lundi 21 juillet 2014

21 juillet 1940 : le soviet de Lettonie proclame la République socialiste soviétique


Depuis son indépendance, le 18 novembre 1918, la République de Lettonie avait signé, comme les autres Etats baltes, avec la République socialiste fédérative soviétique (RSFS) de Russie, puis, à partir du 30 décembre 1922, avec l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) un certain nombre de traités qui garantissaient en principe sa souveraineté. Il s’agit de :

      # Traité de paix de Riga du 11 août 1920 ;
      # Protocole Litvinov du 9 février 1929 ;
      # Traité de non-agression et de conciliation du 5 février 1932 ;
      # Convention de définition de l’agression du 3 juillet 1933 ;

Mais les protocoles secrets du pacte Molotov – Ribbentrop entre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie du 23 août 1939 définirent le partage de la Pologne et des Etats baltes entre les deux dictatures, dont on n’oubliera pas qu’elles furent alliées sur le terrain pendant deux ans (1939 – 1941).

Staline et von Ribbentrop

Dès l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, la Lettonie déclare sa neutralité. Mais cette déclaration est annulée par un Pacte d’assistance mutuelle imposé par l’URSS le 5 octobre 1939 et qui se concrétise par la cession de bases militaires avec des garnisons soviétiques d’un total de 25 000 hommes au total.

Le 30 octobre 1939, la Lettonie doit signer avec le Reich allemand, « un accord de transfert des citoyens lettons d’origine allemande vers l’Allemagne, celle-ci « désirant regrouper les personnes d’origine allemande sur le territoire de l’Allemagne ».

Le 12 juin 1940, la flotte soviétique de la Baltique impose un blocus aux Etats baltes. Le 14 juin 1940, profitant de l’entrée des troupes allemandes à Paris (ce qui n’était pas un hasard……), l’URSS déclencha des incidents, montés de toutes pièces par le NKVD, aux frontières des Etats baltes. Le 16 juin 1940, l’URSS prétexte que le Traité d’alliance défensive avec l’Estonie de 1923 et que le Traité d’Entente baltique de 1934 (qui ne comportait pourtant aucun accord militaire) menace sa sécurité, pour adresser un ultimatum à la Lettonie. Celui-ci demandait que soit formé « immédiatement » en Lettonie un gouvernement qui soit favorable à l’URSS et que les unités de l’armée soviétiques soient libres d’entrer sur le territoire letton.

Le gouvernement letton fut bien obligé d’accepter l’ultimatum qui expirait le 16 juin à 23H et, dans la nuit du 16 au 17 juin 1940, les chars soviétiques pénétrèrent en Lettonie et prirent possession des principaux points stratégiques. Trois jours plus tard, un gouvernement fantoche dirigé par un chercheur en biologie, Augusts Kirchenšteins, fut mis en place.

Augusts Kirchenšteins


Le 15 juillet 1940 eurent lieu des « élections » à liste unique (celle du parti communiste), l’abstention étant considérée comme une « trahison envers le peuple », ce qui viole clairement la Constitution lettone. Les candidats adoubés par l’occupant sont sans surprise élus par 97,8 % des votants, le taux de participation étant de 94,8 %.

L’Assemblée ainsi « élue » se réunit le 21 juillet 1940 et vote trois résolutions, pourtant absentes du programme du parti unique :

      # Proclamation de la République socialiste de Lettonie ;
      # Nationalisation des entreprises et des banques ;
     # Demande d’admission de la Lettonie au sein de l’URSS (procédure là aussi non constitutionnelle). Celle-ci fut acceptée le 5 août 1940.

Commence alors « l’année des horreurs », en Letton « Baigais Gads ». Le Président Kārlis Ulmanis est d’ailleurs arrêté ce même 21 juillet et est déporté en Union soviétique, d’abord à Stavropol, puis à Krasnovodsk (actuel Turkménistan). Il y décédera le 20 septembre 1942.

Le Président Kārlis Ulmanis



NB : Toute ressemblance avec des faits récents s’étant déroulés en Ukraine, et notamment en Crimée, ne serait pas fortuite……

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