vendredi 9 août 2013

Mikhaïl Gorbatchev : « Je suis vivant et je me porte bien » !


Gag morbide ce mercredi 7 Août soir : des hackers ont piraté le compte Twitter en allemand de l’agence de presse russe RIA-Novosti et y ont annoncé la mort du dernier dirigeant de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev. Celui-ci a démenti lui-même dès le lendemain dans le tabloïd bihebdomadaire dont il est actionnaire, Novaïa Gazeta.

Une occasion de rappeler brièvement aux jeunes générations qui fut Gorbatchev, et aux moins jeunes ce qu’il est devenu.

Né en 1931 dans le nord Caucase, il suit la carrière classique d’un apparatchik communiste :  komsomolets (membre des jeunesses communistes), membre du Parti en 1950, dirigeant de la ville de Stavropol en 1962. Il est remarqué par Iouri Andropov, alors Président du KGB, et est élu grâce à lui en 1971 au Comité Central du Parti communiste, dont il devient secrétaire en 1978, puis il entre au Politburo en 1980 à 49 ans. 

Après 15 ans de pouvoir des gérontes (Brejnev, Andropov, Tchernenko), le choix par le Politburo de Gorbatchev comme Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique à l’âge de 54 ans, en 1985, est une révolution ! Dans un contexte de stagnation économique et de chute des cours du pétrole, qui empêchent l’URSS de poursuivre le rythme effréné de la course aux armements, Gorbatchev n’a pas d’autre choix que de songer à la détente et au désarmement. C’est son éminence grise, Alexandre Iakovlev, qui lui inspire successivement la glasnost (transparence), la perestroïka (restructurations économiques) et le principe de la réunification allemande.

Leonid Brejnev

Une série de mesures symboliques se succèdent, comme l’autorisation de parution du « Docteur Jivago » de Boris Pasternak (Novembre 1985), l’autorisation de retour à Moscou d’Andreï Sakharov en Décembre 1986 et surtout la signature avec Ronald Reagan, le 8 décembre 1987, du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, réduisant de 50 % l’arsenal nucléaire des deux Grands.

La décision de retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan prise le 15 Mai 1988 (effective un an plus tard) et surtout l’ouverture du mur de Berlin le 9 Novembre 1989, font que le Prix Nobel de la Paix 1990 lui est attribué. On se souviendra toutefois qu’en Janvier 1991 (Vilnius, Riga) et jusqu’en Juillet 1991 (Medininkai), les troupes soviétiques ont encore tué dans les Etats baltes et que Gorbatchev ne pouvait pas ne pas être au courant.

La fin est plus pathétique à cause, d’un côté de l’échec de ses réformes, de l’autre de l’hostilité des conservateurs qui voient en lui le fossoyeur de l’URSS. L’étrange putsch de Moscou d’Août 1991 profite à Boris Eltsine, Président élu de la République fédérative de Russie, et sonnera à terme le glas de l’URSS (25 Décembre 1991), date à laquelle Mikhaïl Gorbatchev, son Président, démissionnera.

Gorbatchev et Eltsine

Depuis, Gorbatchev s’est tourné vers l’écologie, prônant une « perestroïka du développement durable », mais il est également devenu critique de la politique de Poutine, lui reprochant les reculs démocratiques enregistrés en Russie. Il est encore très populaire en Occident (un reste de « gorbymania », mais beaucoup moins en Russie (il n’avait recueilli que 0,5 % des voix aux présidentielles de 1996) où il est rendu responsable de l’explosion de l’URSS et du chaos économique et social qui a suivi.

Malade (il souffre de diabète), il a été hospitalisé en Juin 2013, et il apparaît désormais affaibli lors de ses interventions publiques.

Pour mémoire, un sondage d’Octobre 2011 effectué par l’institut VTsIOM, donnait la cote de popularité suivante aux dirigeants russes de ces 100 dernières années :
    # Vladimir Poutine   61 %
    # Dmitri Medvedev  54 %  
    # Leonid Brejnev     39 %
    # Tsar Nicolas II    31 %
    # Lénine                  28 %
    # Staline                 28 %
    # Khrouchtchev      24 %
    # Boris Eltsine        17 %
    # M. Gorbatchev     14 %
           


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