samedi 31 mai 2014

30 Mai 1953 : capture du Général Žemaitis par les soviétiques




S’il est quasiment inconnu en France, le Général Jonas Žemaitis est un héros en Lituanie. Le triste anniversaire de sa capture le 30 Mai 1953 est l’occasion de rappeler sa carrière et son destin, et de souligner que certains en France auraient – au moins - une raison de le connaître.

Baptême de la Promotion d'élèves-officiers de 1929 par le Président Smetona

Jonas Žemaitis  est né le 15 Mars 1909 à Palanga. Il étudie à l’Ecole Militaire de Kaunas à partir de 1926 et en sortira le 23 Novembre 1929 avec le grade de Lieutenant. En 1936, il réussit un concours et part en France. De 1936 à 1938, Jonas Žemaitis est Officier stagiaire à l’Ecole d’Application d’Artillerie de Fontainebleau.


Installée initialement à Metz depuis 1802, l’Ecole d’Application de l’artillerie et du génie est recréée à Fontainebleau le 11 Décembre 1871 suite à la défaite de 1871. En 1912, l’Ecole d’Application du génie est créée à Versailles et l’Ecole de Fontainebleau est rebaptisée Ecole d’Application d’Artillerie. Lorsque le Lieutenant Jonas Žemaitis y effectue son stage, le commandant de l’Ecole est le Général Joseph de la Porte du Theil qui sera, en Juillet 1940, le fondateur et le chef des chantiers de la jeunesse française.  

L'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau

Jonas Žemaitis sort Capitaine de l’Ecole de Fontainebleau. Après l’occupation de la Lituanie par les troupes soviétiques, il continue son service actif. Par contre, il se retire lorsque l’Allemagne attaque l’URSS, ne voulant pas servir les nazis.

En Février 1944, les Allemands autorisent la création par le Général Povilas Plechavičius d’une force territoriale lituanienne de défense (Lietuvos vietinė rinktinė), espérant en faire une unité supplétive des SS. Refusant toutes les tentatives allemands de phagocyter son unité forte de 20 à 30 000 hommes, Plechavičius fut arrêté par les Allemands le 15 Mai 1944, avec un millier de cadres et de soldats. Environ une moitié des effectifs réussirent à s’enfuir dans les forêts et constituèrent l’Armée Lituanienne de la Liberté (Lietuvos laisvės armija ou LLA), s’attaquant aux forces d’occupation soviétiques.
  
La résistance en Lituanie était organisée comme une véritable armée, avec des combattants en uniforme et une chaîne de commandement, contrôlant l’ensemble du territoire de la Lituanie en dehors des villes, organisé en trois régions militaires et neuf districts, jusqu’en 1949.  

Partisans lituaniens. Jonas Žemaitis est le deuxième en partant de la gauche

En Février 1948, les leaders de la résistance se réunirent dans le village de Minaičiai et établirent un commandement central, l’Union lituanienne des combattants de la Liberté (Lietuvos laisvės kovos sąjūdis ou LLKS). Jonas Žemaitis en fut élu le chef. Le 16 Février 1949, date du 31ème anniversaire de l’indépendance de la Lituanie, le bureau du LLKS signa une déclaration fixant que la Lituanie, une fois sa souveraineté restaurée, sera un Etat démocratique, fondé sur la Liberté et les valeurs démocratiques, où tous les citoyens auront les mêmes droits. En 1999, le Seimas (Parlement) reconnut formellement ce document comme une déclaration d’indépendance. 

Mais, en Décembre 1951, Žemaitis fut frappé par une hémorragie cérébrale et devint paralysé. Le 30 Mai 1953, sa cachette est découverte et il est arrêté par des agents soviétiques. Il est transporté à Moscou et y est interrogé par le Ministre de l’Intérieur, Lavrentiy Beria lui-même. Jonas Žemaitis sera exécuté, dans la prison de Butyrka, le 26 Novembre 1954.

Dernière photo connue 

Jonas Žemaitis sera nommé Général de brigade à titre posthume. Le 11 Mars 2009, il fut officiellement reconnu comme quatrième Président de la République de Lituanie.

Monument devant le Ministère de la Défense lituanien





vendredi 30 mai 2014

Mai - Juin 1937 : « grandes purges » dans l’Armée rouge

Staline et Ribbentrop, le 23 Août 1939

Avec les prochaines commémorations du 70e anniversaire du débarquement en Normandie (6 Juin 1944) et l’invitation controversée du Président russe Vladimir Poutine à ces cérémonies, on ne va pas manquer de nous répéter à l’envi que l’Union soviétique a dénombré 25 millions de morts pendant le deuxième conflit mondial.

La Deuxième Guerre mondiale aurait en effet entraîné en URSS la mort de 8,8 à 11,7 millions de militaires et de 13,5 à 15,7 millions de civils.

Il n’est pas inutile de rappeler que sont inclus dans ces morts :

      # Ceux des Républiques souveraines annexées en 1940 (Estonie, Lettonie, Lituanie, Moldavie)
     # Ceux des victimes de la répression, notamment de la déportation au goulag de populations entières jugées potentiellement déloyales.  


Enfin, comment ne pas rappeler que, bien que n’étant officiellement entrée en guerre que le 22 Juin 1941 (avant, elle était l’alliée de l’Allemagne nazie, ce qui, aujourd’hui, n’est guère politiquement correct), l’URSS a eu des morts lors de la Guerre d’Hiver contre la Finlande (30 Novembre 1939 – 13 Mars 1940) et lors de l’agression contre la Pologne (à compter du 17 septembre 1939).

Or, dans la deuxième moitié des années 30, l’Armée rouge avait été victimes des Grandes Purges,  menées à grande échelle par le Parti communiste d’URSS pour éliminer les opposants politiques, réels ou supposés, de Staline.

C’est ainsi qu’entre Juin 1937 et Juillet 1938 ont été exécutés :

   # 4 Maréchaux sur 5, dont le plus célèbre, le Maréchal Mikhaïl Toukhatchevski, arrêté le 22 Mai et fusillé le 12 Juin 1937 ;
   # 14 Généraux d’armée sur 16 ;
   # 60 Généraux de corps d’armée sur 67 ;
   # 136 Généraux de division sur 199 ;
   # Tous les Amiraux (8) ;
   # Tous les Commissaires politiques (11) ;
   # 20 à 30 000 Officiers.

Le Maréchal Mikhaïl Toukhatchevski

Certains historiens considèrent que cette purge a eu une influence considérable sur la conduite de la guerre, constatant que c’étaient principalement les partisans des blindés qui avaient été exécutés. Mais, a contrario, elle a permis à Staline de se débarrasser d’un rival potentiel, Toukhatchevski, présentant un danger pour son pouvoir absolu, et partisan d’une attaque préventive contre l’Allemagne, alors que lui voulait pouvoir s’entendre avec Hitler sur le dos des anglo-français.

En septembre 1939, les 4 corps blindés existant sont dissous par le Maréchal Grigori Koulik, un bureaucrate stalinien opposé aux innovations, et il faudra attendre la défaite de la France en Mai - Juin 1940, victime de la blitzkrieg des Panzerdivisions allemandes, pour en recréer 8.

Le 22 Juin 1941, lorsque Hitler, encouragé par la faiblesse apparente de son allié de la veille, décide d’envahir l’URSS (Opération « Barbarossa »), la refonte de l’Armée rouge est bien loin d’être achevée. Les nouveaux matériels existent mais sont mal connus des troupes, et les grandes unités mécanisées manquent de cohésion et d’expérience. C’est dans l’urgence, le 23 Juin 1941, donc le lendemain de l'attaque allemande, que l’Etat-major des forces armées, la Stavka, doit être reconstitué !


Confrontée à une surprise stratégique et tactique, mais aussi à l’expérience et à une tactique supérieure de l’armée allemande, l’Armée rouge devra reculer de plusieurs centaines de kilomètres, perdant un effectif et un matériel considérables au cours de l’été 1941. Gageons que, si les officiers d’expérience exécutés en 1937 avaient été présents, les pertes n’auraient peut-être pas été aussi considérables. 

Char soviétique KV-1 détruit près de Kaunas


lundi 26 mai 2014

On votait aussi en Lettonie, en Lituanie et en Ukraine …….


Tout à leur séisme (sic) et à leur nombrilisme, il est à redouter que les médias français ne parlent ni peu ni prou des autres consultations électorales qui ont eu lieu ce week-end des 24 – 26 Mai en Europe. Pallions cette carence.

Bureau de vote en Lettonie


En Lettonie, l’élection au Parlement européen (qui a eu lieu samedi 24) a donné une très nette victoire au parti de centre droit au pouvoir, Vienotība, qui recueille 46,19 % des suffrages et 4 des 8 sièges en jeu. Il devance la droite nationale de Tēvzemei un Brīvībai/LNNK (14,25 % - 1 siège) et la gauche russophone du Saskaņa Centrs (13,04 % - 1 siège), cette dernière étant donc en net recul (28,43 % aux législatives de 2011). Ont obtenu également un siège Zaļo un Zemnieku savienība (Union des Verts et Paysans 8,26 %) et Latvijas Krievu savienība (6,38 %) de Tatjana Ždanoka, une stalinienne pure et dure, qui a été une des rares à aller soutenir sur place le pseudo référendum d’indépendance (devenu depuis d’annexion par la Russie) de la Crimée. Le taux de participation a été de 30,04 %.

Ms Dalia Grybauskaitė 

En Lituanie, la participation  a été plus importante parce que tirée par le deuxième tour de l’élection présidentielle. Dans celui-ci, Dalia Grybauskaitė l’a emporté comme prévu avec 57,9 % des suffrages exprimés, face à son adversaire socio-démocrate, Zigmantas Balčytis, 40,1 %. Le taux de participation a été de 47,3 %.  

L’élection au Parlement européen en Lituanie a vu un émiettement des voix, quatre partis recevant chacun 2 sièges : Tėvynės sąjunga (centre-droit – 17,39 %), LSDP (centre gauche – 17,27 %), Liberalų sajūdis (…… Libéraux – 16,52 %) et Tvarka ir Teisingumas (Ordre et justice de Paksas – 14,27 %). Trois autres partis ont eu chacun un siège : Darbo partija (Parti du travail – 12,83 %), la Coalition polono-russe de Tomaševskis (Lenkų Rinkimų Akcijos Ir Rusų Aljanso Koalicija „valdemaro Tomaševskio Blokas“- 8,06 %) et l’Union populaire agraire (Lietuvos Valstiečių Ir žaliųjų Sąjunga -  6.62 %).

En Ukraine, où se déroulait le deuxième tour de l’élection présidentielle anticipée, le taux de participation a été de 59,16 %, ce qui est élevé compte tenu du fait que plusieurs villes de l’est de l’Ukraine n’ont pas pu voter en raison des actions violentes des insurgés séparatistes. 

Petro Poroshenko

Le favori, Petro Poroshenko, a été élu dès le premier tour avec environ 56 % des voix, devançant largement Ioulia Timoshenko, 13 %. A noter que, outre Donetsk et Luhansk, où la tenue des bureaux de vote a été très difficile en raison des actions des insurgés pro-russes, la Crimée occupée par la Russie, et donc où aucun scrutin n’a pu se tenir, a été symboliquement intégrée aux résultats.  

Insurgs pro-russes

Cette victoire d’un homme rassurant en ces temps de chaos est un effet paradoxal de l’entreprise de déstabilisation menée par la Russie. En portant atteinte à l’intégrité de l’Ukraine, elle a consolidé l’unité du pays. Il n’est qu’à voir en outre les scores extrêmement faibles des deux figures de l’extrême droite, Dmitro Iaroch (Pravyi Sektor) et Oleh Tiakhnibok (Svoboda), qui plafonnent chacun à environ 1 %. Pour l’anecdote, mais anecdote significative quand au pouvoir de manipulation de la presse en Russie, la première chaîne de TV russe a annoncé hier soir que Dmitro Iaroch  de Pravyi Sektor arrivait en tête avec 37,13 %, continuant donc la fable de l’Ukraine aux mains des fascistes ……

Désinformation sur Russia Today


Car l’inconnue ce matin est, alors que l’Ukraine a voté démocratiquement, de savoir quelle va être l’attitude de la Russie.  Vladimir Poutine a annoncé vendredi qu’il respecterait le choix du peuple ukrainien, mais rien n’oblige à croire à ses promesses……

On notera enfin que le champion du monde de boxe Vitali Klitschko, qui avait été très présent pendant Maïdan, est donné vainqueur de l’élection municipale de Kyiv.

Vitali Klitschko



samedi 24 mai 2014

Un dimanche chargé en perspective


L’actualité de ce dimanche 25 Mai sera chargée dans ma zone d’intérêt.

C’est le deuxième tour de l’élection présidentielle en Lituanie. Il opposera Ms Dalia Grybauskaitė, qui avait obtenu 46,64 % des suffrages exprimés au premier tour à M. Zigmantas Balčytis, 13,83 %. La participation avait été de 52,23 %. La réélection de Dalia Grybauskaitė ne devrait être qu’une formalité.


C’est surtout le premier tour de l’élection présidentielle en Ukraine. Il y a 21 candidats parmi lesquels émergent Petro Poroshenko, grand favori mais qui pourrait ne pas être élu dès le premier tour (un sondage du 8 Mai lui donnait 40,5 % des voix),  Yulia Tymoshenko, manifestement en perte de vitesse et qui serait passée à la troisième place (8,8 %) et Serhiy Tihipko (9,0 %).


Le danger peut venir des insurgés soutenus par la Russie, qui ont promis de perturber violemment le scrutin, notamment dans les oblasts de Luhansk et Donetsk. Ils ont déjà commencé à menacer et à enlever des membres de commissions électorales, détruisant le matériel électoral. Par ailleurs, des hommes armés auraient passé illégalement la frontière en provenance de Russie. 80 000 membres des forces de sécurité protégeront, autant que faire se peut, 32 000 bureaux de votes dans toute l’Ukraine, et ce sont près de 8 000 observateurs internationaux (dont 900 de l’OSCE / ODIHR) qui ont été accrédités pour surveiller le bon déroulement.

Bien évidemment, il y a le dernier jour des élections au Parlement européen dans les 28 Etats de l’Union Européenne. Certains ont déjà voté depuis jeudi, mais les résultats ne seront officiellement connus que dimanche soir. L’abstention sera une des clés du scrutin, ainsi que le vote en faveur des europhobes. Dans ce domaine, des surprises ne sont pas à exclure, comme le montrent les résultats officieux des Pays-Bas qui ont voté jeudi (le populiste Partij voor de Vrijheid - Parti pour la Liberté - de Geert Wilders, qui était donné premier dans les sondages, ne serait que quatrième, perdant même deux sièges par rapport à 2009).


Rappelons le taux de participation dans les Etats baltes lors des précédentes élections au Parlement européen  (entre parenthèses, le nombre de sièges à pourvoir en 2014):
      # Estonie : 43,2 % (6)
      # Lettonie : 52,94 % (8)
      # Lituanie : 20,54 % (11)   

Enfin, dans un autre registre, ce sera aussi en France la Fête des Mères. Car, en France, cette fête est célébrée le dernier dimanche de Mai alors que, dans la plupart des pays (et notamment l’Estonie et la Lettonie), c’est le deuxième dimanche de Mai (premier dimanche de Mai pour la Lituanie).




jeudi 22 mai 2014

21 Mai 1674 : Jan III Sobieski est élu Roi de Pologne, Grand-duc de Lituanie

Jan III Sobieski

Signée le 1er Juillet 1569, l’Union de Lublin créait la République des deux Nations au sein de laquelle le Royaume de Pologne et le Grand-duché de Lituanie étaient censés nouer des liens étroits. Le Roi Sigismond II Auguste étant sans descendance, elle fixait également que le souverain commun aux deux Nations serait désormais élu.

Henri de Valois, Roi de Pologne, Grand-duc de Lituanie

On sait que le premier Roi / Grand-duc à être élu fut Henri de Valois, futur Roi de France Henri III, élu le 16 Mai 1573, couronné le 21 Février 1574, mais qui s’enfuit de Cracovie le 18 Juin 1574. Lui succédèrent :
      # Stefan Batory, Prince de Transylvanie (règne du 1er Mai 1576 au 12 Décembre 1586)  
      # Sigismond III, de la dynastie suédoise Vasa (règne du 18 Septembre 1587 au 19 Avril 1632)
     # Ladislas IV Vasa (règne du 8 Novembre 1632 au 20 Mai 1648). Il épousera en secondes noces la Princesse française Louise Marie de Gonzague-Nevers. Il faut Tsar de Russie à l’âge de 15 ans, de 1610 à 1613 !
      # Jean II Casimir Vasa (règne du 20 Mai 1648 au 16 Septembre 1668). Frère du précédent, Cardinal des Jésuites, il obtient une dispense pour épouser sa belle-sœur Louise Marie de Gonzague !……
      # Michał Korybut Wiśniowiecki, un Ruthène descendant du Grand-duc de Lituanie Algirdas, élu par la petite noblesse, qui se lassait des souverains étrangers, face à un Français, le Duc d’Enghien, fils du Grand Condé. Règne du 29 Septembre 1669 au 10 Novembre 1673.

Jan Sobieski naît le 17 Août 1629 au château d’Olesko près de Lviv (Galicie aujourd’hui ukrainienne), fils du Voïvode (= Gouverneur) de Ruthénie. Après des études de philosophie à Cracovie, il choisit la carrière militaire et s’illustre dans les guerres contre les ennemis de la Pologne-Lituanie : Ottomans, tatars, Moscovites, Cosaques et Suédois. En 1668, il est nommé Grand Hetman par le Roi Jean II Casimir, c’est-à-dire Ministre de la défense et, en temps de guerre, Chef des Armées. Il s’illustre notamment à la bataille de Khotin le 11 Novembre 1673 contre les Ottomans. Ce succès lui vaut vraisemblablement d’être élu Roi de Pologne / Grand-duc de Lituanie à la quasi unanimité le 21 Mai 1674. Son couronnement aura lieu le 2 Février 1676. 

Marie Casimire et ses enfants, entourant le portrait de Jan III

Le 5 Juillet 1665, il avait épousé Marie Casimire Louise de la Grange d’Arquien, suivante française de la Reine tout aussi française Louise Marie de Gonzague-Nevers. Son épouse lui donnera 5 enfants dont l’aîné, Jacques Louis Henri, né le 2 Novembre 1667 à Paris, sera fait chevalier au matin de la bataille de Vienne (12 Septembre 1683), à l’âge de 16 ans.

Jan III Sobieski et son fils Jacques à la bataille de Vienne

Car le fait d’armes qui fera de Jan III Sobieski un héros national et le défenseur du monde chrétien est la bataille de Vienne (12 Septembre 1683). Avec 80 000 hommes, il y défait d’une manière définitive l’armée turque du Grand Vizir Kara Mustafa pourtant supérieure en nombre (130 000 hommes), fermant définitivement les portes de l’Europe occidentale aux Ottomans. Le Pape et les dignitaires étrangers le surnommèrent le « Sauveur de Vienne et de la civilisation occidentale ». Kara Mustafa sera, lui, décapité le 25 Décembre 1683 sur ordre du Sultan Mehmed IV.  

Jan III Sobieski décède le 17 Juin 1696 au palais de Wilanów à Varsovie. Il est inhumé dans la crypte Saint-Léonard de la cathédrale du Wawel à Cracovie. Marie Casimire décédera à Blois le 18 septembre 1714 et sa dépouille sera transférée au Wawel en 1734. 

Au Wawel, les sarcophages de Jan III Sobieski (à gauche) et de Marie Casimire de la Grange d'Arquien 

Le Pape Innocent XI institua la Fête du Saint Nom de Marie, célébrée évidemment le 12 Septembre, en souvenir de cette bataille. Ayant un temps disparu du calendrier catholique romain, elle est rétablie en 2002 par le Pape polonais Jean-Paul II.    







mercredi 21 mai 2014

Retour sur les Rencontres Napoléoniennes de Brienne-le-Château


Ce week-end des 17 – 18 Mai 2014, j’étais à Brienne-le-Château dans le cadre des Rencontres Napoléoniennes.


Pour ceux qui auraient dormi pendant leurs cours d’histoire, on rappellera que Brienne-le-Château fut le siège d’une école militaire qui accueillit, de Mai 1779 à Octobre 1784, le jeune Napoléon Bonaparte. Ce fut aussi, le 29 Janvier 1814, le lieu d’une victoire de Napoléon 1er sur les Alliés au cours de la campagne de France. 


Le point central des reconstitutions était le château, jadis propriété de la famille de Brienne qui donna notamment à la France Louis-Marie-Athanase de Loménie, comte de Brienne (1730 – 1794), Secrétaire d’Etat à la Guerre de Louis XVI.


Mais c’est dans une …… salle  de sport que j’ai donné le samedi après-midi, à 13H30, une conférence sur le comte lituanien Liudvikas Mykolas Pacas, général de la Grande Armée de 1806 à 1814. Malgré l’horaire peu pédagogique, c’est une cinquantaine de personnes, dont les Consuls Honoraires de Lituanie et de Pologne, qui sont venus m’écouter.


Mais c’étaient surtout les reconstitueurs, dont certains venus de Russie et du Bélarus, que les spectateurs étaient surtout venus voir. Ils ont pu à loisir les côtoyer lors de la cérémonie du samedi matin, de la reconstitution du samedi après-midi et du défilé du dimanche matin.



Je ne sais si ces Rencontres Napoléoniennes sont régulières. Mais j’espère qu’elles seront pérennisées par M. le Député-maire Nicolas Dhuicq, qui n’a pas hésité à payer de sa personne !



J’en ai profité pour aller à Colombey-les-Deux-Eglises sur les pas du Général de Gaulle. J’ai constaté avec regret que l’accès au pied de l’immense Croix de Lorraine était désormais payant, ce qui rebutait beaucoup de visiteurs. Heureusement, la tombe du Général est encore accessible gratuitement, mais pour combien de temps ?



lundi 12 mai 2014

Premier tour de l’élection présidentielle en Lituanie


Ce dimanche 11 Mai avait lieu le premier tour de l’élection présidentielle en Lituanie. Le Président de la République est élu pour 5 ans, renouvelable une fois, au suffrage universel direct.

La consultation d’hier a donné les résultats suivants (en pourcentage des votants):

Dalia Grybauskaitė      45,89 % (Indépendante, soutenue par le centre-droit)
Zigmantas Balčytis      13,63 % (Parti social-démocrate – LSDP)
Artūras Paulauskas      12,02 % (Parti du travail)
Naglis Puteikis             9,33 % (Indépendant ex-Tėvynės sąjunga)
Valdemar Tomaševski   8,23 % (Action Electorale des Polonais)
Artūras Zuokas            5,22 % (Maire de Vilnius)
Bronis Ropė                  4,15 % (maire d’Ignalina – union des Verts et des Paysans)

La participation a été de 52,14 %. Le chef de la Commission Centrale Electorale, Zenonas Vaigauskas, a précisé qu’aucune plainte n’avait été reçue concernant les opérations de vote et de dépouillement.

Le deuxième tour aura lieu le 25 Mai prochain, concomitamment avec les élections au Parlement Européen, et opposera Ms Dalia Grybauskaitė et M. Zigmantas Balčytis


A titre de comparaison, en 2009, pour une participation semblable (51,71 %), Ms Grybauskaitė avait été élue dès le premier tour avec 68,21 % des voix, face à M. Butkevicius (11,68 %). A priori, cette année, il lui a manqué les 9,33 % de voix qui se sont portées sur Naglis Puteikis.  

Le candidat « habituel » de l’Action Electorale des Polonais, Valdemar Tomaševski, a quasiment doublé son score par rapport à 2009, passant de 4,68 % à 8,23 %. Il a obtenu 71,8 % des voix dans le rajon de Šalčininkai, et encore 51,87 % dans la ville russophone de Visaginas, ce qui semblerait accréditer un vote ethnique polono - russe.  

Valdemar Tomaševski arborant le ruban de Saint Georges pro-russe ce 9 Mai 2014

Ms Grybauskaitė devrait être réélue sans problème le 25 Mai. Par ailleurs, la tenue simultanée des scrutins pour l’élection présidentielle et pour l’élection des députés européens au Parlement Européen pourrait booster la participation à cette dernière. En 2009, seuls 20,9 % des électeurs s’étaient déplacées pour celles-ci.



vendredi 9 mai 2014

9 Mai 1945 et rubans de Saint Georges



Le 8 Mai 1945 à 23H01, la fin des combats marquait la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe. Car le Général allemand Alfred Jodl avait signé la capitulation sans condition de l’Allemagne dans la nuit du 6 au 7 Mai, à 02H41 du matin, à Reims.   


Pour Staline, il ne suffisait pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone anglo-américaine. Il exigea qu’elle soit aussi ratifiée à Berlin, au cœur du IIIe Reich et accessoirement en zone soviétique. Cette formalité, qui n’ajouta aucune plus value, fut accomplie le 9 Mai au quartier général du Maréchal Joukov.

C’est la raison pour laquelle la Russie, héritière de l’Union soviétique, date la fin de la Deuxième Guerre mondiale du 9 Mai 1945.

Il n’est pas inutile de remarquer au passage que l’Union soviétique n’a combattu « du bon côté » qu’à partir de 1941. Les monuments aux morts soviétiques le rappellent d’ailleurs, qui arborent les dates « 1941 – 1945 ». Auparavant, depuis le 23 Août 1939 (Pacte Molotov – Ribbentrop), elle était l’alliée – y compris opérationnel – de l’Allemagne nazie, permettant notamment à celle-ci d’attaquer l’ouest en étant tranquille à l’est.

On rappellera également que le Japon, allié de l’Allemagne nazie, ne capitulera que quatre mois plus tard, le 2 Septembre 1945, après les deux explosions atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki.

On soulignera enfin que, le 9 Mai 1945, le communisme, totalitarisme concurrent du nazisme, commençait à opprimer une moitié du continent européen tout en menaçant l’autre moitié. Cela durera 45 ans.



Depuis 2005 et le 60e anniversaire de la capitulation nazie, la Russie, suivie par la suite par d’autres pays, distribue des rubans de Saint Georges dans le cadre d’un « plan d’action pour la mémoire », organisé par l’agence de presse RIA-Novosti et l’association d’étudiants Stoudentcheskaîa Obchtchina (Communauté estudiantine). Cette action a deux objectifs officiels : pérenniser et transmettre aux nouvelles générations « la mémoire dans la Grande Guerre Patriotique » et accorder une assistance matérielle concrète aux anciens combattants.

Les rubans reprennent les couleurs de l’Ordre impérial et militaire russe de Saint-Georges fondé par Catherine II le 26 Novembre 1769, supprimé par Lénine en 1918, mais recréé par Boris Eltsine en 1994. 

  
Le problème, aujourd’hui 9 Mai 2014, c’est que ces rubans sont aussi utilisés comme signe de ralliement en Crimée et en Ukraine orientale par les milices pro russes. Les couleurs du ruban leur valent d’ailleurs d’être surnommés doryphores côté ukrainien ! C’est une dérive que je soulignais déjà en 2008 dans un blog précédent, remarquant que ces rubans étaient arborés en permanence, notamment à l’étranger, par certains « russophones », histoire de rappeler à ces Etats ingrats (sic), traités parfois de fascisants, qu’ils devaient leur liberté (re-sic) à l’armée rouge. Pas étonnant donc que plusieurs associations dans divers Etats postsoviétiques aient demandé leur bannissement.



J’essaierai de suivre aujourd’hui, autant que faire se peut, la situation à Riga, où le monument de la victoire dans l’Uzvaras parks rassemble chaque année des milliers de Russes, pro-russes et autres russophones. On y remarquait déjà ce matin quelqu’un arborant apparemment un drapeau français ……