mardi 31 juillet 2012

Ruta Meilutytė, ou comment devenir l’idole d’une nation en 1.05.47


Honnêtement, qui connaissait, ne serait-ce que de nom, Ruta Meilutytė avant le début des Jeux Olympiques ? Pas moi, je le reconnais. Mais même pas non plus « The Lithuanian Tribune » qui, dans un article du 25 Juillet,  passait en revue les possibilités de médaille des sportifs lituaniens.

Il faut dire que, née le 19 Mars 1997 à Kaunas, elle n’a donc que 15 ans et qu’elle s’entraîne au Plymouth College dans le Devon, donc en Angleterre, en partenariat avec le Plymouth Leander Swimming Club. Mais ce n’était toutefois pas une inconnue des spécialistes puisqu’au Festival Olympique d’été des jeunes 2011 de Trabzon, en Turquie, elle avait remporté l’or sur le 100m brasse, l’argent sur le 50m nage libre et le bronze sur le 100m nage libre.


La révélation a eu lieu lors des séries du 100 mètre brasse du 29 Juillet matin. Ruta Meilutytė établissait le meilleur temps des séries en 1.05.56, battant au passage le record de Lituanie. Fétu de paille se sont dits certains. Le soir même, Ruta récidivait avec le meilleur temps des demi-finales, battant au passage le record d’Europe. Qu’à cela ne tienne disaient les oiseaux de mauvais augure, en finale elle va craquer. On connaît la suite. En dépit d’un faux faux-départ de l’Américaine Breeja Larson, qui aurait pu la déstabiliser, Ruta Meilutytė menait la course de bout en bout, gardant quelques centièmes d’avance (8 centièmes exactement)sur sa dauphine, pour gagner en 1.05.47 devant l’Américaine Rebecca Soni, championne olympique 2008 du 200m brasse, championne du monde 2011 des 100 et 200m brasse, excusez du peu ! La troisième est la Japonaise Satomi Suzuki.



En larmes sur le podium (voir vidéo), Ruta ne réalise peut-être pas l’impact de sa victoire, offrant à la Lituanie, depuis le retour à l’indépendance, la première médaille en natation (hommes et femmes), et étant la plus jeune médaillée d’or lituanienne. Gageons que le Président Dalia Grybauskaitė, qui avait prolongé son séjour à Londres pour assister à la finale saura lui être reconnaissance d’avoir donné tant d’émotion et de fierté à la Lituanie.



Le « vieux » Virgilijus Alekna (40 ans), que les sondages donnaient comme largement favori pour ramener une médaille d’or à la Lituanie, sait ce qu’il lui reste à faire ……

On en profitera pour « rappeler » le bilan des médailles olympiques ramenées par les sportifs lituaniens (dans l’ordre or/argent/bronze = total):

1992 (Barcelone) : 1/0/1 = 2
1996 (Atlanta) : 0/0/1 = 1
2000 (Sydney) : 2/0/3 = 5
2004 (Athènes) : 1/2/0 = 3
2008 (Pékin) : 0/2/3 = 5

Les champions olympiques ont été Virgilijus Alekna (disque, 2000 et 2004), Romas Ubartas (disque, 1992) et Daina Gudzinevičiutė (tir, 2000), auxquels il faut désormais ajouter Ruta Meilutytė.

Au fait, « Meilutytė », ça ne veut pas dire (à peu de chose près) « petit amour » ?
     



NB : La vidéo a été retirée de You Tube. Voilà décidemment des choses que je ne comprendrai jamais .....

Voir également en anglais : http://www.lithuaniatribune.com/2012/07/31/ruta-meilutyte-attended-basketball-for-four-years-drowned-in-the-first-swimming-training-and-dreaming-about-becoming-a-medical-woman/

dimanche 29 juillet 2012

La politique, aire de reconversion privilégiée des sportifs ukrainiens ?


J’ai déjà évoqué (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/03/ukraine-les-freres-klitschko.html) le champion du monde de boxe WBC ukrainien Vitali Klitschko, 41 ans, qui s’était lancé en politique en créant son propre parti, UDAR (qui signifie « punch » - УДАР Віталія Кличка). Son credo : « D’un coup puissant et bien placé, je suis prêt à briser le mur dressé entre la société et les autorités qui empêche le développement de l’Ukraine ». Son  parti, pro-européen et anti-corruption,  a toutes les chances de passer la barre des 5 % et devrait être ainsi représenté à la Verkhovna Rada suite aux élections législatives du 28 Octobre prochain.

Vitali Klitschko

Un autre sportif ukrainien mondialement connu a décidé d’arrêter sa carrière sportive pour se consacrer à la politique : le footballer Andriy Chevtchenko, 36 ans, ballon d’or 2004. Son avenir politique semble être plus aléatoire. Il a rejoint En avant l'Ukraine!  (Україна – Вперед!), parti  récemment créé par Natalia Korolevska, une dissidente du Bloc Ioulia Tymochenko - Batkivshchyna, qui se présente elle-même comme un défenseur des petites et moyennes entreprises. Les sondages les plus récents  lui prévoient moins de 5 % des voix lors des législatives. Chevtchenko a déclaré : « Je prévois de m'intéresser aux problèmes sociaux et de soutenir le sport, ma principale devise étant un esprit sain dans un corps sain ».  

Andriy Chevtchenko

Il n’est pas rare de voir des sportifs se lancer (avec plus ou moins de succès) en politique. Il suffit de regarder la liste des plus récents Ministres ou Secrétaires d’Etat successivement chargés des sports en France pour s’apercevoir qu’il y a de belles possibilités de reconversion : Alain Calmat (patinage 1984 – 1986), Roger Bambuck (athlétisme 1988 – 1991), Guy Drut (1995 – 1997), Jean-François Lamour (escrime 2002 – 2007), Bernard Laporte (rugby 2007 – 2009), Chantal Jouanno (karaté 2010 – 2011), David Douillet (judo 2011 – 2012). Mais c’est une reconversion parfois éphémère, la glorieuse incertitude du sport rejoignant celle des urnes !

Quel avenir pour Klitschko ? Il ne fait pas mystère que c’est la Mairie de Kyiv, où son parti est très populaire, qui l’intéresse. Chevtchenko, qui jouit d’une très grande popularité en Ukraine en tant que joueur, réussira-t-il à faire passer la barre fatidique des 5 % à En avant l'Ukraine! ? Début de réponses le 28 Octobre 2012.

NB : Sondage de Mai 2012 : Pour qui voteriez-vous si les élections législatives avaient lieu dimanche prochain ?

    # Opposition unie Batkivshchyna / Front du changement (Tymochenko - Yatsenyuk - Блок Юлії ТимошенкоФронт Змін) : 25,6 %
    # Parti des Régions (Партія регіонів - Ianoukovytch) : 22 %   
    # Vitali Klitschko UDAR (УДАР) : 9,2 %
    # Parti communiste (Комуністична партія України) : 7,6 %
                        ----------- 5 %  ------------
    # Liberté (Всеукраїнське об’єднання «Свобода»): 4,4 %
    # En avant l'Ukraine! (Україна – Вперед!) : 3,8  %

La Verkhovna Rada


samedi 28 juillet 2012

Avant les JO de Londres : les espoirs estoniens et lettons de médailles


Avant-hier (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/07/avant-les-jo-de-londres-les-espoirs.html), je vous parlais des espoirs de médailles des Lituaniens. Aujourd’hui, c’est au tour des Estoniens et des Lettons engagés dans les Jeux Olympiques 2012.

Estonie

L’Estonie avait engagé 47 athlètes aux JO de Pékin et avait ramené 2 médailles : une d’or pour Gerd Kanter au lancer du disque et une d’argent pour le deux de couple en aviron (Tonu Endrekson et Juri Jaanson).

Cette année, l’Estonie, qui a engagé 32 athlètes, compte toujours sur Gerd Kanter, Champion olympique 2008, 2e aux Championnats du Monde 2011, 2e aux Championnats d’Europe 2012. A noter toutefois que le site de paris betfirst.com ne le « voit » pas sur le podium à Londres.
Gerd Kanter


L’excrimeur Nikolai Novosjolov, en épée individuelle, Champion du monde 2012 a également la faveur des Estoniens. Les spécialistes citent en outre l’aviron avec le quadruple scull, 2e des Championnats d’Europe 2011, dont un des rameurs est Tonu Endrekson, médaille d’argent en double skull en 2008.

Mais, apparemment, les Estoniens seraient satisfaits s’ils ramenaient au moins une médaille ……  

Nikolai Novosjolov

Lettonie

A Pékin, la Lettonie avait engagé 50 athlètes et avait ramené 3 médailles : une d’or avec le cycliste (BMX) Māris Štrombergs, une d’argent en lancer du javelot avec Ainārs Kovals et une de bronze en haltérophilie avec Viktors Ščerbatihs dans la catégorie des 105 kg.

Māris Štrombergs


A Londres, la Lettonie a engagé 46 athlètes. D’après un sondage, 55 % des Lettons pensent que leur équipe ramènera une médaille, 42 % qu’elle n’en ramènera pas. Ce qui ne laisse que 3 % d’optimistes à 2 médailles et plus ! Pour ce faire, ils comptent sur les mêmes qu’à Pékin : Māris Štrombergs en BMX, Champion du monde 2008 et 2010, même s’il ne domine plus outrageusement la discipline (2e aux Championnats du monde 2011). Ils ont en outre deux possibilités au javelot avec Ainārs Kovals (vice-champion olympique 2008), mais surtout Vadims Vasiļevskis (vice-champion olympique en 2004, 2e de la ligue de diamant 2011, qui a lancé à 86,50m en Juin 2012).

Vadims Vasiļevskis

Là aussi, résultat le 12 Août !

Merci à Marianne (EE) et à Viktor (LV) pour leur aide

Timbre à l'effigie de l'escrimeur estonien  Nikolai Novosjolov 



vendredi 27 juillet 2012

JO - La Russie « annexe » l’Ukraine … et d’autres !


Les Jeux Olympique de Londres 2012 n’ont pas encore commencé (cérémonie d’ouverture ce soir à 22H heure française), qu’ils enregistrent déjà leur lot de scandales.


On passera sur l’erreur de drapeau entre Corée du Nord et Corée du Sud (ci-dessus : avant / après). C’est un euphémisme de dire que ça ne fait pas très professionnel ! Il faut s’attendre au pire à propos d’un classique, la confusion entre Lituanie et Lettonie ……

Mais une autre bourde prend des proportions diplomatiques, l’Ukraine et la Géorgie ayant protesté officiellement.D’autres, comme l’Azerbaïdjan, l’Arménie et le Bélarus, auraient pu faire de même. Car l’affaire n’est peut-être pas si accidentelle que ça et elle révèle en tous cas un état d’esprit très en vogue dans les allées du pouvoir russe. De quoi s’agit-il ?



Sur le site internet officiel des JO de Londres (london2012.com), les biographies d’une trentaine d’athlètes russes, nés dans ce qui était alors l’URSS, indiquent que ces lieux de naissance sont en Russie (RUS) : par exemple, le capitaine de l'équipe russe de volley-ball, Taras Khtey, est ainsi né en 1980 dans la "région de Lvov (Rus)" ; quand on sait en outre que Lviv est la région la plus ukrainophile d’Ukraine, ça ne peut que fâcher. On trouve aussi des « Ukraina Region (RUS) » et des « Belorussia Region (RUS) » !  Le boxeur David Ayrapetyan est, lui, né à “Baku (RUS), dans qui est quand même la capitale de l’Azerbaïdjan !



La Géorgie, quant à elle, s’est insurgée contre des inscriptions du style de celle du lieu de naissance du lutteur Besik Kudukhov : “South Ossetia (RUS)”. Rappelons que l’Ossétie du sud est une région séparatiste de la Géorgie, dont la pseudo indépendance après la guerre éclair d’Août 2008 (tiens, au moment de l’ouverture des JO de Pékin !) n’est reconnue que par la Russie, le Vénézuela et quelques îles-états du Pacifique. 

La porte parole de l’équipe olympique russe a parlé d’ « erreurs techniques ».  Soit. Mais une trentaine, ça fait quand même beaucoup d’ « erreurs techniques ». Et on ne peut que s’interroger lorsque ça arrive un mois après une adresse du Président Vladimir Poutine aux diplomates russes, leur enjoignant d’utiliser le « soft power » pour promouvoir les intérêts russes, notamment dans son « étranger proche » (comprendre l’ex-URSS).


Les Ukrainiens sont particulièrement sensibles dans la mesure où les nationalistes russes ne manquent pas une occasion de proclamer que l’Ukraine n’a toujours été (sic) qu’une région de la Russie, voire d’humilier la dite-Ukraine. Au point que Vladimir Poutine était allé jusqu’à dire à George Bush en 2008 que l’Ukraine n’était pas réellement une nation. Au point que, ce 12 Juillet, Vladimir Poutine avait fait attendre 4 heures le Président ukrainien,  Viktor Yanukovych, en Crimée car, sur la route entre l’aéroport de Sébastopol et Yalta, il avait préféré aller à un rassemblement de bikers russes, les « Loups de nuit » (ci-dessus)……

Décidemment, cette bourde est tout sauf innocente……  

NB : Même si le comité d’organisation est a priori en train de rectifier les erreurs, il est toujours possible de protester sur : complaints@enquiries.london2012.com

Banderole déployée à Varsovie lors du match Russie - Pologne de l'Euro2012 de football

jeudi 26 juillet 2012

Avant les JO de Londres : les espoirs lituaniens de médailles



Ce n’est qu’après avoir mis mon précédent post en ligne que j’ai vu hier un article diffusant un sondage sur ce que les Lituaniens espéraient récolter comme médailles aux Jeux Olympiques de Londres, JO qui commencent officiellement ce vendredi.

Sur le plan quantitatif, 52,9 % des personnes interrogées pensent que la délégation lituanienne ramènera entre 1 et 3 médailles, 12,7 % qu’elle n’en ramènera aucune, 11,6 % entre 4 et 6 et 5,3 % plus de 6.

Rappelons qu’aux JO de Pékin en 2008, la Lituanie avait eu 5 médailles, 2 d’argent (Edvinas Krungolcas - Pentathlon moderne et Gintare Volungevičiūtė - Voile) et 3 de bronze (Virgilijus Alekna - , Athlétisme , Mindaugas Mizgaitis - Lutte gréco-romaine et Andrejus Zadneprovskis - Pentathlon moderne) ce qui la plaçait à la 58ème place mondiale (sur 88 pays ayant eu des médailles).

La banque américaine Goldman Sachs (!) prédit de nouveau 5 médailles pour la Lituanie cette année.

En ce qui concerne les sportifs lituaniens susceptibles de ramener des médailles, les sondés citent dans l’ordre :
      # Virgilijus Alekna, lanceur de disque : 62,1 % (voir mon post d’hier)
      # L’équipe de basket : 37,8 %
      # Simona Krupeckaitė, cycliste sur piste : 37,5 % (2ème aux championnats du monde de sprint en 2010 et 2011, détentrice de 2 records du monde)
      # Gintare Scheidt, née Gintarė Volungevičiūtė, voile : 21,4 %  (championne du monde 2012 en Laser Radial)
      # Laura Asadauskaitė, pentathlète : 19,7 % (championne d’Europe 2012)
      # Mindaugas Griškonis, rameur : 15,9 % (champion d’Europe 2011 en scull)

Résultats le 12 Août au soir. 

Mindaugas Griškonis


Laura Asadauskaitė


Gintare Scheidt-Volungevičiūtė


Simona Krupeckaitė






mercredi 25 juillet 2012

Avant les JO de Londres : Virgilijus Alekna

Il est aussi populaire qu’un basketteur ce qui, en Lituanie, est un exploit ! Certains le croyaient (l’espéraient?) à la retraite. Il vient de se rappeler au bon souvenir de ses concurrents en signant une des meilleures performances mondiales de l’année.


Il ? Virgilijus Alekna, 40 ans (né le 13 Février 1972 près de Kupiškis), 2m, 135 kg, discobole. Deux fois champion olympique (Sydney 2000, Athènes 2004), bronze olympique à Pékin 2008, deux fois champion du monde (Paris 2003, Helsinki 2005), athlète européen de l’année 2005 (toutes disciplines confondues), vainqueur de la Ligue de diamant 2011 en lancer du disque.  


Vieux ? Il vient de lancer à 70,28m le 23 Juin 2012 à Klaipėda, ce qui n’est dépassé cette année que par les 70,66m (le 22 Mai) et les 70,31m (le 19 Mai) de Robert Harting.

On rappellera qu’il est toujours détenteur de la deuxième performance mondiale de tous les temps avec 73,88m réalisés le 3 Août 2000 à Kaunas. Il n’est dépassé que par le record du monde (74,08m) établi en 1986 par l’Allemand de l’est Jürgen Schult. Pour l’anecdote, on notera que ce record de Lituanie (73,88m) est largement supérieur au record olympique (69,89m) !  



Par ailleurs, Virgilijus Alekna a été nommé Champion de l’UNESCO pour le sport le 23 novembre 2007 (ci-dessus). En cette qualité, il est associé aux activités de l’Organisation visant à promouvoir le sport dans le système éducatif et à plaider pour l’importance de l’éducation physique, de ses valeurs morales et humaines. « Dans le civil », il est, depuis le 7 Novembre 2011, conseiller pour les questions sportives auprès du Ministre de l’Intérieur lituanien (ci-dessous). Enfin, il a été désigné porte-drapeau de la délégation lituanienne pour les Jeux Olympiques de Londres 2012. Il est Grand-croix de l’Ordre de Gediminas (Lietuvos didžiojo kunigaikščio Gedimino ordino Didysis kryžius) depuis 2003.



Si la logique est respectée, on devrait retrouver sur le podium olympique Robert Harting (Allemagne), Virgilijus Alekna (Lituanie) et Piotr Malachowski (Pologne). Dans quel ordre ? Avec un ou des trouble-fête : Gerd Kanter (Estonie), Lawrence Okoye (Grande-Bretagne), Zoltán Kövágó (Hongrie) ? Réponse le 6 Août pour les qualifications et surtout le 7 Août à partir de 19H45 pour la finale. 


lundi 23 juillet 2012

130 ans de tramway à Rīga


Le 23 Juillet 1901 était mise en service la première ligne de tramway électrique de Rīga, sur Aleksandra iela (aujourd’hui Brivibas). La première ligne électrique dans le monde avait été construite à Berlin (1881). La première ligne électrique en Lettonie a fonctionné à partir du 26 Septembre 1899.

Le "Retrotram", une reproduction du tramway de 1901 à l'usage des touristes
Les premiers tramways, qui étaient en fait à traction hippomobile, étaient apparus à Rīga le 4 Septembre 1882 (le premier au monde apparut à New York en 1850).

C’est une compagnie privée belge qui en avait repris l’exploitation après la Première Guerre mondiale, mais ça s’est avéré être une erreur et la Municipalité a repris les choses en main en 1931.

Aujourd’hui, le réseau de tramway de Rīga, qui fonctionne sans interruption depuis 1882, compte 9 lignes (au total 122,94 km), 243 stations et 267 rames. L’ensemble des transports en commun de Rīga (à l’exception notable des mikroautobuss) est géré depuis le 20 Février par une compagnie municipale, « Rīgas satiksme » http://www.rigassatiksme.lv/en/

Le matériel le plus répandu est encore le Tatra T3SU (SU pour Soviet Union), fabriqué en Tchécoslovaquie, modèle le plus produit dans le monde (11 368 exemplaires entre 1962 et 1990). Riga en a reçu 243 exemplaires construits entre 1974 et 1987 (il en reste aujourd’hui 190).  On y ajoutera 62 Tatra T6B5SU construits entre 1988 et 1990. Leur rénovation a commencé en 1998.




Depuis 2010 sont introduits à dose homéopathique des Škoda 15T (fabriqués en République Tchèque) sur la ligne 6 Jugla – Gare centrale. D’une longueur de 31,4 mètres, comportant 60 sièges mais pouvant transporter au total 318 passagers, il y en aurait actuellement 20 rames.  


dimanche 22 juillet 2012

21 Juillet 1940 : la Lituanie devient une République Socialiste Soviétique


Quiconque est, comme moi, un lecteur assidu des agences de presse russes (et notamment de RIA-Novosti) n’aura pas été sans remarquer que celles-ci, lorsqu’elles traitent de l’occupation et de  l’annexion des Etats baltes écrivent toujours ces termes entre guillemets. Car la Russie d’aujourd’hui entretient toujours l’affabulation selon laquelle c’est de leur plein gré que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont rejoint l’Union soviétique en Juin – Juillet 1940.

Voyons ce qu’il en fut pour la Lituanie.

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que la Lituanie, Etat souverain depuis 1253, fut déjà annexée par l’empire russe entre 1795 et 1918. Son retour à l’indépendance, proclamé le 16 Février 1918, fut reconnu par la Russie bolchevique le 26 Janvier 1921.

Il n’est pas non plus inutile de rappeler que, suite aux protocoles secrets du « Traité de non-agression entre l’Allemagne et l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes » du 23 Août 1939 (dit Pacte Molotov – Ribbentrop), complété par le « Traité Germano-Soviétique de délimitation et d’amitié » du 28 Septembre 1939, les deux régimes totalitaires européens se partageaient l’Europe centrale.

La RSFSR (République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie) avait signé des traités de paix, le 2 Février 1920 avec l’Estonie, le 12 Juillet 1920 avec la Lituanie et 11 Août 1920 avec la Lettonie. Le 26 Janvier 1921, elle procéda à la reconnaissance de jure  des trois républiques baltes.

Par un premier accord le 28 Septembre 1926, la Lituanie et l’URSS s’engagent « à respecter en toute circonstance leur souveraineté, l’intégrité et l’inviolabilité de leurs territoires respectifs ». On sait ce qu’il en est advenu ……
Devant l’aggravation de la situation internationale, les trois Etats baltes adoptent, fin 1938 – début 1939 (25 Janvier 1939 pour la Lituanie), chacun une loi de neutralité mais au contenu identique.

Grâce aux accords Molotov-Ribbentrop, Hitler, tranquille sur son flanc est, put attaquer à l’ouest le 1er Septembre 1939. C’est également dans le cadre de ces accords que l’URSS attaque la Pologne le 17 Septembre 1939 (y compris la région de Vilnius occupée par les Polonais depuis 1920), puis la Finlande en Novembre 1939 (ce qui entraîne son expulsion de la SDN), faisant d’elle de facto un allié de l’Allemagne nazie sur le terrain. On comprend alors pourquoi l’hagiographie russe ne fait commencer la seconde guerre mondiale qu’au 22 Juin 1941, cette alliance de deux ans avec l’Allemagne nazie n’étant guère politiquement correcte.
Le 10 Octobre 1939, le gouvernement soviétique signait avec le gouvernement lituanien un Accord sur le transfert de Vilna et sur l’assistance mutuelle. En échange du retour de Vilnius dans la République lituanienne, celle-ci s’engageait à organiser sa défense conjointement avec l’URSS, laquelle était autorisée à entretenir en certains points de Lituanie des effectifs limités de forces militaires terrestres. Les mêmes types d’accords d’assistance mutuelle furent signés avec l’Estonie (28 Septembre) et la Lettonie (5 Octobre).  
Après l’occupation par l’Allemagne du Danemark et de la Norvège, puis, à partir du 10 Mai 1940, l’envahissement du Luxembourg, de la Belgique, des Pays-Bas et de la France, Staline décida, tant pour se protéger contre l’Allemagne que pour prendre le contrôle politique des Etats baltes, de les intégrer à l’empire russe. Or, depuis le Traité de Moscou du 12 Mars 1940, qui avait mis fin à la Guerre d’Hiver, Moscou avait les mains libres du côté de la Finlande.

Le 25 Mai 1940, Vyacheslav Molotov, Ministre des Affaires Etrangères de l’URSS, présenta une note diplomatique accusant le gouvernement lituanien d’avoir fait enlever 3 soldats soviétiques pour leur extorquer des secrets militaires, mais que 2 avaient réussi à s’échapper après avoir été torturés, alors que le troisième avait été assassiné. Ces accusations étaient en fait une pure invention, le pseudo assassiné étant par exemple un déserteur qui s’était suicidé ! 
 
Le 14 Juin 1940 à 22H30, alors que le monde entier avait les yeux tournés vers Paris où les troupes allemandes venaient d’entrer, Molotov présenta au gouvernement lituanien un ultimatum qui expirait le lendemain matin à 10H ! Réitérant les accusations de kidnapping des soldats soviétiques et dénonçant une prétendue conspiration avec la Lettonie et l’Estonie, les soviétiques demandaient la mise en place d’un gouvernement plus favorable au Pacte d’assistance mutuel et qu’un nombre « suffisant » de troupes soviétiques soit autorisé à entrer en Lituanie. Le gouvernement Lituanien, réuni dans la nuit, partagé entre la résistance symbolique et l’acceptation, décida finalement, le 15 Juin à 7H du matin, d’accepter l’ultimatum. Mais les soviétiques récusèrent le Premier Ministre proposé et annoncèrent qu’ils envoyaient Vladimir Dekanozov, un adjoint de Molotov, pour superviser la formation du nouveau gouvernement. En fait, l’armée rouge (200 à 250 000 hommes) entra en Lituanie à 15H et, le soir, le Président lituanien, Antanas Smetona, et son Ministre de la défense, décidèrent de quitter la Lituanie en guise de protestation. Avant de partir, le Président avait nommé le Premier Ministre, Antanas Merkys, Président par intérim.

L’objectif premier de Dekanozov fut l’organisation d’un gouvernement fantoche qui légitimerait l’occupation. Dans une démarche totalement inconstitutionnelle, le gouvernement lituanien considéra que Smetona avait démissionné, reconnut Merkys comme Président de plein droit et nomma le 17 Juin 1940 un communiste notoire, Justas Paleckis, comme Premier Ministre. Puis Merkys démissionna, fut par la suite arrêté et déporté en Russie, Paleckis devint « Président » et nomma l’écrivain Vincas Krėvė-Mickevičius « Premier Ministre » d’un « Gouvernement du Peuple ». Tout cela dans la plus parfaite illégalité.

Le 1er Juillet 1940, le « Gouvernement du Peuple » décida de dissoudre le 4ème Seimas (Parlement) qui, lui, était légitime et de convoquer des élections au « Parlement du Peuple » pour le 14 Juillet. Une nouvelle loi électorale fut adoptée le 5 Juillet et stipula que seules les organisations communistes avaient le droit de présenter des candidats ; en tout état de cause, il n’y avait qu’un seul candidat par siège au Parlement. En outre, 2 000 politiciens éminents lituaniens furent arrêtés avant les « élections ». Le livre noir du communisme parle de 1 480 exécutions. 

Les « résultats » furent conformes aux espérances puisqu’il y eut officiellement 95,51 % de votants et 99,19 % des voix se portèrent sur les candidats uniques communistes. Lors de sa première session, le 21 Juillet 1940, ce parlement fantoche proclama la République Socialiste Soviétique de Lituanie (en Lituanien Lietuvos Tarybų Socialistinė Respublika ; en Russe Литовская Советская Социалистическая Республика, Litovskaïa Sovetskaïa Sotsialistitcheskaïa Respoublika)  et demanda au soviet suprême de l’Union soviétique d’accepter la RSS de Lituanie dans l’URSS. La demande fut acceptée le 3 Août 1940 et la Lituanie devint ainsi la 14ème république de l’Union soviétique.

Voilà donc ce que la Russie d’aujourd’hui appelle toujours « rejoindre volontairement l’Union soviétique » ……Mais qui se souciait alors (et qui se soucie encore aujourd’hui) de ces « nations trop petites, trop seules pour tenir tête, trop lointaines » ?