jeudi 23 janvier 2014

23 Janvier 1783 : naissance de Stendhal, bien connu en Lituanie


Celui qui n’est encore qu’Henri Beyle est né le 23 Janvier 1783 à Grenoble. Il est en Lituanie un des acteurs les plus connus de la campagne de Russie car il est devenu par la suite l’écrivain Stendhal.
Mais c’est un euphémisme de dire que les historiens ne sont pas tendres avec lui. Paul Britten Austin, par exemple, le traite de « Capitaine de Dragons grassouillet et vaniteux {…} qui s’est assuré un travail tranquille de commissaire de guerre en faisant la cour à l’épouse de Daru ».
En effet, grâce à son parent et protecteur Pierre Daru, Commissaire général de la Grande Armée en 1806, puis Intendant général des pays conquis après la bataille d’Eylau (8 Février 1807), Henri Beyle fut effectivement nommé le 11 Juillet 1807 Commissaire de guerre adjoint, en poste à Brunswick (Braunschweig, en Basse-Saxe). Après l’occupation de Königsberg (Kaliningrad actuelle), il pensait que la campagne allait se prolonger vers Saint Petersburg via la Courlande ; mais les traités de Tilsit l’empêchèrent de voir la Lituanie et il devra attendre 5 ans pour y revenir.   
En 1812, Henri Beyle / Stendhal quitte Paris le 23 Juillet après avoir vu l’Impératrice à Saint-Cloud. En attendant de voir le Roi de Rome, fils de Napoléon et de Marie-Louise, il écrit à sa sœur pour lui indiquer son itinéraire : Paris, Metz, Mayence, Francfort-sur-le Main, Weimar, Leipzig, Francfort-sur-l’Oder, Königsberg, Gumbinen (aujourd’hui Goussev dans l’oblast de Kaliningrad), Kaunas (où son ami le chevalier de la Noüe est Commissaire) et Vilnius. Apparemment, il atteint Marijampolė dans les premiers jours d’Août 1812 car il franchit la Berezina le 12 Août vers Bojarinkov où se trouve l’état-major impérial.  
En Russie, Stendhal / Henri Beyle est affecté à Smolensk où il doit assurer l’approvisionnement de l’armée française dans les régions de Smolensk, Mogilev et Vitebsk, ces deux dernières villes ayant été lituaniennes avant la première partition de 1772. Il est toutefois à Moscou le 15 Octobre, quatre jours donc avant son évacuation, puisque de là il écrit à son collègue et ami le Chevalier de la Noüe : « Je suis complètement en loques {…} Je vous prie de m’acheter à Kaunas ou à Vilnius quatre ou cinq mètres de tissu bleu et six ou sept mètres de cashmere, également bleu ». Sa lettre n’arrivera jamais à destination car elle fut interceptée par les Russes (elle ne sera rendue publique qu’en 1913 !). Mais, même si elle était parvenue à Kaunas, elle avait peu de chances d’être suivie d’effet car le commissaire de la Noüe était mort le 13 Octobre. 
Anticipant la retraite, Stendhal quitte Smolensk le 11 Novembre, et atteint Vilnius dans la soirée du 6 Décembre, d’où il repart dès le 7 ou le 8 vers Kaunas et Königsberg, après avoir apparemment rendu visite, sur la rue Pilies, à l’état-major français et aux états-majors du Commissaire en chef et du chef trésorier (actuel Institut Français – cf. ci-dessous). Il aura le temps d’écrire à sa sœur, la seule lettre envoyée de Lituanie, dans laquelle il dira qu’il est en bonne santé, mais qu’il a tout perdu ; et que, néanmoins, il est prêt à repartir au service de Sa Majesté l’Empereur.

Il restera à Königsberg du 14 au 30 Décembre, qu’il quittera en traîneau pour Danzig (Gdansk). Dans ses œuvres ultérieures, il citera souvent des lieux lituaniens (Vilnius, Kaunas, Marijampolė, Tilsit, le Niémen), mais jamais la Lituanie en tant que telle.  


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