“Lettres lettones”

Que Montesquieu me pardonne: j’ai détourné le titre de son œuvre la plus célèbre, « Lettres persanes », pour illustrer le regard parfois étonné que j’ai pu avoir hier sur la journée du 4 Mai à Riga (voir post http://gillesenlettonie.blogspot.com/2010/05/4-mai-1990-retablissement-de.html ).

Car elle fut bien différente de son équivalent lituanien, le 11 Mars, vécu à plusieurs reprises.

Arrivé en avance, avec un ami letton, à la cérémonie de lever des couleurs devant le château présidentiel (11H), la sécurité en civil nous a rapidement fait comprendre que notre place n’était pas là, et qu’il ne fallait même pas rester sur la Pils laukums (place du château). De fait, au vu des photos de la presse, il fallait être effectivement député ou ambassadeur pour pouvoir assister. Etonnant quand on sait que la cérémonie équivalente à Vilnius permet aux Lituaniens de côtoyer de près leurs élus, jusqu’au Président.

D’autant plus étonnant quand, un peu plus tard (14H), à l’occasion de la cérémonie au monument de l’indépendance, on pourra voir de très près, non seulement le Président letton, Valdis Zatlers, mais son homologue lituanien, Dalia Grybauskaitė (photo), ainsi que Vytautas Lansdsbergis, et les anciens Présidents lettons Vaira Vīķe-Freiberga, Guntis Ulmanis et Anatolijs Gorbunovs.

Longue cérémonie en l’occurrence, au cours de laquelle des vagues successives d’édiles, de députés présents ou passés, de ministres, mais aussi d’Ambassadeurs étrangers, viennent déposer des fleurs au pied du monument. J’avoue que je ne suis pas resté jusqu'à la fin, ce qui m’a a priori permis d’échapper aux discours. A noter que Dalia Grybauskaitė était le seul Chef d’Etat étranger présent. De quoi apporter de l’eau au moulin d’un récent article de « Regard sur l’Est » (http://www.regard-est.com/home/breves.php?idp=1316&PHPSESSID=9d7d5d1710d7413ecb0eefa128382f3d) traitant de la vacuité de l’unité balte.

Je suis alors allé sur 11. Novembra krastmala (sur les bords de la Daugava) où se tenait la fête populaire, du style saucisses-frites, avec un concert en live sur un podium. Hélas, cette fête n’avait de populaire que le nom et, au moins lorsque je m’y suis rendu, les vendeurs étaient plus nombreux que les visiteurs (cf. photo de la « foule » devant le podium).

Comment expliquer cette désaffection du public face à ce qui était – quand même - le vingtième anniversaire de la déclaration du retour de la Lettonie à l’indépendance ? Plusieurs explications possibles :

# Une météo digne de la Toussaint qui n’incitait pas à « trainer » dans les rues

# Une présence policière très visible et une organisation surtout axée sur les V.I.P.

# Le fait que cette célébration ait eu lieu au cours d’un long week-end de 4 jours où beaucoup avaient sans doute quitté la capitale

# Mais surtout, le fait que certains (Riga est majoritairement peuplée de russophones) ne se soient peut-être pas reconnus dans ces célébrations.

Sur ce dernier point, il sera intéressant de voir la participation aux célébrations non officielles de la fin de la « Grande Guerre patriotique » le 9 Mai à Riga. J’y serai.