Il y a 600 ans, le 15 Juillet 1410, les armées, pour une fois coalisées, du Royaume de Pologne et du Grand-duché de Lituanie écrasaient les Chevaliers Teutoniques à la bataille de Žalgiris, encore appelée bataille de Grunwald ou première bataille de Tannenberg. Si le contexte et le déroulement de cette bataille vous échappent, vous pouvez consulter mon ancien blog : http://gillesenlituanie.hautetfort.com/archive/2007/07/15/15-juillet-1410-bataille-de-zalgiris.html
Je voudrais aujourd’hui, à propos de cette bataille, commenter un tableau célébrissime du peintre polonais Jan Matejko (cf. portrait) de 1878, « La Bataille de Grünwald ». L’original de ce tableau monumental (4,26 m sur 9,87 m) se trouve au Musée National de Varsovie, mais on trouve des copies un peu partout, notamment au château de Trakai (le Grand-duc de Lituanie Vytautas est né à Senieji Trakai), ainsi qu’au Musée de la Guerre de Kaunas.
Le tableau est centre sur le moment crucial de la bataille. Le Grand-duc Vytautas (en rouge) lève les bras en signe de victoire et derrière lui flotte l’aigle polonais. Au centre et en haut du tableau apparait Saint Stanislas priant pour la victoire polono-lituanienne.
A contrario, à gauche, la mort du Grand Maitre, Ulrich von Jungingen, symbolise l’effondrement de l’Ordre Teutonique. Il est symboliquement tué par un Samogitien dont la lance évoque le châtiment réservé aux parjures.
Deux autres épisodes sont représentés sur le tableau. A l’extrême gauche, la prise du camp teutonique à la fin de la bataille. En haut à droite, le Roi de Pologne Ladislas II Jagellon (Władysław II Jagiello), domine la mêlée. On peut donc analyser sa position comme suit : si la bataille tourne bien, c’est lui le chef et grand organisateur ; si elle tourne mal, ce sera la faute à Vytautas qui n’aura pas su combattre. (NB : un livre sur l’histoire de la Lituanie, paru récemment, désigne l’homme en rouge comme le Roi Ladislas ; c’est évidemment un gros contre-sens).
Conçu pour galvaniser l’esprit national à la fin du XIXe siècle, le tableau eut un immense succès aussi bien en Pologne qu’en Lituanie. Considéré comme un trésor national, il fut caché en Septembre 1939 dans la région de Lublin, afin de le soustraire aux nazis. Ceux-ci offrirent, mais en vain, deux millions de marks à quiconque donnerait des informations sur sa cache. Une fausse rumeur faisant état de la présence du tableau à Londres fit cesser la traque.
On notera par ailleurs qu’en aout – septembre 1914, le Maréchal allemand von Hindenburg insista pour que le nom de « deuxième bataille de Tannenberg » soit donné à la victoire qu’il venait de remporter sur les 1ères et 2èmes Armées russes à proximité, afin de venger la défaite subie 500 ans auparavant !
Merci beaucoup pour cette explication du tableau. J'ai vu l'original dans le musée de l'art à Vilnius(les polonais l'avait prêté pour quelque temps) et il est vraiment impressionnant.
RépondreSupprimerComme vous l'avez souligné il s'agit d'un événement majeur pour les lituaniens, les polonais ou encore les allemands. Je ne sais pas du tout si les biéloruses la commémorent, mais ils y ont certainement droit.
Il faut pas pour autant oublier les autres participants à cette bataille : les russes. En effet 3 régiments de Smolensk entraient dans la composition de l'armée lituanienne. En tout cas ce ne fut pas oublié par la propagande soviétique :) Il y avait aussi des moldaves et des tartares, c'est d'ailleurs de leur technique militaire qu'on s'est inspiré pour la manœuvre qui a permis l'encerclement des teutoniques car ils avaient infligés une cinglante défaite à une croisade lituanienne 13 ans auparavant.
Voici un un lien avec la maquette de la bataille faite pour l'occasion, avec ses 20m² et 1100 figurines oeuvre vaut la peine d'être vue. Elle représente le retour des lituaniens à la bataille, et le cavalier solitaire sur les photos représente Vytautas le Grand.
RépondreSupprimerhttp://www.delfi.lt/news/daily/lithuania/vilniuje-pristatomas-zalgirio-musio-maketas.d?id=34487731
Il y avait effectivement des troupes de tout le Grand-duche de Lituanie, qui s'etendait alors de la Baltique a la Mer Noire. C'etait alors le plus grand Etat europeen, qui s'est fait helas phagocyter par la petite Pologne lors de l'Union de Lublin en 1569.
RépondreSupprimerQuant au Belarus, qui a ete partie integrante du GDL pendant 550 ans, c'est un euphemisme de dire qu'il a une histoire commune avec la Lituanie. Ca lui reviendra a l'esprit un jour, n'en doutons pas.
A propos de contre-sens, désignez-vous le livre rouge écrit en français?
RépondreSupprimer@ Julien,
RépondreSupprimerJ'avoue ne pas me souvenir de sa couleur ..... Mais je pense qu'il n'y a pas 36 livres parus recemment sur l'histoire de la Lituanie !
A titre indicatif, il date le retour de la Lituanie a l'independance en 1991 au lieu de 1990, et son accession a l'UE en .. 1994.