vendredi 22 novembre 2013

L’Ukraine a tourné le dos à l’Europe


Depuis des mois, on se demandait de quel côté l’Ukraine allait tomber : est ou ouest, Russie ou Union Européenne ?

Ce jeudi 21 Novembre 2013, l’Ukraine a choisi de tourner le dos à l’Europe. La Rada (Parlement), ou plutôt le « Parti des Régions » du Président Ianoukovytch qui y est majoritaire, a rejeté le matin les six propositions de loi qui auraient permis à l’ancien Premier Ministre Ioulia Tymochenko d’aller se faire soigner en Allemagne. Cette libération était la condition sine qua none pour que l’Union Européenne signe avec l’Ukraine un Accord d’Association économique.

Se retranchant derrière la décision de la Rada, le Président Ianoukovytch a signé dès le début de l’après-midi un décret mettant fin à toute négociation avec l’UE. Certains n’hésitent pas à accuser Ianoukovytch d’avoir joué un double jeu, disant une chose à l’UE, mais donnant des ordres en sous-main au Parti des Régions pour bloquer le processus législatif.

Il est en tout état de cause notoire que les menaces, notamment économiques, de la Russie sur une Ukraine à l’économie en récession ont été déterminantes. Il faut d’ailleurs s’attendre à ce que l’Ukraine engage désormais des négociations pour rejoindre l’Union douanière dirigée par la Russie, regroupant déjà Bélarus, Kazakhstan et bientôt Arménie.


L’Accord d’Association ne sera donc pas signé à Vilnius les 28 et 29 Novembre prochains. En raison des élections au Parlement européen de Mai 2014 et des élections présidentielles ukrainiennes en Mars 2015, il est même douteux qu’il soit de nouveau à l’ordre du jour du prochain sommet du Partenariat oriental à Riga, en 2015.

C’est une déception pour l’Union Européenne et en particulier pour la Lituanie, Présidente en exercice du Conseil de l’UE, qui avait fait de la signature de cet accord le point fort de sa Présidence. C’est aussi une déception pour une majorité d’Ukrainiens (50 % se disaient favorables à un traité avec l’UE, 48 % étaient contre), dont certains sont descendus hier soir dans la rue.

Maidan Nezalejnosti (Place de l'indépendance) hier soir


A terme, cette décision risque, en plus, de menacer l’existence du Partenariat oriental lui-même. Privé de l’Ukraine et de l’Arménie, avec un Bélarus au ban des nations occidentales, la Géorgie et la Moldavie, qui doivent initier leur propre Accord d’Association à Vilnius, étant potentiellement menacées par la Russie qui dispose de troupes sur leur territoire, on ne voit pas à quoi pourrait servir ce qui risque d’être désormais une coquille vide.

L’Ukraine, dont l’histoire a été étroitement mêlée pendant des siècles à celle de l’Autriche, de la Lituanie et de la Pologne, méritait sans doute mieux que ce psychodrame où j’ai bien l’impression que le sort de Mme Tymochenko n’a été qu’un trompe l’œil !      

Les négociateurs de l'UE, Aleksander Kwasniewski (à gauche) et Pat Cox




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire