lundi 1 février 2016

Le Mémorandum de Budapest expliqué à M. Lavrov


Le problème de la censure d’internet dans un pays comme la Russie, c’est que même le Ministre des Affaires Etrangères n’arrive plus à être informé ……

Car, manifestement, M. Sergueï Viktorovitch Lavrov, Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie depuis le 9 mars 2004, était mal informé sur le contenu du Mémorandum de Budapest du 5 décembre 1994 quand il a déclaré, le 26 janvier 2015, répondant à une question lors d’une conférence de presse : ”Si vous faites allusion au Mémorandum de Budapest, nous ne l’avons pas violé. Il comporte une seule obligation – c’est-à-dire, ne pas utiliser d’armes nucléaires contre l’Ukraine. Personne n’a lancé une quelconque menace d’utilisation d’armes nucléaires contre l’Ukraine “ (“If you’re referring to the Budapest Memorandum, we have not violated it. It contains only one obligation—i.e., not to use nuclear weapons against Ukraine. No one has made any threats to use nuclear weapons against Ukraine.”)

Certes, la réaffirmation de la non-utilisation d’armes nucléaires contre l’Ukraine, en tant que nouveau membre (à l’époque : 1994) du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), fait bien partie du Mémorandum de Budapest, il en est même le point 5 (sur 6). 

Signature du Mémorandum de Budapest, le 5 décembre 1994

Mais M. Lavrov a manifestement oublié les 5 autres points, dont le premier : “The Russian Federation, the United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland and the United States of America reaffirm their commitment to Ukraine, in accordance with the principles of the Final Act of the Conference on Security and Cooperation in Europe, to respect the independence and sovereignty and the existing borders of Ukraine” (La Fédération de Russie, le Royaume Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et les Etats-Unis d’Amérique réaffirment leur engagement, conformément aux principes de l’acte final de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe, de respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières actuelles de l’Ukraine.

Dans la mesure où M. Poutine a reconnu (on peut même dire qu’il s’en est vanté) que ce sont des troupes russes qui se sont emparées de la Crimée et, a fortiori, que celle-ci a été annexée à la Russie suite à un pseudo référendum non reconnu internationalement, il y a clairement violation du Mémorandum de Budapest.  
Pour faire bon poids, on ajoutera que, par le point n° 2 du Mémorandum, la Russie s’engage à «s’abstenir de la menace ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance de l’Ukraine, et qu’aucune de leurs armes ne sera jamais utilisée contre l’Ukraine, sauf en cas de légitime défense ou en conformité avec la charte des Nations unies. »

Il est donc urgent de faire parvenir à M. Lavrov un exemplaire du Mémorandum de Budapest car il le connaît manifestement très mal !

Mais, suis-je bête ! Savez-vous qui était le cosignataire pour la Russie de la lettre qui adressait, le 7 décembre 1994, le texte du Mémorandum de Budapest au Secrétaire Général des Nations-Unies, M. Boutros Boutros-Ghali ? Le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations-Unies, un certain Sergueï Viktorovitch Lavrov ……

Alors, finalement, est-ce que M. Lavrov ne se ficherait pas « un peu » de nous ?

Voir également :
http://gillesenlettonie.blogspot.fr/search?updated-min=2014-01-01T00:00:00%2B02:00&updated-max=2015-01-01T00:00:00%2B02:00&max-results=50




1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Une erreur c'est glissé dans le billet "quand il a déclaré, le 26 janvier 2015" c'est 2016... et oui le temps passe !

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