Vous
souvenez-vous de ce que vous faisiez le 13 Janvier 1991 ?
A
moins d’un événement personnel exceptionnel, vraisemblablement
pas. En ce qui me concerne, j’étais à l’État-major de la Force
d’Action Rapide (FAR) à Maisons-Laffitte et nous étions en plein
psychodrame international à propos de l’Irak : l’opération
« Tempête du désert » allait se déclencher 3 jours
plus tard !
En
Lituanie, les Lituaniens, eux, se souviennent : un quart de la
population était à Vilnius pour défendre sa liberté et son
indépendance retrouvée, tout au moins proclamée le 11 Mars 1990,
contre les chars soviétiques.
14
d’entre eux, civils lituaniens sans arme, y ont laissé leur
vie, tués par les OMON près de la tour de télévision, des
centaines d’autres (officiellement 702) ont été blessés. On ne
me fera pas croire que, dans un système aussi verrouillé, aussi
hiérarchisé que l’Union soviétique, le
« bon » M. Gorbatchev,
Président désigné (non élu) de l’URSS, chouchou des
Occidentaux, n’était pas au courant. D’autant que, du 17 au 20
Janvier, les mêmes exactions se répétèrent à Riga (Lettonie). Le
choix même de la date de l’attaque, alors que le monde entier
avait les yeux tournés vers l’Irak, n'était
en outre, ne
pouvait pas être, un hasard.
Et
pourtant, les Lituaniens ont gagné face au totalitarisme. Les
soviétiques n’ont pas osé donner l’assaut au Parlement, protégé
par des milliers de Lituaniens qui faisaient de leur corps un
rempart. Dès le 13 Janvier, Boris Eltsine, Président élu de
Russie, condamna l’attaque et reconnut la souveraineté des États
baltes. A Moscou, 100 000 personnes descendirent dans la rue pour
condamner la répression dans les Républiques baltes. On peut dire
que, quelque tragique qu’il fut pour les Baltes, ce 13 Janvier 1991
marqua le début de la fin de l’URSS, et on ne peut que s’en
réjouir.
Vytautas Landsbergis (à droite) |
Finalement
le 9 Février, les Lituaniens, toujours occupés par les soviétiques,
votèrent à 90,4 % pour leur indépendance. Mais les soviétiques
continuèrent
à tuer, jusqu’au 31 Juillet 1991 lorsque 7 douaniers et
gardes-frontières lituaniens, sans armes, seront assassinés à
Medininkai.
Aujourd’hui,
la Fédération de Russie refuse toujours de reconnaître qu’il y
ait eu occupation des États baltes. Aujourd’hui, la Fédération
de Russie refuse que Gorbatchev aille témoigner au procès des
assassins de Janvier 1991. Aujourd’hui, certains (cf. Jirinovski)
réclament même le retour des États baltes dans le giron de la
Russie. Aujourd’hui, certains, propagandistes zélés face à des
milliers de témoins, proclament que ce ne sont pas les OMON qui ont
tiré, mais des « provocateurs ». La réécriture de
l'histoire est définitivement le sport national russe !
On
me dira que c’est le passé. Est-on sûr que ce passé ne se
reproduira jamais ? La liberté a un prix. 14 Lituaniens, et
quelques jours plus tard 5 Lettons, ont payé ce prix de leur vie.
Soyons vigilants afin que de telles exactions ne se reproduisent pas.
Y compris chez nous.
La Lituanie sera libre ! |