mardi 10 mars 2015

10 mars 1861 : mort de Taras Chevtchenko


Taras Hryhorovytch Chevtchenko (en UkrainienТарас Григорович Шевченко) est considéré comme le plus grand poète romantique de langue ukrainienne. Il est né le 9 Mars 1814 du calendrier grégorien, mais, pour ceux qui – comme moi – n’ont pas eu le temps d’en parler hier, il est décédé le 10 mars 1861.

Né à Moryntsi (région de Kyīv), alors empire russe, dans une famille de paysans serfs, le jeune Taras devient orphelin à l’âge de 12 ans. Il travaille et étudie chez un diacre puis, à 14 ans, il devient serviteur chez un seigneur nommé Pavel Engelhardt, avec qui il part à Vilnius à l’automne 1828. Il y restera jusqu’au début de l’année 1831. La femme d’Engelhardt, ayant distingué des dispositions de Taras pour la peinture, obtient qu’il suive les cours du peintre Yan Roustem à l'Université de Vilnius.



Suivant son maître à Saint-Pétersbourg en tant que domestique, c’est le peintre et professeur Karl Briullov qui rachète sa liberté le 5 Mai 1838. De 1838 à 1845, Taras Chevtchenko peut alors étudier à l’Académie des Beaux-arts. C’est à Saint-Pétersbourg qu’il publie en 1840 son premier recueil de poésies romantiques, Kobzar (Le Barde). En 1842, pour illustrer son poème Kateryna, il peint un tableau éponyme (ci-dessous) qui est aujourd’hui une image emblématique de la peinture ukrainienne.



Au printemps 1846, Chevtchenko adhère à la Confrérie de Cyrille et Méthode qui avait pour objectif d’abolir le servage ainsi que les privilèges de la noblesse, la promotion de la liberté de croyance, de pensée et d’expression, et plus globalement la libération de toutes les nations slaves au sein d’un Etat fédéral. La confrérie n’exista que onze mois, la dénonciation d’un étudiant mettant fin à l’existence du mouvement. Bien que l’appartenance de Chevtchenko à la Confrérie ne puisse pas être officiellement prouvée, ce fut lui qui fut sanctionné le plus durement. Le 30 Mai 1847, il fut condamné à être incorporé comme simple soldat au Régiment d’Orenbourg, le Tsar Nicolas 1er ajoutant de sa propre main « sous une surveillance très étroite avec interdiction d’écrire et de dessiner ».

Taras Chevtchenko ne fut libéré de son exil militaire qu’en 1857, deux ans après la mort de Nicolas 1er. Mais il restera sous surveillance policière jusqu’à sa mort, à Saint-Pétersbourg, le 10 Mars 1861. Des 47 ans de sa vie, Chevtchenko en avait passé 24 au servage et 10 en exil. On comprend que, plus que jamais, son nom soit le symbole du réveil de l’esprit national ukrainien face à l’oppression russe.

Initialement enterré à Saint-Pétersbourg, la dépouille du poète fut ramenée deux mois plus tard sur la colline de Chernecha Hora (Чернеча гора = la Colline du Moine), près de Kaniv (au sud-est de Kyiv) où sa tombe, proche du Dniepr / Днiпро, est devenue un lieu de pèlerinage pour des millions d’Ukrainiens.

Ceux qui connaissent Vilnius savent qu’il a sa statue sur Visų Šventujių gatvė, statue qui commémore le séjour du poète de 1828 à 1831 (ci-dessous).



A Paris, un buste, dans un square adossé à la cathédrale gréco-catholique ukrainienne St-Volodymyr, au carrefour du boulevard St-Germain et la rue des Saints Pères, rappelle le souvenir du poète national ukrainien. La diaspora ukrainienne s’y réunit régulièrement.


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