vendredi 11 mars 2016

Mort et résurrection de Staline (3ème partie)


Dans mon article précédent du 9 mars (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2016/03/mort-et-resurrection-de-staline-2eme.html), je soulignais que Nikita Khrouchtchev, dans sa déclaration au XXe Congrès du PCUS le 9 février 1956, tout en condamnant Staline, mettait en avant la figure de Lénine, qualifié de « pur communiste », afin de dédouaner le Politburo, dont la plupart des membres avaient été des lieutenants zélés de Staline.

La tribune du XXe Congrès

En 1956, la direction soviétique, bientôt suivie par les dirigeants des « partis frères » communistes, désigna donc Staline comme bouc émissaire afin d’exorciser quatre décennies de crimes de masse, mais surtout afin de pouvoir continuer à profiter en toute tranquillité de leurs privilèges.

Cependant, ces accusations contre le camarade Staline, considéré jusque là comme infaillible, jetèrent un trouble profond dans le monde communiste. Les « démocraties populaires » furent parcourues de mouvements de révoltes contre leurs dirigeants installés par Staline depuis 1945, et ce furent notamment les émeutes de Poznan (Pologne) de juin 1956, l’insurrection de Budapest (Hongrie) de l’automne 1956 et le printemps de Prague (Tchécoslovaquie) de 1968.  

Budapest, 1956

Aujourd’hui, Vladimir Poutine renvoie le balancier dans l’autre sens. En effet, il accuse Lénine d’avoir « placé une bombe atomique sous la Russie ».

En décembre 1922, en amont de la création de l’URSS, deux conceptions se sont opposées : celle de Staline, qui voudrait faire adopter par le Comité central du Parti l’absorption par la République Fédérative de Russie (RSFSR) de toutes les autres Républiques, et celle de Lénine qui y oppose une fédération de Républiques possédant des droits égaux, y compris de sécession. Le 30 décembre 1922, le 1er Congrès des soviets proclame la création de l’URSS sur la base des propositions de Lénine.

Lénine

Le 2e Congrès adoptera la Constitution de l’URSS le 31 janvier 1924. Or, c’est sur cette Constitution que s’appuieront les Républiques constituant l’URSS, à commencer par la Lituanie le 11 mars 1990, pour proclamer leur indépendance en 1990 et 1991. C’est donc cette disposition, initiée par Lénine qu’aujourd’hui Poutine regrette. Ce qui entraîne que, de facto, il réhabilite Staline, le « grand manager », qui avait rétabli et maintenu l’unité de la Russie impériale, Pays baltes, Caucase et Ukraine compris.

Il n’est donc pas étonnant d’avoir vu le 5 mars dernier, date anniversaire de la mort de Staline, des files  de nostalgiques venir rendre hommage au dictateur sanguinaire sous les murs du Kremlin, avec le consentement du régime. Lequel est généralement plus prompt à arrêter le moindre manifestant agitant un drapeau ukrainien !

5 mars 2016

Il est enfin intéressant de constater que, 60 ans après le XXe Congrès du 9 février 1956, les mânes de Lénine et Staline, fondateurs du premier régime totalitaire du XXe siècle, continuent de hanter les couloirs du Kremlin et, au-delà, les cercles poutinolâtres en Europe et notamment en France.



 


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