendant la retraite, il commande l'arrière-garde et, pendant 40 jours, il va protéger les débris de l'armée. Lors du passage de la Bérézina, il remporte même une victoire, réussissant à faire 5 000 prisonniers avec seulement 7 000 hommes ! Il sera le dernier à quitter la Russie, en traversant le Niémen à Kaunas avec une poignée d'hommes qui ont ralenti l'ennemi.

Ney à Kowno (Kaunas)

Fort de ses états de service pendant la campagne de France, il s'enhardit à proposer l'abdication à Napoléon réfugié au château de Fontainebleau (18-20 avril 1814). Après le débarquement de Golfe-Juan, il promet à Louis XVIII, qui l'avait nommé pair de France, de « ramener l'usurpateur dans une cage de fer ». Mais il se laisse emporter par l'émotion à Auxerre le 18 mars 1815 et tombe dans les bras de l'empereur.

À Waterloo, il fait de son mieux pour sauver la journée. Voyant que la bataille est perdue, il se jette dans la mêlée. Cinq chevaux sont tués sous lui mais, malgré cela, il ne parvient pas à trouver la mort. À pied, tête nue, il hèle ses fantassins : « Venez voir comment meurt un maréchal de France ! »

Proscrit lors du retour de Louis XVIII, il tente de se cacher mais il est découvert dans le Lot, au grand embarras du Roi qui voudrait lui épargner un jugement. Il est traduit devant une cour martiale mais celle-ci refuse de le juger. Il comparaît alors devant la Chambre des Pairs et condamné à mort pour trahison. Seul le Maréchal Davout prit sa défense, Comme sa ville natale vient d'être cédée à la Prusse, il pourrait utiliser une esquive juridique pour échapper à sa condamnation. Mais il rejette cette idée : « Je suis né Français, je veux mourir Français ! »

Si l'on en croit une belle légende, devant le peloton d'exécution, près de l'Observatoire de Paris, le 7 décembre 1815, il aurait même eu le cran de commander : « Soldats, droit au cœur ! ». Une statue a été élevée par Rude sur le lieu de son exécution.



Michel Ney fut le seul maréchal d'Empire exécuté à la Restauration. Dès 1831, le roi Louis Philippe le réhabilitera et le réintégrera sur les listes de la Légion d'Honneur. En 1848, le gouvernement provisoire de la Seconde République décidera d'élever un monument au maréchal Ney à l'emplacement même où il a été fusillé. Et, last but not least, pendant la Première Guerre mondiale, une classe de navires de guerre britannique sera nommée « Marshal Ney » !

À mon humble avis, le Maréchal Ney a été un des plus grands chefs de l'époque napoléonienne, notamment par son comportement lors de la retraite de Russie. Laissons le dernier mot au comte Louis-Philippe de Ségur : « Après la sortie de Wilna, Ney traverse Kowno et le Niémen, toujours combattant, reculant et ne fuyant pas ; marchant toujours après les autres, et pour la centième fois depuis quarante jours et quarante nuits, sacrifiant sa vie et sa liberté pour sauver quelques Français de plus. Il sort enfin de cette fatale Russie, montrant au monde l’impuissance de la fortune contre les grands courages, et que, pour le héros, tout tourne en gloire, même les plus grands désastres. »







mardi 4 décembre 2018

« Laba Diena » et les sources de la Seine




Vendredi dernier, j'étais à Saint-Seine l'Abbaye (Côte d'Or), à la demande de l'association franco-lituanienne locale « Laba Diena » pour faire une conférence à l'issue de leur assemblée générale. J'avais répondu d'autant plus favorablement à l'invitation qu'étant déjà venu en 2015, j'avais reçu un formidable accueil. Cette année, l'accueil ne s'est pas démenti.

En marge de la conférence, on m'a emmené, à ma demande, voir les sources de la Seine.


À ceux dont les cours de géographie seraient un peu lointains, je rappellerai que la Seine prend sa source sur le plateau de Langres, à 40 km au nord-ouest de Dijon, à 446 mètres d'altitude, sur la commune de …… Source-Seine bien sûr. Elle se jette dans la Manche, au Havre, 776 kilomètres plus loin. Le site couvre 5 hectares, renferme de facto 7 sources (il est donc correct de parler des sources et non pas de la source) et reçoit annuellement environ 20 000 visiteurs.

C'est en 1864, sur proposition du baron Haussmann, que la ville de Paris acheta la zone et crut de son devoir d'ériger un monument, sculpté par le Dijonnais Jouffroy, aux sources du « fleuve auquel elle doit sa prospérité » comme l'écrivait le sous-préfet de l'époque, M. Larribe.



Mais le site des sources a, au-delà de cette période Napoléon III, une grande valeur historique. En effet, il y a environ 2 000 ans (1er siècle avant - 1er siècle après J.C.) , se tenait aux sources de la Seine un grand sanctuaire dédié à la déesse Sequana. Sequana était une divinité gauloise. Elle était réputée dans l’Antiquité pour accomplir des miracles et possédait un double don : le pouvoir de guérison et celui d'exaucer les vœux !  

Les premières fouilles furent entreprise en 1836, durèrent jusqu'en 1842, et montrèrent l'existence d'un vaste lieu de pèlerinage. Une des principales découverte fut un vase en terre renfermant 836 pièces de monnaie et 300 ex-voto en bronze. Les fouilles ultérieures furent épisodiques : 1926-1937, 1948-1953, 1963-1967.

Aujourd'hui, un cahier de gestion du site a été élaboré en partenariat avec les usagers, les gestionnaires de la forêt, les propriétaires, les élus... 4 groupes de travail ont contribué à rédiger les grandes orientations de gestion, sur plusieurs thèmes : la forêt, l’eau et les milieux écologiques sensibles, l’agriculture, le patrimoine. Un 5ème groupe de travail devait appréhender les thèmes de l’accueil et le tourisme, dans le cadre des projets d’aménagements du Conseil Départemental de Côte d’Or. Mais ce dernier n’ayant pas officiellement pris date pour ces aménagements, le groupe de travail ne s’est pas réuni.

Pour l'anecdote, le premier pont sur la Seine se trouve à proximité immédiate des sources. Construit dans les années 1970, il lui a été donné en 2002 le nom de « Paul Lamarche », du nom de l'homme qui fut l'ardent gardien des sources pendant plus de 50 ans.



Source (!) principale :
http://www.bourgogne-franche-comte.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/SOURCES-SEINE-DP_cle1911dc.pdf