jeudi 30 janvier 2014

Conférence sur le Comte Liudvikas Mykolas Pacas, Général d’Empire


Je reprends demain mon bâton de pèlerin pour aller parler, en Région parisienne, du comte lituanien Liudvikas Mykolas Pacas (en polonais Ludwik Michał Pac), et notamment de son parcours comme Officier dans les armées napoléoniennes, à l’occasion de l’Assemblée Générale du Centre d’Etudes Napoléoniennes.

Le point de départ de ma recherche a été l’inscription « Pac – 1780 » sur une des plaques qui, sur la façade du mess des officiers de Strasbourg, recense les « généraux strasbourgeois » depuis le XVIIe siècle jusqu’en 1874. Or, il s’avère que, dans la mesure où l’acte de naissance du général Pacas est introuvable depuis longtemps, il pourrait très bien être né ailleurs qu’à Strasbourg (par exemple à Lingolsheim) et que, s’il a bien été baptisé a priori le 19 Mai 1780, il serait plutôt né en 1778 !



Le jeune Liudvikas étudia en France jusqu’à la Révolution, puis en Angleterre et à Vilnius, avant de voyager comme tous les jeunes nobles de son époque. Car la famille Pacas était une grande famille nobiliaire du Grand-duché de Lituanie qui avait donné notamment Mykolas Kazimieras Pacas (1624 – 1682), constructeur de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Vilnius et Kristupas Zigmantas Pacas (1621 – 1684), constructeur du monastère de Pažaislis, près de Kaunas.

Les guerres de la quatrième coalition contre la France, qui rapprochent les armées napoléoniennes du Niémen, ramènent le comte Pacas vers la Lituanie. Il rejoint l’armée napoléonienne en 1806 (à 28 ans) pour la campagne de Prusse, au sein de l’escadron de chevau-légers polonais inséré dans la garde impériale. Après la victoire décisive de Friedland (14 Juin 1807), alors que les négociations de paix se préparent à Tilsit, une délégation lituanienne, composée de « notre » comte Pacas, et des comtes Sierakowskis et Tiškevičius vient proposer d’organiser en Lituanie la révolte contre la Russie, à la condition que la France aide les insurgés. L’Empereur Napoléon 1er n’y est pas favorable et les envoyés repartent très déprimés.

Officier du 1er Régiment de Chevau-légers lanciers polonais de la Garde Impériale

En 1808, Pacas est en Espagne en tant que chef d’État-major du Maréchal Bessières et il s’illustre à tête d’un escadron à la bataille de Medina de Rioseco (14 Juillet 1808). Il est blessé à la cuisse d’un coup de baïonnette, mais repart à l’assaut et repousse l’ennemi, ce qui lui vaut de recevoir la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur et d’être nommé Lieutenant-colonel. Il a 30 ans. Un an plus tard, il combat à Essling (20-22 Mai 1809), puis à Wagram (5-6 Juillet 1809), chargeant à la tête du 15e Lanciers de la Garde, dont il est désormais Colonel. Wagram mettant fin à la guerre de la cinquième coalition, le comte Pacas est dans l’escorte qui raccompagne l’Empereur vers Paris. Il est fait Officier de la Légion d’Honneur le 13 Décembre 1809.

Indigné que Napoléon 1er ne recrée pas la Pologne, prétextant des ennuis de santé, Pacas envoie sa démission à l’Empereur le 12 Octobre 1809. Il entre au service du Duché de Varsovie, commande le 2e régiment de Ulans, puis est nommé Gouverneur du département de Lomza, organisant une milice de 3 000 hommes équipés à ses frais.

Lorsque la Grande Armée franchit le Niémen le 24 Juin 1812, le comte Pacas accourt de Pologne à Vilnius. Il donne un grand bal dans un de ses palais, à l’actuel n° 7 de la rue Didžioji, où il héberge Murat, bal auquel l’Empereur fera une apparition. Napoléon le prend comme aide-de-camp avec le grade de Général de brigade. Il est à Moscou quand la ville s’embrase, il est blessé au passage de la Bérézina et c’est sous la garde des lanciers de Pacas, dont le capitaine comte lituanien Stanislovas Dunin-Wasowicz, que l’Empereur quitte la Grande Armée à Smorgoni le 5 Décembre 1812 pour rejoindre Paris où le général Mallet conspire.
Resté fidèle à l’Empereur, Pacas participe, pendant la campagne d’Allemagne, aux batailles de Lützen (2 Mai 1813) et de Leipzig (19 Octobre 1813), où il commande la cavalerie polonaise. Il est fait Commandeur de la Légion d’Honneur le 24 Octobre 1813.

Le n° 7 de la rue Didžioji

Nommé Général de Division le 12 Janvier 1814, il se distingue pendant la campagne de France, d’abord à Berry-au-Bac (5 Mars 1814), puis il est blessé sous Laon (9 – 10 Mars 1814) à la main et au visage, ce qui ne l’empêche pas de charger, faisant des centaines de prisonniers russes, dont le Prince Gagarine. Restant fidèle à l’Empereur jusqu’au bout, il conduira personnellement, malgré son bras encore en écharpe, la dernière charge de cavalerie de la défense de Paris, en avant de la Barrière de Pantin, sur le plateau de La Villette (30 Mars 1814), Général de Division à la tête de 4 escadrons. Rappelons que Napoléon 1er abdiquera le 4 Avril, et que le 20 Avril, ce seront les adieux de Fontainebleau. 

Ne se résolvant ni à rejoindre l’armée française de Louis XVIII, ni à entrer dans l’armée polonaise aux ordres de la Russie, Le général Pacas offre sa démission qui est agréée le 26 Mai 1814. Il fera une deuxième « carrière » comme leader de l’insurrection à Varsovie fin 1830. Mais c’est une autre histoire.
Le 6 août 1835, se déplaçant en Grèce nouvellement indépendante, il doit s’arrêter à Smyrne (aujourd’hui Izmir en Turquie) en raison d’une inflammation des intestins et de l’estomac. Il en meurt le 31 août 1835 et est enterré à l’abbaye Saint-Polykarpe de Smyrne.

Le tombeau du Général Pacas à Smyrne, a priori aujoourd'hui détruit

Je ferai des conférences sur le même sujet, mais adaptées à l’auditoire, le 12 Mars à l’Institut français de Vilnius et 17 Mai au château de Brienne-le-Château.





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