vendredi 5 juin 2020

Tadeusz Kościuszko et ses liens avec la France




Dans le cadre du mouvement « Black Lives Matter » (BLM) aux Etats-Unis, le monument à la gloire de Tadeusz Kościuszko à Washington DC a été vandalisé. (photo ci-dessous). Sans entrer dans la polémique, les auteurs du vandalisme ignoraient manifestement qui était Tadeusz Kościuszko et surtout que, par testament, il avait dédié une partie de ses biens aux États-Unis à la libération des esclaves.



C'est en tout état de cause un prétexte de rappeler brièvement qui était Tadeusz Kościuszko, et ses rapports particuliers avec la France, dont il avait été fait citoyen d'honneur en 1792. C'est d'autant plus justifié qu'il y a exactement un an, avec un groupe d'amis, j'avais visité sa maison natale près de Kossova au Bélarus (ci-dessous).



Car Tadeusz Kościuszko est né le 4 février 1746 dans une familel aristocratique du Grand-duché de Lituanie. Fils d'Officier, il intègre en 1765 une académie, fondée à Varsovie par le Roi Stanislas Poniatowski, destinée à former les Officiers et les haut-fonctionnaires. Dès 1768, il est déjà Capitaine. Quittant la Pologne-Lituanie au moment où la Confédération de Bar essaye de renverser le Roi Stanislas, il s’installe à Paris le 5 octobre 1769. Il y restera 5 ans, fréquentant principalement l'Académie Royale de peinture et de sculpture.

De retour en Pologne-Lituanie en 1774, donc après le premier partage de 1772 au profit de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie, Kościuszko s'aperçoit que son frère a dilapidé une grande partie de la maigre fortune familiale et qu'il ne peut donc obtenir un « office » dans l'armée. Il décide donc de repartir à Paris à l'automne 1775. C'est là qu'il apprend la révolte des Treize colonies américaines contre la domination britannique.

Il s'engage donc comme volontaire dans la guerre d'Indépendance des États-Unis. Il s'y illustra par son héroïsme et fit montre de talent militaire, surtout dans les travaux de fortification (Philadelphie, West Point, Rhode Island, Yorktown, New York). Washington le promut au grade de colonel du génie. À la fin de la guerre, il fut nommé général de brigade. La nation américaine lui exprima sa reconnaissance en le faisant citoyen d'honneur et en lui octroyant des terres et une pension annuelle. 

Le 15 juillet 1784, Kościuszko embarque pour l'Europe. Le 26 août, il est de nouveau à Paris, puis s'installe à Siechnowicze aujourd'hui  au Bélarus. Ce n'est qu'en 1790, grâce à l'augmentation des effectifs militaires pour défendre les frontières de la Pologne contre ses voisins agressifs, que  le roi accorde un office de général, assorti d'un important salaire annuel de 12 000 zlotys.

On passera sur la guerre russo-polonaise (au cours de laquelle Kościuszko reçoit le commandement d'une division près de Kiev) et sur l'insurrection dite de Kościuszko pour laquelle il se rend à Paris pour essayer d'obtenir le soutien de la France lors du soulèvement à venir. Il y reste jusqu'à l'été 1792. Mais les Français refusent de s'engager. Il est d’ailleurs globalement déçu par la Révolution française.

Tadeusz Kościuszko prêtant serment en tant que chef de l'insurrection

Le 10 octobre 1794, Kościuszko est blessé et capturé à la bataille de Maciejowice . Il est emprisonné à Saint-Pétersbourg dans la forteresse Pierre-et-Paul. L'insurrection prend fin peu après avec la bataille de Praga, le 4 novembre 1794, et le massacre de près de 20 000 habitants de Varsovie par les troupes russes.

Gracié le 28 novembre 1796 par le nouveau Tsar Paul 1er, il part pour les États-Unis où il est considéré avec méfiance par le nouveau gouvernement fédéraliste. Il décide donc de retourner en France. Il arrive à Bayonne le 28 juin 1798 et rejoint les groupes d'immigrés polonais. Il refuse néanmoins le commandement des légions polonaises  au sein de l'armée française. Il rencontre le Premier Consul Napoléon Bonaparte le 17 octobre et le 6 novembre 1799  mais ne parvient pas à un accord avec lui. Il faut dire que Kościuszko déteste les ambitions dictatoriales de Napoléon qu'il qualifie de « fossoyeur de la république [française] ». En 1801, il s'installe à La Genevraye près de Paris dans la résidence de l'ambassadeur suisse et se tient à l'écart des questions politiques.

Après la chute de l'Empire en 1814 et 1815, Kościuszko rencontre le tsar Alexandre 1er une première fois à Paris puis à Braunau en Suisse.  Apprenant que le Royaume de Pologne, créé par le Congrès de Vienne, sera encore plus petit que le Duché de Varsovie, il qualifie cette entité de « plaisanterie. Il s'installe en Suisse à Soleure. Il y succombe suite à un accident vasculaire cérébral le 15 octobre 1817, quelques jours après une chute de cheval.

Un monument à Tadeusz Kościuszko est érigé à Montigny-sur-Loing (France), à côté de La Genevraye où il a vécu une quinzaine d'années (ci-dessous).



A noter pour terminer, comme je le faisais remarquer en 2012, que Tadeusz Kościuszko fait partie de ces Lituaniens biélorusses que l’on croit polonais :

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