samedi 23 août 2014

75 ans après le pacte Molotov – Ribbentrop


Les Estoniens, les Lettons, les Lituaniens et leurs amis célèbrent aujourd’hui ce 23 août 1989 lorsque 2 millions d’entre eux, bravant l’occupation soviétique, s’étaient donné la main de Vilnius à Tallinn en passant par Riga pour protester contre l’occupation de leurs Etats souverains depuis 1940. 


La date n’avait pas été choisie au hasard puisque c’était 50 ans après le pacte dit Molotov – Ribbentrop, signé à Moscou le 23 août 1939. Retour sur l’histoire.
Après leur retour (Lituanie – 16 février 1918) ou leur accession à l’indépendance (Lettonie – 18 novembre 1918 et Estonie – 24 février 1918), les trois Etats Baltes avaient signé avec la Russie soviétique (l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques n’étant fondée que le 30 Décembre 1922) :
# en 1920, des traités de paix (Estonie 2 février, Lituanie 12 juillet, Lettonie 11 août)
# des pactes de non-agression (Lituanie 28 septembre 1926, Lettonie 5 février 1932, Estonie 4 mai 1932). Le Pacte avec la Lituanie fut prolongé pour 5 ans le 6 mai 1931, puis, avant même son expiration pour 11 ans le 4 avril 1934.
Au début de novembre 1938, pressentant l’approche du conflit européen, les organes législatifs des trois Républiques adoptèrent des textes de lois identiques, manifestant leur ferme volonté de rester neutres, à l’écart d’un éventuel conflit.
Par ailleurs, inquiétée par les projets d'expansion à l'Est de l'Allemagne nazie (à la recherche de son « espace vital ») ainsi que par la rhétorique très agressive d'Hitler (pour lequel les Slaves sont des « sous-hommes » devant être exterminés ou réduits en esclavage), l'URSS presse à de nombreuses reprises la France et le Royaume-Uni de conclure des accords d'alliance incluant des clauses d'entraide militaire si l'un des pays venait à être attaqué par l'Allemagne.
Les atermoiements franco-anglais face à une telle alliance contre l'Allemagne nazie, ainsi que leurs concessions à Hitler et les indices montrant que ces pays espéraient une guerre entre l'Allemagne et l'URSS, peuvent expliquer que l'URSS, se détournant de démocraties occidentales perçues comme indifférentes, sinon hostiles envers elle, se rabatte sur un accord avec l'Allemagne.
Ribbentrop - Molotov (assis) - Staline

Le 23 août 1939, l'URSS, représentée par Viatcheslav Molotov, et l'Allemagne nazie, représentée par Joachim von Ribbentrop, signèrent à Moscou un Traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union des républiques socialistes soviétiques, plus communément appelé plus communément Pacte Molotov-Ribbentrop, du nom de ses signataires.
Le traité proclamait un renoncement au conflit entre les deux pays, ainsi qu'une position de neutralité dans le cas où l'un des deux pays signataires serait attaqué par une tierce partie.
Mais le traité comportait également plusieurs protocoles restés longtemps secrets qui déterminèrent le destin des Etats Baltes pour 50 ans. Dans ces protocoles, les deux puissances totalitaires s’entendaient pour se partager la Pologne et pour désigner la frontière nord de la Lituanie comme ligne de partage entre leurs « sphères d’influence ». Ainsi, la Finlande, l’Estonie et la Lettonie tombaient dans la sphère d’influence soviétique, la Lituanie dans celle de l’Allemagne.

Ne craignant plus une interférence de l’URSS, Hitler envahit donc « tranquillement » la Pologne le 1er septembre 1939, ce qui conduisit à la Deuxième Guerre mondiale par l’intervention, le 3 Septembre, de la France et de la Grande-Bretagne volant au secours de leur allié polonais. De son côté, l’URSS envahit la Pologne par l’est le 17 Septembre, à partir de l’Ukraine et de la Biélorussie. Le 28 septembre 1939, les deux puissances totalitaires signèrent un nouvel accord de délimitation des frontières, avec un accord secret complémentaire par lequel la Lituanie tombait, à présent, dans la sphère des intérêts soviétiques
Mais il ne faut pas non plus oublier que, suite au pacte, l’URSS approvisionna largement l’Allemagne en matières premières (notamment pétrole, caoutchouc, céréales), ce qui permit à celle-ci de constituer des stocks nécessaires à son armée et à son industrie pour la suite de la guerre.
Aujourd’hui, la Fédération de Russie ne fait commencer la seconde Guerre Mondiale qu’en 1941, revendiquant même le titre de principal vainqueur. C’est « oublier » un peu rapidement que, pendant deux ans, elle fut un allié fidèle du régime nazi.  
Depuis 2009, le 23 août est la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme.
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