mercredi 15 septembre 2010

Bélarus: élection présidentielle le 19 Décembre 2010



Beaucoup croyaient que l’élection présidentielle au Belarus allait avoir lieu le 6 Février 2011. C’était lire un peu rapidement (…) la Constitution bélarusse qui fixe que les élections doivent avoir lieu au moins deux mois avant la fin du terme du Président (6 Avril 2011).
Et justement, la « Chambre des Représentants » bélarusse a décidé hier, 14 Septembre, à la touchante unanimité des 108 présents, que les élections se tiendraient le 19 Décembre 2010. J’étais de ceux qui pensaient que les dites-élections auraient lieu plus tôt que le terme fixé. Car les nuages se sont accumulés ces derniers temps au-dessus d’Alyaksandr Lukashenka, dont la réélection pourrait ne pas être aussi tranquille que les précédentes.

Tout d’abord, parce que la lune de miel entre la Russie et le Belarus semble bel et bien terminée (voir à ce sujet mon post http://gillesenlettonie.blogspot.com/2010/07/la-russie-en-t-elle-marre-de-lukashenka.html). Au menu du contentieux : la non-reconnaissance par le Bélarus de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud ; l’asile donné par le Bélarus au Président du Kyrgyzstan, Kurmanbek Bakiev, renversé avec – au moins – l’accord de la Russie ; une nième guerre gazière en Juin. Avec des effets collatéraux comme une guerre médiatique assez violente entre les deux Etats et un cocktail Molotov dans la cour de l’Ambassade de Russie à Minsk. Même la mort du journaliste Aleh Byabenin, dont le procureur n’exclut plus désormais que ce puisse être un assassinat, pourrait avoir un rapport.   
Cette escalade fait penser avec insistance que la Russie pourrait revoir à la hausse en Janvier le prix de vente de son gaz au Belarus. De son côté, Lukashenka a promis d’augmenter à la fin de l’année le salaire moyen de 430 US$ à 500 US$, ce qui ne serait plus possible avec un prix du gaz qui se serait plus un prix d’ami. La seule « fenêtre de tir » pour Lukashenka était donc la fin de l’année.  
En outre, cette programmation de l’élection plus tôt que prévu va gêner les candidats d’opposition qui, à partir du 30 Septembre, devront collecter 100 000 signatures. Il y a actuellement 10 candidats déclarés, sachant qu’Alyaksandr Milinkevich, le plus connu à l’Ouest, réserve sa réponse jusqu’à la fin de la semaine. Un autre candidat, Andrey Sannikau, pourrait bénéficier de l’émotion causée par la mort du journaliste Aleh Byabenin, surtout s’il s’agissait d’un assassinat, qui était un membre actif de son équipe de campagne. 

Il est vraisemblable que, échaudée par les élections en Ukraine en 2004, la Russie n’interviendra pas directement dans la campagne. Mais si, comme on lui en prête l’intention, elle protestait de concert avec les Etats-Unis, l’Union Européenne et l’OSCE en cas de réélection de Lukashenka, ce serait une première !  


  

6 commentaires:

  1. La réelection d’Alyaksandr Lukashenka fera au moins un heureux à l'étranger : la Lituanie, dont la priorité en la matière n'est pas du tout l'instauration de la démocratie au Belarus mais la préservation de son indépendance. Et en la matière le contentieux entre le Belarus et la Russie a tout pour plaire.

    Pour ceux qui en douteraient, voici l'interview en anglais du ministre de la défense lituanien au sujet de la coopération avec le Belarus :
    http://www.lithuaniatribune.com/2010/09/13/lithuania-would-like-belarus-to-join-nato/

    RépondreSupprimer
  2. Indeed, but ....Je vois mal le Belarus integrer l'UE et l'OTAN, comme Jukneviciene l'appelle de ses voeux, avec Lukashenka a sa tete.

    Car faire du commerce bilateral avec le Belarus est une chose. Mais pour le faire entrer dans nos associations, il y a 26 (UE) ou 27 (OTAN) partenaires a convaincre !

    Ceci dit, entre deux Etats specialistes des coups fourres et ou le KGB/FSB tient le haut du pave, ces elections peuvent etre interessantes et reserver des surprises.

    RépondreSupprimer
  3. A titre personnel, je m'interroge, quand Jukneviciene parle du Belarus rejoignant l'UE où l'OTAN, sur ce qu'elle a bien pu fumer... ^^

    En revanche, les projets communs visant l'indépendance énergétique et une coopération militaire sont de loin les plus réalistes. On pourrait même espérer de ne pas revoir des exercices de type Zapad-2009. Et pour cela Lukashenka est encore le meilleur candidat, car lui au moins il est connu.
    Or, les candidats de l'opposition, même pro-occidentale, n'ont jamais tenu les rênes du pouvoir. Et le scénario catastrophe serait une nouvelle révolution orange et l'échec à la présidence de Youtchenko

    RépondreSupprimer
  4. "On pourrait même espérer de ne pas revoir des exercices de type Zapad-2009": pour avoir un peu connu le sujet dans une vie anterieure, je ne vous le fais pas dire ..... Le theme de ce Zapad m'a rappele le "bon vieux temps", quand je commandais un escadron de chars (de l'autre cote) face a la trouee de Fulda. Mais c'etait il y a longtemps, treeeeees longtemps !

    RépondreSupprimer
  5. En tout etat de cause le Belarus sera Europeen avec ou son Luka...

    RépondreSupprimer
  6. Pour y etre alle, le Belarus est d'ores et deja europeen, ne serait-ce que par ses 500 et quelques annees d'histoire commune avec la Lituanie. Et que, comme en Ukraine, on se sent indubitablement en Europe (ce qui, au passage, n'est pas le cas en Turquie)

    Vous voulez sans doute dire qu'il rejoindra l'Union Europeenne. Ca se fera sans conteste un jour, lorsque cet Etat respectera les valeurs qui nous sont communes. Mais quand on voit que, deja,il est au ban du Conseil de l'Europe depuis 1997, ca risque de demander du temps.

    RépondreSupprimer