La prusse orientale en 1939, montrant le territoire annexé de Memel/Klaipeda |
La campagne de Pologne,
qui débuta le 1er septembre 1939 et dura 35 jours, vit les troupes
allemandes faire prisonniers entre 580 000 et 694 000 militaires
polonais (selon les sources). Pendant la campagne de France, qui dura elle du
10 mai au 22 juin 1940, les Allemands firent – entre autres - 300 000
prisonniers belges, mais surtout 1,5 millions de prisonniers français ! Il
fallait donc organiser le logement, le soutien et les activités de cette masse
de prisonniers.
En 1938, l’Allemagne était partagée en 15
districts militaires (Wehrkreise),
nombre porté à 19 à partir de 1942. Chaque
Wehrkreis comportera un nombre variable de camps de prisonniers de diverses
catégories, notamment :
#
Le Stalag pour Stammlager, camp pour sous-officiers et soldats
# L’Oflag
pour Offizier-Lager, camp pour les
officiers
# Le Luftlager
(Luftwaffe-Stammlager) et le Marlag (Marine-Lager), camps respectivement pour les
aviateurs et les marins
# Le Dulag
(Durchgangslager), camp de transit.
Le Wehrkreise 1, dont le siège de l’administration est à Königsberg,
correspond à la Prusse Orientale, y compris le territoire de Memel (aujourd’hui
Klaipėda), attribué à la Lituanie en 1923 mais récupéré par l’Allemagne en 1939.
Sur l’ensemble de ce Wehrkreise 1 ont été immatriculés en 1940 35 000
soldats français au Stalag 1 A et 90 000 soldats au Stalag 1 B, plus en
1941 2 500 Aspirants regroupés au 1 A.
C’est en particulier le
territoire de Memel/Klaipėda, aujourd’hui revenu à la Lituanie, qui
m’intéresse. J’y ai compté un certain nombre de camps (nom allemand / nom
lituanien):
# Oflag 53 à Heydekrug / Šilutė
# Oflag 53 (bis ?) à Pogegen /
Pagėgiai
# Oflag 63 à Prökuls / Priėkulė
# Stalag 1 C (331 C) à Heydekrug / Šilutė
# Stalag 1 D à Heydekrug / Šilutė
# Stalag 1 D/Z (Z = camp secondaire) à
Pogegen / Pagėgiai
# Stalag 1 F/Z à Prökuls / Priėkulė
# Stalag 331 à Heydekrug / Šilutė
# Stalag Luft 6 à Heydekrug / Šilutė
Selon
le site belge http://users.skynet.be/philippe.constant/stalag.html, le Stalag 1 A est
subdivisé en 22 compagnies en autant de camps ; chaque compagnie compte de
4 à 6 sections qui se subdivisent elles-mêmes en 5 à 10 « kommandos »
et chaque commando comprend 5 à 15 lieux de travail. Ce qui veut dire qu’un
Stalag comme le 1 A compte environ 10 000 lieux de travail !
Vue aérienne du camp de Macikai |
Le
décor étant planté, voilà maintenant où je voulais en venir. A l’ouest de
Šilutė, il y avait le domaine de Macikai.
Après que le territoire de Memel/Klaipėda eut été attribué à la Lituanie,
l’armée lituanienne y a loué 70 hectares et a acheté des bâtiments nécessaires
à l’installation du 7e Régiment d’Infanterie (7-asis pėstininkų Žemaičių kunigaikščio Butegeidžio
pulkas).
Lorsque le territoire est revenu à l’Allemagne en 1939, le casernement a
rapidement servi de camp pour les prisonniers polonais et est devenu le Stalag
1 C (Wikipedia en Lithuanien dit 1 A). Et, d’après le site du musée de Šilutė
http://silutesmuziejus.lt/maciku-lageris-karceris-muziejus/ , c’est en 1940 que
seraient arrivés des prisonniers belges et français.
Musée du camp de Macikai |
Or,
selon des photos, dont une association de Klaipėda est à l’origine, il y aurait
sur ce camp des stèles et plaques en souvenir de soldats allemands, canadiens,
lituaniens, polonais et soviétiques, mais pas de soldats français. Avant
d’envisager de faire apposer une plaque, l’Attaché Défense français à Vilnius
souhaiterait avoir l’assurance que des soldats français ont bien été détenus
dans ce camp.
Compte
tenu de ce qui précède (10 000 lieux de travail) et du relatif flou quant
au rattachement du camp de Macikai, on se doute que ce sera une œuvre de longue
haleine ! En conséquence, toute
information, tout lien, toute contribution (à m’adresser à moi
personnellement gilles.dutertre@gmail.com), sur la présence de soldats français à Macikai sera la bienvenue.