vendredi 31 octobre 2014

31 octobre 1835 : naissance de Krišjānis Barons, le «père des dainas» lettones



Krišjānis Barons

Krišjānis Barons (1835 – 1923) est un écrivain letton qui a collecté et publié les Dainas, ces chants traditionnels lettons, vecteurs de la culture lettone au travers des siècles de servage et d’occupation.

Né le 31 octobre 1835 à Strutele (entre Tukums et Saldus, en Courlande, province de l’Empire russe), il fait ses études à Ventspils (1848 – 1851), au lycée de Jelgava (1852 – 1855), puis en 1856 à la faculté de mathématiques de l’Université de Tartu (aujourd’hui en Estonie), avec une spécialité en astronomie.

C’est à Tartu qu’il rejoint le mouvement des « Jeunes Lettons » (Jaunlatvieši), mouvement nationaliste des années 1850 – 1880, dit également de l’éveil national letton (Tautas atmoda), dont le leader spirituel est Krišjānis Valdemārs. De 1862 à 1865, il est à Saint-Pétersbourg comme rédacteur à la revue « Pēterburgas Avīze ».

Krišjānis Valdemārs

Mais c’est en 1878, alors à Moscou, qu’il commence ce pour quoi il est connu : le recueil et le classement des Dainas. Cette démarche est appuyée par le mécène letton résidant à Saint-Pétersbourg, Henrijs Visendorffs (1861 – 1916). En 1880, un menuisier allemand fabrique, d’après des dessins de Krišjānis Barons, un meuble sur mesure que l’on peut qualifier de casier-classeur, appelé Dainu skapis (Cabinet des chants folkloriques). Composé de 70 tiroirs, le meuble est entreposé depuis les années 1950 aux Archives du Folklore letton à Riga (Latviešu Folkloras krātuve) et est devenu un symbole culturel. Il a été classé le 4 septembre 2001 au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO.

Le Dainu skapis
De retour à Riga en 1893, il édite, en mars 1894 à Jelgava, le premier volet de « Latvju Dainu ». Le dernier volet des Dainas paraîtra en 1915.



Krišjānis Barons décèdera le 8 mars 1923 à l’âge de 88 ans. Il repose au Grand cimetière de Riga (Lielie kapi) Aux XXe – XXIe siècles, une autre chercheuse s’intéressera aux Daines. Il s’agit de Mme Vaira Vīke-Freiberga, Président de la République de Lettonie de 1999 à 2007.


Mme Vaira Vīke-Freiberga



















lundi 27 octobre 2014

Lituanie : un bateau qui change la donne !


En ce petit matin du 27 octobre 2014, les quais du port lituanien de Klaipėda avaient un petit air des Sables d’Olonne un jour d’arrivée du Vendée Globe, avec des centaines de spectateurs agitant des drapeaux lituaniens et des fumigènes, avec, en plus, le Président de la République, les Premiers Ministres lituanien et letton, le Ministre de la Défense et les honneurs militaires !  Le tout en direct à la télévision.  



Et pourtant, ce n’était que l’arrivée d’un tanker. Mais quel tanker ! Déjà, son nom est tout un programme : « Independence ».  



L’ « Independence » est un terminal flottant de gaz naturel liquéfié (GNL/LNG), de 294 mètres de long, loué pour dix ans au Norvégien Hoegh LNG, qui permettra de stocker du gaz liquide et de le re-gazéifier pour la distribution.

La Lituanie a par ailleurs signé un contrat de 5 ans avec le Norvégien Statoil, par lequel elle recevra l’an prochain 540 millions de m3 de gaz puis, à partir de l’expiration du contrat avec le Russe Gazprom en 2015, jusqu’à 4 milliards de m3 par an, soit plus que ce qui avait été acheté à la Russie en 2013 (2,7 milliards de m3).



La capacité de ce terminal flottant permettra, outre la satisfaction des besoins de la Lituanie, à la Lettonie et à l’Estonie de venir s’approvisionner en GNL/LNG par citernes s’ils le souhaitent.

Grâce à l’ « Independence », la Lituanie, qui était jusqu’à présent dépendante à 100 % de la Russie pour son approvisionnement en gaz, à des tarifs léonins, va pouvoir diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz, assurer une compétitivité des prix et garantir la sécurité des circuits d’approvisionnement pour la région. En outre, comme l’a souligné le Président Grybauskaitė, cette indépendance énergétique s’accompagnera d’une indépendance politique vis-à-vis de la Russie, celle-ci ne se privant pas de jouer du levier de l’énergie pour menacer ses voisins « rebelles ».



On comprend donc que l’arrivée de l’ « Independence » ait soulevé l’enthousiasme sur le port de Klaipėda ce matin !



(d’après Romandie.com et les médias lituaniens, notamment Delfi.lt)


samedi 25 octobre 2014

Passage européen à l’heure d’hiver



La nuit prochaine, donc dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre 2014, l’Union européenne passera à l’heure d’hiver.

En clair, en France, à 3H il sera 2H. Mais dans les Etats baltes, c’est à 4H qu’il sera 3H. Par contre, en Grande-Bretagne, à 2H il sera 1H. Ce qui fait que tout le monde changera d'heure en même temps, en dépit des décalages horaires.Allez, un truc (merci Bernard) : en octobRE on REcule, en AVril on AVance !



Le changement d’heure a été instauré en France en 1975 à l’issue du choc pétrolier de 1973 – 1974. Il vise à « faire correspondre au mieux les heures activités avec les heures d’ensoleillement pour limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel ». Cette mesure permettrait, pour la France, d’économiser la consommation d’électricité de 800 000 ménages.

Depuis 1998, les dates de changement d’heure ont été harmonisées au sein de l’Union Européenne. Le retour à l’heure d’été aura lieu le dimanche 29 mars 2015 à 2H du matin (heure française). Mars on avance ?......

Au boulot ! 


En France, 19 % des sondés sont favorables au changement d’heure, 54 % y sont opposés et 27 % se disent indifférents. Comme on est en France, je gage que, si on ne changeait pas d’heure, 54 % le réclameraient ……



jeudi 23 octobre 2014

22 octobre 1612 : l’armée russe reprend Moscou

L'icône de Notre-Dame de Kazan

NB : les dates ci-dessous sont données a priori dans le calendrier julien (c’est du moins le cas du 22 octobre 1612). Il convient donc d’ajouter 10 jours - qui correspondent au décalage entre les deux calendriers entre 1582 et 1700 – pour obtenir la date correspondante du calendrier grégorien.

Le 22 octobre 1612 une milice russe, précédée de l’icône de la Vierge de Kazan, rentre à Moscou et en chasse les envahisseurs polonais qui l’occupaient depuis plus de 2 ans.

Tout avait commencé en 1584 avec l’arrivée sur le trône de Fédor 1er, un Riourikide, fils d’Ivan IV dit le Terrible. Fédor est qualifié de « peu intelligent, légèrement retardé et incapable de gouverner » ! Le sachant, Ivan IV avait institué un Conseil de régence, mais c’est en fait Boris Godounov, beau-frère du Tsar Fédor, non membre du Conseil, qui s’empare de facto du pouvoir. Après la mort de Fédor le 7 janvier 1598, Boris Godounov est élu Tsar par un Zemski Sobor (qu’on peut comparer aux Etats Généraux en France) convoqué par le patriarche Job.

Il va s’en suivre une période d’une quinzaine d’années pendant laquelle les intrigues et les rivalités des prétendants au trône vont mettre en péril l’existence de l’Etat russe. Cette période est connue sous le nom de Temps des troubles.



De 1601 à 1603, la famine et la peste ravagent les campagnes et des hordes de brigands pillent le pays. Aussi, lorsque le premier faux Dimitri (un imposteur du nom de Grégori Otrepiev, prétendant être le Tsarévitch Dimitri, fils d’Ivan IV mort à Ouglitch en 1591 dans des circonstances troubles) entre en Russie en octobre 1604, il est bien accueilli par toutes les couches sociales, lassées de Boris Godounov. Dimitri entre à Moscou le 30 juin 1605, après la mort subite de Boris Godounov et l’assassinat de la veuve et du fils de celui-ci. Couronné Tsar le 30 juillet 1605 sous le nom de Dimitri II, réformateur mais contesté, il sera assassiné le 17 mai 1606, 9 jours après son mariage avec une noble polonaise, Marina Mniszek. 

Car la République des Deux Nations (polono-lituanienne) joue un rôle trouble (sans jeu de mot !) pendant cette période. Des membres de la noblesse polono-lituanienne soutiennent le faux Dimitri en 1605 – 1606, mais sans l’accord du Roi Sigismond III (Zigmantas Vaza). Quand le Tsar Vassili IV Chouiski (légalement élu après le premier faux Dimitri) conclut une alliance avec les Suédois en 1607, Sigismond III déclare la guerre à la Russie, dans l’espoir d’obtenir des concessions territoriales.

Après quelques victoires, dont celle de la bataille de Klouchino (4 juillet 1610), les Polono-Lituaniens font leur entrée à Moscou. Le 27 août 1610, le prince Ladislas, 15 ans, fils de Sigismond III, est désigné Tsar par un conseil restreint des boyards russes. Mais le Roi de Pologne, arguant de jeune âge de son fils, envisageant de venir lui-même de régner à Moscou, l’ensemble des boyards refuse d’agréer cette nomination ! Les Russes, sous le commandement de Procope Liapounof, se soulèvent et assiègent en mars 1611 les soldats polonais cantonnés dans le Kremlin de Moscou. L’anarchie s’installe dans le Tsarat.  
 
Le Grand Hetman de Lituanie, Jonas Chodkevicius
C’est le Prince Dmitri Pojarski qui accepta de prendre la tête d’une armée de volontaires en formation à Nijni-Novgorod, à condition d’être assisté d’un boucher prospère, Kuzma Minin, membre de la guilde de Nijni-Novgorod. Après avoir prié l’icône de Notre-Dame de Kazan, une des plus saintes de Russie, Pojarski et ses troupes mirent le siège au Kremlin de Moscou le 18 août 1612 et interceptèrent les renforts du Grand Hetman de Lituanie, Jonas Karolis Chodkevičius. Un des points clés fut la capture, par la Prince Dmitri Troubetskoï, des provisions destinées à la garnison polonaise du Kremlin. La famine s’installa et la garnison dut se rendre le 22 octobre 1612.   

Pojarski (à gauche) et Minine

Au début de 1613, le Zemski Sobor décide d’élire un Tsar russe et, le 21 février 1613, choisit Michel Romanov, dont la famille est proche des anciens Riourikides, et qui sera couronné le 22 juillet 1613 sous le nom de Michel 1er.  

Michel 1er Romanov







lundi 20 octobre 2014

A la poursuite du « véritable » Octobre rouge

Navire suédois, à la recherche d'"activité sous-marine étrangère"

L’internet anglo-russo-suédophone s’est agité ce week-end autour d’une rumeur de sous-marin russe louvoyant une peu trop près des côtes suédoises. Cette rumeur a conduit aux spéculations les plus folles, allant jusqu’à la présence du sous-marin « Dmitri Donskoï », le plus gros sous-marin du monde (25 000 tonnes), devant Stockholm !

Même si le contexte et l’histoire sont différents, cette affaire m’a évoqué le film « A la poursuite d’Octobre Rouge », sorti en 1990, avec Sean Connery incarnant le Capitaine de Vaisseau Marko Ramius (d’origine lituanienne) passant à l’ouest avec son sous-marin indétectable. Le film était lui-même inspiré du roman « Octobre Rouge », de Tom Clancy, paru en 1984.

Sean Connery dans "A la poursuite d'Octobre Rouge"


Or, il s’avère qu’ « Octobre Rouge » est inspiré de la mutinerie de la frégate soviétique « Storojevoï » du 9 novembre 1975, dans laquelle la Lettonie est concernée.

Le Storojevoï (Cторожевой = Vigilant) était une frégate de 3 375 tonnes,  armée d’ogives nucléaires, avec un équipage de 240 hommes. Le 9 novembre 1975, donc en pleine période brejnévienne (Léonid Brejnev fut secrétaire général du parti communiste d’URSS de 1964 à 1982), le capitaine de frégate Valery Sabline s’empare du navire avec l’aide de l’équipage, enfermant son commandant et une partie des officiers à fond de cale.


Le "Storojevoï" 


L’objectif de Sabline était d’emmener le bateau depuis le golfe de Riga, son port d’attache, vers le golfe de Finlande (c’est-à-dire au large de Saint-Pétersbourg, alors appelée Leningrad), pour, à partir de là, dénoncer la corruption rampante du régime de Brejnev, sa bureaucratie, sa démagogie et ses mensonges, son abandon des idéaux de la démocratie et pour réclamer le retour aux principes léninistes de justice. 
  
Mais, à la sortie du golfe de Riga, un officier subalterne parvient à s’échapper et à donner l’alerte. Le « Storojevoï » est alors suivi par 10 avions de reconnaissance et 9 navires partent à sa poursuite. Plusieurs bombes sont larguées à l’avant et à l’arrière du navire, qui est alors contraint de rentrer à Riga.

Le Capitaine de frégate Valery Sabline


Valery Sabline est arrêté, jugé en mai 1976, condamné à 15 années d’emprisonnement pour trahison à la patrie, mais il est retrouvé mort d’une balle dans la nuque le 3 août 1976. Il sera partiellement réhabilité en 1994.

Le Kremlin ne voulait toutefois pas que la nouvelle de la mutinerie soit connue. Il présente donc cette histoire comme une tentative de défection à l’ouest, la route initiale du « Storojevoï », obligé d’aller contourner l’île suédoise de Gotland avant de revenir vers l’est, rendant cette théorie plausible. Ce n’est qu’à la fin de la Guerre froide (1991) que les Services occidentaux connaîtront la vérité, ce qui explique que, dans le roman de Clancy, le thème est celui de l’ « Octobre Rouge » faisant défection à l’ouest. 

A l’heure où j’écris ces lignes (lundi 20 octobre 2014 à 11H45), la marine suédoise n’a toujours pas identifié cette « activité sous-marine étrangère » après laquelle elle court depuis vendredi…… Mais l’incident risque de relancer le débat sur la défense en Suède qui, rappelons-le, n’est pas membre de l’OTAN.

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vendredi 10 octobre 2014

Un Loménie de Brienne en Livonie

Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne

Originaires de Flavignac (Haute-Vienne), les Loménie de Brienne se sont détachés de la branche principale des Loménie en 1623 par le mariage d’Henri-Auguste de Loménie avec Louise de Béon, comtesse héritière du comté de Brienne (Aube). Henri-Auguste de Loménie (1594 – 1666) est Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangère sous Mazarin, pendant la minorité de Louis XIV.

Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne (1635 – 1698), est le fils d’Henri-Auguste de Loménie, et est destiné, comme son père, aux Affaires étrangères. Il accède d’ailleurs à la majorité du Roi Louis XIV, le 7 septembre 1651, à la charge de Secrétaire d’Etat ; il a 16 ans. En 1652, son père l’envoie visiter l’Europe septentrionale pour qu’il s’instruise.

Le voyage dura de 1652 à 1655. C’est l’exemple de ces voyages que les jeunes gens de l’époque, appartenant à des familles aisées, entreprenaient pour s’instruire, avec à leur suite un précepteur (en l’occurrence l’architecte François Blondel), un maître d’hôtel, un valet de chambre et deux laquais. Ils visitent la Hollande, les Etats allemands, le Danemark, la Suède et la Laponie, la Finlande, la Pologne, l’Autriche et l’Italie. Le jeune Louis-Henri consigne soigneusement (en latin) les péripéties du voyage et les endroits visités. Ce qui lui vaut à son retour une certaine considération mondaine et une indéniable curiosité.

Riga en 1650

Dans ce récit, il dit avec précision qu’après être passé « à Viborg, ville frontière de la Moscovie », il avait traversé les glaces jusqu’à Narva, « ville de l’Ingrie, province de Moscovie, que les Suédois possèdent maintenant, ensuite dans la province d’Esthonie ». Puis il avait vu « Revel {Tallinn}, ville fort jolie et beau port de mer » et Pernau {Pärnu} . Suivant le golfe de Livonie, il arrive à Riga, « capitale de Livonie et dernier lieu de la domination suédoise », qu’il décrit comme une « place considérable pour sa situation, que les Suédois ont très bien fortifiée. {…} Il y a dans Riga toujours 5.000 hommes de garnison, comme étant la plus importante place qu’ait la Suède sans contredit. ». Il voit à l’arsenal de « monstrueuses couleuvrines » que l’on conserve « comme un monument éternel de la conquête de Livonie sur les Moscovites ». Il a sur ces derniers un jugement très peu flatteur.

Riga en 1650

C’est le connétable de Suède qui lui donna des traîneaux pour qu’il se rende sur les terres du « prince de Courlande ». (Il s’agit du Duc Jacob Kettler (Jēkabs Ketlers) qui régna de 1642 à 1682 et porta le Duché de Courlande à son apogée).  En Courlande, Louis-Henri se sent de retour en Occident : « Il n’y a point dans toute l’Europe de cour plus polie : je croyais être en France ». Il note au passage un détail qui contraste avec les mœurs des cours allemandes : « On ne vous force point à boire » ! Une seule ombre au tableau : le Duc est luthérien !

En 1658, à l’âge de 23 ans, Louis-Henri de Loménie est nommé Conseiller d’Etat pour remplacer occasionnellement son père : le jeune diplomate est alors au sommet de sa gloire. Mais cette considération va être de courte durée. Il est présent quand, en mars 1661, Louis XIV décide de gouverner seul. Sa disgrâce se fait progressivement ; il la doit probablement à son attitude frivole et fanfaronne, alors que Louis XIV réclamait dévouement total et discrétion à ses ministres. Sa charge est rachetée en avril 1663.

Privé d’avenir à la cour et sa femme décédant brusquement en janvier 1664, le comte de Brienne s’abandonna aux plaisirs de la chair, du jeu et de la boisson, et sa famille inquiète le fit interner, par lettre de cachet du Roi, à la maison Saint-Lazare où il resta de 1674 à 1692. Libéré en 1692, il ne réussit pas à reprendre son rang et se retira finalement à l’abbaye de Château-Landon (Seine-et-Marne) où il expira le 17 avril 1698.

L'abbaye royale St-Séverin de Château Landon



mardi 7 octobre 2014

7 octobre 1920 : traité de Suvalkai

Délégués polonais (à gauche) et lituaniens à la conférence de Suvalkai

Ça commence à se savoir : au XVème siècle, le Grand-duché de Lituanie était le plus grand Etat européen, s’étendant de la Mer Baltique à la Mer Noire. Amputé d’une partie de son territoire au profit du Royaume de Pologne au traité de Lublin (1er Juillet 1569), il disparaîtra en tant qu’Etat souverain lors du troisième partage de la Pologne – Lituanie (1795).

A l’issue de la Première Guerre Mondiale, la Lituanie retrouvera son indépendance, mais elle partage le territoire de l’ancien Grand-duché avec la République de Pologne et une éphémère République Démocratique de la Ruthénie Blanche (appelée aussi République Nationale Bélarusse). En outre, les frontières sont seulement vaguement définies par le Traité de Versailles (28 Juin 1919). Le Chef d’Etat polonais, le Maréchal Józef Piłsudski, estima alors que c’était le bon moment pour étendre les frontières de la Pologne et imagina de créer une fédération d’Etats centre et est européens, la Międzymorze (entre les mers), dirigée par la Pologne, fédération qui ferait tampon entre les impérialismes allemand et russe. 

Le Maréchal Józef Piłsudski en 1920


Il s’ensuivit à partir de 1919 une série de conflits frontaliers qui dégénérèrent, d’une part à partir de Février 1919, en une véritable guerre entre la Pologne et la Russie soviétique, et d’autre part à partir d’août 1920, en une guerre entre la Pologne et la Lituanie.

La guerre entre la Pologne et la Lituanie éclata lorsque les deux Etats s’affrontèrent à propos des  régions de Suvalkai et de Vilnius, à partir du 26 août 1920. Les premiers combats eurent lieu le 22 Septembre 1920. La Société des Nations (SDN) s’impliqua pour qu’il y ait des négociations et un cessez-le-feu, appelé Traité de Suvalkai (Suvalkų sutartis), fut signé le 7 octobre 1920 à minuit. Il devait prendre effet le 10 Octobre à midi. Le cas de Vilnius n’était pas explicitement abordé dans le Traité, mais la capitale lituanienne était derrière les lignes lituaniennes et abritait une garnison lituanienne. Ce n’était donc pas censé poser problème.

Le général Lucjan Żeligowski

Mais, dès le 8 octobre 1920, le général polonais Lucjan Żeligowski, à la tête de la 1ère Division Lituano-biélorusse, lança une attaque contre les unités lituaniennes de la région. La Pologne déclara qu’elle n’y était pour rien et que le général Żeligowski s’était rebellé. Cette version fut contredite ultérieurement par Piłsudski lui-même, quand il déclara, en août 1923, au théâtre de Vilnius, qu’il avait donné personnellement les ordres pour l’attaque.

Le 12 octobre 1920, le général Żeligowski proclama la République de Lituanie Centrale  et annonça la formation d’un gouvernement et la tenue d’élections le 9 janvier 1921, mais qui furent finalement reportées d’un an, au 8 janvier 1922. Les Lituaniens, la plupart des Juifs et de nombreux Biélorusses boycottèrent le scrutin.

En vert, la "République de Lituanie centrale"


Les factions polonaises qui avaient gagné les élections (il faut dire qu’elles étaient seules en lice) demandèrent le 20 février 1922 que la « République de Lituanie centrale » soit incorporé à la Pologne, ce qui fut accordé par le Parlement Polonais (le Sejm) le 22 mars 1922.  

(NB : Toute ressemblance avec des événements récents en Ukraine, notamment en Crimée, ne serait pas fortuite)

Le contentieux entre la Lituanie et la Pologne perdura pendant toute la période entre les deux guerres mondiales et cette occupation est encore bien présente dans les mémoires – notamment lituaniennes - aujourd’hui. La Lituanie ne récupérera sa capitale Vilnius que le 10 octobre 1939, après que l’Union soviétique et l’Allemagne nazie, eurent envahi et occupé la Pologne.



dimanche 5 octobre 2014

Elections législatives en Lettonie : résultats provisoires


Des élections législatives se sont déroulées hier, samedi 4 octobre 2014, en Lettonie, afin de pourvoir les 100 sièges du Parlement monocaméral, la Saeima.


Selon les résultats provisoires à 07H31 heure lettone (06H31 heure française) fournis par la Commission Centrale Electorale (http://sv2014.cvk.lv/index_rez.html), portant sur 1 000 bureaux de vote sur 1054, ont obtenu (les partis constituant la coalition actuelle sont surlignés) :
"Saskaņa" sociāldemokrātiskā partija (Centre d’Harmonie - gauche russophone) – 23,26 %

Partija "VIENOTĪBA" (Unité – centre droit) – 21,62 %

Zaļo un Zemnieku savienība (Verts et paysans – conservateurs) – 19,74 %

Nacionālā apvienība (Alliance nationale – droite nationaliste) – 16,5 %

No sirds Latvijai (Conservateurs d’Inguna Sudraba) – 6,91 %

Latvijas Reģionu Apvienība (Alliance régionale) – 6,47 %

Les 7 autres partis en lice ne dépassent pas la barre des 5 % nécessaires pour avoir des élus.



On retrouve le même cas de figure qu’en 2011, avec toutefois les sociaux-démocrates russophones du Saskaņa Centrs en baisse de 5 points, avec Vienotiba (+ 3), ZZS (+ 7) et l’Alliance Nationale (+ 3) récoltant une partie des voix du Parti de la Réforme de l’ancien Président Zatlers (qui avait fait 20,82 %) et que Sudraba n’a pas réussi à capter.

La coalition actuelle, qui totalise actuellement 57,86 % des voix, devrait donc être reconduite.  

Laimdota Straujuma, actuel Premier Ministre, et Solvita Aboltina, actuel Président du Parlement, présidente de Vienotiba