samedi 26 février 2011

Elections municipales en Lituanie


La Lituanie est découpée en 60 municipalités. Demain, dimanche 27 Février, auront lieu de 7H à 20H les élections des conseils municipaux. Il y a plus de 16 000 candidats pour briguer 1 500 sièges.

Comme à l’habitude, afin de motiver les électeurs qui auraient plutôt tendance à ne pas se déplacer, il a été possible de voter par anticipation les 23 et 24 Février. Au premier jour de ce vote, 21 465 électeurs avaient déjà accompli leur devoir électoral, soit 0,81 % des inscrits, à comparer avec les 0,43 % de 2007. Les 25 et 26 Février, les personnes handicapées et les plus de 70 ans ne pouvant pas se déplacer, peuvent faire venir l’urne chez eux.

Or, il s’est avéré, notamment à Kaunas, qu’entre 60 et 80 personnes, qualifiées d’asociaux et de sans abris, auraient été payées (de l’ordre de 10 Litas = 2,9 €) pour aller voter par anticipation, apparemment pour le Parti Social Démocrate.

Des cas semblables se seraient produits à Palanga et à Alytus.

Ceci dit, on suivra avec attention les résultats, compte tenu du très faible taux de popularité actuel de Tėvynės Sąjunga, leader de la coalition au pouvoir, et qui détient actuellement les mairies de Vilnius et de Kaunas. Actuellement, le Parti Social démocrate détient 17 postes de Maires, contre 13 à Tėvynės Sąjunga.

On notera à Vilnius la présence d’une liste construite autour d’Arturas Zuokas, qui fut Maire de la capitale de 2000 à 2007 et qui se verrait bien reprendre la barre. Mais d’autres dinosaures politiques ont la même ambition, notamment Arturas Paulauskas, Kazimira Prunskiene et Viktor Uspaskich.




samedi 19 février 2011

Partir ……



Blaise Cendras écrivait: « Quand tu aimes il faut partir – Quitte ta femme quitte ton enfant – Quitte ton ami quitte ton amie – Quitte ton amante quitte ton amant – Quand tu aimes il faut partir ».

Ce mardi 22 Février, je vais donc quitter ces Pays Baltes que j’aime, après 5 ans et 8 mois de vie commune. 

Quitter ces pays, où aimer sa patrie et ses racines chrétiennes ne sont pas des gros mots.

Quitter ces pays, où les magasins sont ouverts quand les clients en ont besoin et non pas quand les syndicats le veulent bien.

Quitter ces pays, où la vie ne s’arrête pas quand il y a 10 cm de neige et qu’il fait – 5 °.

Quitter ces pays, où l’on vous juge à ce que vous faites et non pas à vos diplômes ou à votre âge. 

« Partir c’est mourir un peu – C’est mourir à ce qu’on aime – On laisse un peu de soi-même – En toute heure et dans tout lieu » (Edmond Haraucourt)







mercredi 16 février 2011

16 Février 1918: déclaration d’indépendance de la Lituanie



Le 16 Février 1918, le Conseil National Lituanien, constitué de vingt représentants (cf. ci-dessous) et présidé par Jonas Basanavičius, proclama la restauration de l’Etat indépendant de Lituanie, régi par des principes démocratiques, ayant pour capitale Vilnius. Restauration, car la Lituanie avait déjà constitué un Etat indépendant de 1253 à 1795.

Comme bien souvent dans les décennies qui suivirent, la Lituanie montra la voie de l’indépendance à ses cousines baltiques, puisque l’Estonie déclara la sienne le 24 Février 1918 et la Lettonie le 18 Novembre 1918, les nations estoniennes et lettones étant, elles, indépendantes pour la première fois.

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que ce qui s’est passé en 1990 - 1991, c’est le rétablissement des indépendances après 50 ans d’occupation principalement soviétique (Lituanie le 11 Mars 1990, Lettonie le 4 Mai 1990, Estonie le 20 Août 1991). En Lettonie, on parle d’ailleurs de Déclaration de confirmation de l'indépendance. Ce distinguo est d’importance, puisque la Russie d’aujourd’hui ne reconnaît toujours pas qu’il y ait eu occupation des Etats baltes, entretenant la fabulation qu’ils aient rejoint volontairement l’Union sovietique, donc refusant la continuité entre les Etats indépendants de 1918 et ceux d’aujourd’hui.

Bonne Fête Nationale aux Lituaniens et à leurs amis

mercredi 9 février 2011

Autant le dire tout de suite……



Pour des raisons familiales personnelles, j’ai dû décider de rentrer définitivement en France. Ce sera effectif le 22 Février. J’ai mon e-billet d’avion.

Ceux qui ont déménagé plus de 15 fois dans leur vie comprendront que je vais avoir d’autres priorités que de mettre ce blog à jour. Surtout dans un pays où il semblerait (euphémisme) que les règles administratives varient suivent l’heure et le correspondant (exemple vécu hier avec la résiliation de l’abonnement Internet / TV). Voilà 7 ans et 4 mois que je vivais à l’étranger, 11 mois en Lettonie. Une page se tourne, une de plus. Il va falloir que je me réhabitue à la France, qui est devenue l’étranger pour moi. 

Je n’oublierai pas pour autant les Etats Baltes. L’écriture de mon livre sur les Français dans l’histoire de la Lettonie reste d’actualité. Je continuerai à participer à la revue de presse quotidienne de la Coordination des Associations France-Lituanie. Je continuerai peut-être ce blog. Mais laissez-moi le temps de poser mes valises, ou plutôt ma valise à 20 kg autorisée en soute, dans laquelle j’essaye de faire rentrer 3 à 400 kg d’affaires, dont un nombre respectable de livres……

À un de ces jours peut-être.  


samedi 5 février 2011

Les sacrifiés de Yalta

Il  y a 66 ans, du 4 au 11 Février 1945, avait lieu la Conférence de Yalta, réunissant les leaders de l’Union soviétique (Joseph Staline), des Etats-Unis (Franklin D. Roosevelt) et du Royaume Uni (Winston Churchill) (de droite à gauche sur la photo ci-dessous).

L’objectif était d’adopter une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre et de régler le sort de l’Europe après la défaite du IIIe Reich. Staline y était en position de force, ses armées étant à une centaine de kilomètres de Berlin ; Roosevelt, dont la santé des dégradait de plus en plus (il décédera 2 mois plus tard) fit au contraire preuve d’un angélisme notoire vis-à-vis des valeurs morales de Staline. 

Un des points forts fut la question polonaise, qui fit l’objet de vives tensions. Comme le voulait Staline, la ligne Curzon modifiée (laissant Lviv à l’URSS) devint finalement la limite orientale de la Pologne, entérinant les conquêtes territoriales soviétiques de Septembre 1939, lorsque l’URSS était l’alliée de l’Allemagne nazie. En contrepartie, Staline promet la tenue en Pologne « d’élections libres et sans contraintes », promesse qu’il n’a nullement l’intention de tenir … et qu’il ne tiendra pas. 

Plus généralement, il est accédé au souhait de Roosevelt qui demandait que, dans chaque Etat libéré, des élections libres auront lieu afin que ceux-ci puissent se doter de gouvernements ayant la forme et la politique que ceux-ci souhaitaient. Cet article du communiqué final était une grande preuve de naïveté de Roosevelt, qui se félicitait d’avoir donné une tonalité morale aux accords de Yalta. Staline approuva sans sourciller, sans doute par cynisme.

Dans tout cela, qui se soucia des Etats Baltes, Etats indépendants occupés et annexés par l’Union soviétique en Juin – Juillet 1940 ? A premier vue personne. Car, apparemment, il n’était pas question de contester à l’URSS les territoires qu’elle avait déjà annexés ou qu’elle s’apprêtait à annexer : Etats baltes, Carélie, Moldavie, Pologne orientale, sans oublier la Prusse orientale. Roosevelt se laissera abuser par la bonhomie de Staline. Il ne lui faudra que quelques semaines pour se rendre compte du peu de crédit de ses promesses. Mais il était trop tard : le sort des Etats Baltes était scellé et ceux-ci étaient devenus pour 45 ans des nations captives.



Le skeleton, spécialité lettone


Le skeleton est un sport de fous, consistant à descendre le plus vite possible (jusqu’a 120 voire 140 km/h) une piste de bobsleigh sur un engin du genre luge, mais à plat ventre et la tête en avant. Autre chose que de courir en short après une baballe……

Or, si l’on regarde les résultats de la 8ème et dernière manche de la Coupe du Monde qui avait lieu hier, 4 Février à Cesena en Italie, que voit-on ?

      1er – Martins Dukurs (Lettonie)
      2ème - Tomass Dukurs (Lettonie)
      3ème - Sandro Stielike (Allemagne)


Martins Dukurs, 27 ans, (à droite sur la photo ci-dessus) est relativement connu. En 2010, il a déjà dominé la discipline en étant vainqueur de la Coupe du Monde et Champion d’Europe, n’échouant pour la médaille d’or des Jeux Olympique de Vancouver que de … 7/100e de seconde ! En 2011, il est de nouveau Champion d’Europe et vainqueur de la Coupe du Monde, ayant gagné 5 des 8 épreuves de celle-ci. (A noter toutefois que Wikipedia ne classe pas Martins Dukurs dans les grands noms de la spécialité ……)

Son grand frère, Tomass Dukurs, 30 ans, est un peu dans son ombre, en dépit de performances plus qu’honnêtes. Il a notamment terminé 4ème de l’épreuve olympique 2010 à Vancouver. Il termine 8ème de la Coupe du Monde 2010-2011. Voila qui satisferait la France, qui ne classe aucun représentant dans les 20 premiers (mais y avait-il au moins des représentants français ?)  

Ça valait bien que je sorte de ma ligne éditoriale, non ? 


mercredi 2 février 2011

Histoire d’un territoire contesté: Abrene / Pytalovo



Le récent passage de l’Estonie à l’euro le 1er Janvier 2011 a mis en exergue un problème insoupçonné : la carte du pays qui apparaît sur l’avers des euros estoniens englobe des territoires qui font l’objet de disputes entre l’Estonie et la Russie depuis Janvier 1945 (cf. http://blog-dazur.blogspot.com/2011/01/leuro-estonien-fait-enrager-moscou.html).

La Lettonie a elle aussi connu une dispute semblable autour du district d’Abrene, devenu district de Pytalovo, au nord-est de la Lettonie. Pour en comprendre la raison, il faut remonter à la fin de la Première Guerre mondiale.

La zone, point de friction entre les Finno-ougriens, les Baltes et les Slaves,  était une partie de la Livonie depuis les années 1270. Elle subit les diverses occupations de la dite-Livonie par les Polono-lituaniens (1561 – 1629), les Suédois (1629 – 1721) et les Russes (1721 – 1917). Lors de l’indépendance, l’accord frontalier entre la Lettonie et la Russie soviétique ne fut finalisé que le 7 Avril 1923. La frontière ainsi tracée laissait des communautés lettones côté russe et des communautés russes et biélorusses côté letton. Les habitants côté letton reçurent tous la citoyenneté lettone, quelle que fut leur ethnicité.  

Avec la deuxième occupation soviétique, les « députés » du soviet suprême de la RSS de Lettonie entérinèrent, dès le 6 Octobre 1944 à Daugavpils, une proposition « suggérée » par Moscou de rattacher la ville d’Abrene et les six communes voisines, formellement lettones depuis 1923, a la RSFS de Russie. Cela représentait  1 293 km2 de territoire et 52 000 habitants (avant la guerre).  

Or, après la restauration de son indépendance, la question d’Abrene est devenue un problème constitutionnel pour la Lettonie. En effet, l’article 3 de la Constitution de 1922, renouvelée en 1990, stipule « Le territoire de la Lettonie, défini dans ses frontières par des traités internationaux, comprends les provinces de Vidzeme, de Latgale, de Kurzeme et de Zemgale ». Selon le Traité de Paix de Riga, conclu le 11 Août 1920 avec l’Union soviétique, Abrene est bien incluse dans le territoire de la Lettonie. 

Les experts juridiques considèrent ainsi que l’annexion de facto du territoire d’Abrene ne doit pas entrer en contradiction avec la Constitution, donc avec le principe de continuité de la République de Lettonie (qui a bien continué à exister de jure pendant la période d’occupation). Une déclaration unilatérale, comme souvent dans les négociations internationales, a donc été jointe au Traité sur les frontières proposé au gouvernement russe en 2005. Cette déclaration précisait : « La Lettonie ne subordonne pas cet accord au problème plus vaste de la liquidation des conséquences de l’occupation illégale de la Lettonie ».

Le problème est que la Russie d’aujourd’hui ne reconnaît ni la continuité de la République de Lettonie, ni même son occupation ! Car reconnaître l’occupation serait ouvrir la porte à des demandes de compensations matérielles pour les dommages subis. La Russie a donc refusé de signer le traité en 2005, le Président Poutine clamant, malgré les dénégations du Ministère letton des Affaires Etrangères, que la Lettonie voulait reprendre le contrôle de la région et qu’une telle revendication était contraire à l’esprit de l’Europe !   

(NB : On notera que le Congrès des députés du Peuple de l’URSS prit, le 24 Décembre 1989, une décision - http://www.letton.ch/lvriben2.htm - reconnaissant l’illégalité des protocoles secrets du Pacte Molotov – Ribbentrop et mentionnant § 5 le Traité de Paix de Riga du 11 Août 1920……)

Finalement, la Cour constitutionnelle lettone statua, le 29 Novembre 2007, que le Traité, signé entre les deux parties à Moscou le 27 Mars 2007, et ratifié en Mai par le Parlement letton, ne violait pas la Constitution lettone. Ce même 29 Novembre, The Baltic Times titrait « So long, Abrene ». La région, totalement russifiée depuis des décennies (il n’y avait déjà plus, en 1945, que 12,5 % de Lettons), devenait définitivement le district de Pytalovo dans l’oblast russe de Pskov.

Il existe encore en Europe quelques mines non neutralisées, abandonnées par les soviétiques. La plus importante est celle de Crimée, cadeau de Nikita Khrouchtchev à la RSS d’Ukraine en 1954, et qui pourrait bien exploser un jour ……