mercredi 9 mars 2016

Mort et résurrection de Staline (2ème partie)



L’article précédent, du 8 mars (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2016/03/mort-et-resurrection-de-staline-1ere.html) évoquait in fine le rapport secret de Khrouchtchev du 25 février 1956. Que s’est-il passé ?

Le premier cercle : Mikoïan, Khrouchtchev, Staline, Malenkov, Beria et Molotov

Le 25 février 1956 matin, XXe congrès du Parti Communiste d’Union soviétique (PCUS), le premier qui se soit tenu depuis la mort de Staline, touchait à sa fin, après dix jours de séances. Une ultime séance, d’où avaient été écartées les délégations étrangères, fut convoquée de manière inopinée.

Nikita Khrouchtchev se livra alors à une démolition en règle de l’idole jusque là intouchable, Staline, devant 1 436 délégués quelque peu ….surpris !

Nikita Khrouchtchev

Khrouchtchev accusa Staline d’avoir été un mauvais communiste depuis 1935, à savoir :
    # d’avoir été un chef désastreux pendant « la Grande Guerre patriotique » ;
    # d’avoir été le promoteur du « culte de la personnalité » ;
    # d’avoir été le responsable « de perversions graves et sans cesse plus sérieuses des principes du parti, de la démocratie du parti, de la légalité socialiste » ;
    # d’avoir été responsable de la persécution de « communistes honnêtes »
    # d’avoir déporté plusieurs peuples.

Il faut dire que Khrouchtchev avait fait établir le bilan des condamnations prononcées par les juridictions d’exception de 1921 à 1953. Il était édifiant : 3,7 millions de condamnations, dont 742 980 à la peine de mort, la plupart entre 1935 et 1950.

Lavrenti Beria, chef du NKVD entre 1938 et 1953


Mais, réuni le 9 février 1956, le Politburo, dont la plupart des membres avaient été des lieutenants zélés de Staline, décida de masquer la plus grande partie des crimes du régime,  afin d’exonérer la nomenklatura, voire l’ensemble du PCUS, des exactions de 30 années de pouvoir stalinien. Furent donc laissés dans l’ombre les millions de crimes commis sous Lénine durant la guerre civile, puis pendant la collectivisation des campagnes (1929-1933), avec la création du Goulag en 1930, les fusillades de dizaines de milliers de koulaks (fermier possédant de la terre, du bétail, des outils, ….)  et la déportation de millions d’autres, et surtout la famine organisée en Ukraine, l’Holodomor (1932-1933), qui fit entre 4 et 5 millions de morts (la fourchette de 7 à 10 millions de morts a été retenue par l’Ukraine).

En guise de contre-feu, Khrouchtchev décida de relégitimer le système en mettant en avant la figure de Lénine, qualifié de « pur communiste ». 

Marx - Engels - Lénine - Staline

Il est donc intéressant de voir aujourd’hui Vladimir Poutine prendre une posture contraire, accusant Lénine d’avoir « placé une bombe atomique sous la Russie » en autorisant, du moins sur le papier, toute république de l’URSS à quitter celle-ci.

Cette réhabilitation, cette résurrection de Staline, fera l’objet d’une troisième partie.

(Le présent article a été établi à partir d’un article de Stéphane Courtois du 9 mars 2016 « Communisme : enjeu du rapport Khrouchtchev »)

(A suivre)





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