mardi 4 février 2014

Les sacrifiés de Yalta


Le 4 Février 1945 s’est ouverte dans le plus grand secret, au Palais de Livadia, près de Yalta en Crimée, une conférence réunissant les chefs d’Etats ou de gouvernement d’Union soviétique (Joseph Staline), des Etats-Unis (Franklin D. Roosevelt) et de Grande-Bretagne (Winston Churchill).

Churchill, Roosevelt et Staline

Le but de cette conférence était d’adopter une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre, de régler le sort de l’Europe après la défaite allemande et de garantir la stabilité d’un nouvel ordre mondial.

A ce moment-là, Staline est en position de force car les armées soviétiques sont à une centaine de kilomètres de Berlin. Par contre, Roosevelt est déjà malade (il décédera deux mois plus tard, le 12 Avril 1945), les Américains ont été mis en difficulté dans les Ardennes, et le Président américaina la naïveté de croire en la parole de Staline, alors que celui-ci violera les accords immédiatement après leur signature.

Durant cette conférence, le statut de la Pologne a été âprement disputé. Et c’est finalement la version soviétique de la ligne Curzon de 1919 – 1920 qui a été adoptée comme frontière orientale de la Pologne.
Mais le sort des Etats baltes n’a semble-t-il pas été évoqué. Du moins, ils ne sont pas cités dans le communiqué officiel du 11 Février 1945. Il s’agissait pourtant bel et bien d’Etats souverains jusqu’en Juin 1940 et leur invasion, puis annexion par l’Union soviétique.  

Le déplacement de la Pologne vers l'ouest


Leur sort avait déjà été scellé par les trois alliés de circonstance lors de la conférence de Téhéran, du 28 Novembre au 1er Décembre 1943, qui s’étaient mis d’accord sur le principe du démembrement de l’Allemagne, sur l’annexion de Königsberg par l’Union soviétique et sur le déplacement de la Pologne vers l’ouest. Staline y avait également accepté le principe proposé par Roosevelt de création d’une organisation internationale. Cette dernière décision aboutit à la création de l’Organisation des Nations Unies le 24 Octobre 1945.

A Yalta, les trois « grands » se sont accordés pour laisser aux pays européens libérés le choix de leur destin. Dans la pratique, les territoires « libérés » par l’Armée rouge ne connaîtront pas d’élections libres, et se verront imposer le communisme par Staline. Cet état de fait fut une des causes du déclenchement de la guerre froide.

Le Palais de Livadia

On ne parla donc pas des trois Etats baltes d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, qui avaient signé des traités de paix avec l’Union soviétique, dont l’indépendance avait été reconnue par l’Union soviétique, mais dont le sort avait été scellé le 23 Août 1939 par les protocoles secrets du pacte Molotov – Ribbentrop. Leur résistance armée contre l’occupation soviétique, jusque dans les années 50, ne recevra pas le soutien qu’ils auraient pu espérer des occidentaux. Ils se libéreront par eux-mêmes en 1990 – 1991, mais la Fédération de Russie d’aujourd’hui ne reconnaît toujours pas qu’ils aient été occupés.

Oui, les Etats baltes ont bien été les sacrifiés de Yalta !   


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