dimanche 3 avril 2011

Les aventures extraordinaires de Jean-Baptiste Barthélemy de Lesseps

Dans la famille de Lesseps, on connait surtout Ferdinand (1805 - 1894), initiateur des canaux de Suez et de Panama. Mais le grand-père de Ferdinand, Martin de Lesseps (1730 – 1807), a été le fondateur d’une véritable dynastie de diplomates puisque, de 1750 à la fin du XIXe siècle, c’est une dizaine de ses descendants qui embrasseront la Carrière. Parmi eux je parlerai aujourd’hui de son fils ainé, Jean-Baptiste Barthélemy de Lesseps (1766 – 1834 – ci-dessous), qui a eu une vie quelque peu active, ayant un rapport ténu avec la Lettonie.

Né à Sète, l’enfance de Barthélemy se passe à Hambourg et à Saint-Pétersbourg où son père Martin était Consul Général. A 12 ans, il parlait Français, Russe, Allemand et Espagnol. Il entre dans la carrière diplomatique en 1783 comme vice-consul à Cronstadt, port et forteresse au large de Saint-Pétersbourg ; calculez bien : il n’a alors que 17 ans !

A la fin de l’hiver 1784-1785, son père l’envoya porter des dépêches à Versailles. En chemin, à Riga, il croise le comte Louis-Philippe de Ségur qui allait prendre son poste d’Ambassadeur de la Couronne de France à Saint-Pétersbourg (de 1785 à 1789). Le jeune Barthélemy se trouve à Versailles alors que s’y organise l’expédition de Lapérouse, chargée par Louis XVI de faire le tour du monde, et il y est engagé en tant qu’interprète de Russe. Après un long voyage par le cap Horn, Hawaï, l’Alaska, la Sibérie, la Chine et jusqu’en Australie, l’expédition maritime disparaîtra corps et biens à Vanikoro, aux iles Salomon, en 1788.

Mais, alors que l’expédition se reposait au Kamtchatka, (Septembre 1787), son chef, Jean François de Galaup, comte de La Pérouse envoie Barthélemy de Lesseps porter par voie de terre, à travers la Sibérie (cf. parcours ci-dessous), les études, dessins et spécimens déjà recueillis, car il n’a plus besoin de son interprète de Russe. Cette décision sauvera Barthélemy de Lesseps qui sera le seul survivant de l’expédition.

L’extraordinaire mission de Barthélemy de Lesseps est bien connue grâce à son Journal historique du voyage de M. de Lesseps, consul de France, employé dans l'expédition de M. le comte de la Pérouse en qualité d'interprète du roi ; depuis l'instant où il a quitté les frégates Françaises au port Saint-Pierre et Saint-Paul du Kamtschatka jusqu'à son arrivée en France le 17 octobre 1788 (ouf !), publié en 1790. Il quitte l’expédition le 29 Septembre 1787 et ne remet les paquets entre les mains du comte de Ségur à Saint-Pétersbourg que le 29 septembre 1788. Il continuera son périple jusqu’à Versailles, via Riga, Königsberg et Berlin. Il arrivera à la Cour le 17 Octobre 1788, et il sera présenté au Roi Louis XVI le même jour, lequel Roi le traitera comme un héro. Il repart alors à Cronstadt en tant que consul, ce qui lui épargnera les affres de la Révolution.

Il est nommé en 1794 secrétaire d’Ambassade à Constantinople, où son beau-père est en poste, tout en restant consul à Cronstadt. L’expédition d’Egypte (1798 – 1801) et la rupture des relations diplomatiques avec la Sublime Porte lui valent ainsi qu’à sa famille trois ans d’internement aux Sept-Tours (Yedikule, forteresse de la muraille de Constantinople, où il ne fut pas le seul Français à être enfermé à l’époque, le sultan leur ayant refusé, sur l'insistance des représentants anglais à sa cour, de rester prisonniers sur parole, comme c'est l'usage dans le monde diplomatique, dans le palais de l'ambassade de France que les Anglais s'étaient eux-mêmes approprié).

La paix lui permet de revenir en France et, en 1802, il peut enfin regagner Saint-Pétersbourg. Il y est chargé des relations commerciales et plus particulièrement de l’approvisionnement de la marine. Expulsé en 1806, il repart à Saint-Pétersbourg l’année suivante et y reste jusqu’en 1812. Ayant alors rejoint la Grande Armée, Napoléon le nomme en Septembre intendant de la ville et de la province de Moscou. Il a pour collègue, intendant de Vitebsk et de Mohilev, un dénommé Henry Beyle, dit Stendhal.

A la chute de l’Empire, il offre ses services à Louis XVIII. Mais le tsar Alexandre 1er, qui ne pouvait pardonner l’épisode « intendant à Moscou », le refuse comme ambassadeur. En 1815, après les Cent Jours, il est donc nommé chargé d’affaires à Lisbonne, où il obtient dix ans plus tard une place d’attaché pour son neveu Ferdinand (le futur constructeur du canal de Suez). Barthélemy passera les 20 dernières années de sa vie à Lisbonne où il décèdera le 6 Avril 1834, à l’âge de 68 ans.


Barthélemy de Lesseps sur son traineau en Sibérie





1 commentaire:

  1. Amazing voyage. Perhaps the ancestor of a later Ingenieur Lesseps, who built Trans Siberian railway.

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